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Solidarité avec les militants calaisiens inculpés

Publie le lundi 11 juin 2007 par Open-Publishing
3 commentaires

Si vous êtes convaincus que les poursuites engagées contre les militants de Calais (audiences des 13 et 14 juin à Boulogne-sur-Mer ) valent que vous témoigniez en leur faveur, ci-dessous les noms des victimes et la nature des accusations portées à leur encontre

Chefs d’inculpation et inculpés

1) "Complicité du délit de diffamation publique envers une administration ou un corps de fonctionnaires" :

- Jean-Pierre Leclercq, Pierre Peenaert et son fils Denis, pour avoir fait paraître un article sur le site de Salam, en ce qui concerne la grande rafle de juin 2004.

- Vincent Lenoir, pour avoir fait paraître plusieurs photographies des personnels des forces de l’ordre .

2) "Complicité de diffamation publique et d’injures publiques" :

- Marie-Noëlle Gues, pour divers articles publiés sur Indymedia Lille, sélectionnés de mai à juillet 2004, et pour un article sur la grande rafle de juin 2004.

3) "Diffamation publique" :

- Clément Jobart, responsable du site Indymedia Lille en 2004, pour la publication d’écrits et d’images concernant la grande rafle de juin 2004.

Nota : Pour tous les faits incriminés, selon le parquet, les propos des uns et des autres "comportent des allégations ou imputations de fait portant atteinte à l’honneur ou à la considération de fonctionnaires publics, en l’espèce les fonctionnaires du corps de CRS ayant participé à l’interpellation de réfugiés ou étant intervenus sur la zone portuaire de Calais".

Messages

  • mon commentaire ayant "disparu" sur Indymédia Paris (l’article a été caché depuis), je le reproduis ci-après

    "pas très heureux, de publier ça, alors qu’Indymédia Lille fait "profil
    bas"

    lire la liste de discutions
    http://lists.indymedia.org/pipermail/imc-france-lille/2007-June/0610-w8.html

    Et pour un procès qui se déroule les 13 et 14 juin, c’est un peu tard ,
    et ça fait récup quand on publie anonymement

    Marie Noelle continue à se battre, désespérément, déterminée"

    P. Bardet


    2 jours avant, alors que l’info tourne depuis 2 ans...(la mise en examen date de 2005)

    les audiences sont à 13h30, TGI Boulogne/mer (62)

    voir le dernier article de Marie Noëlle, sur Indy Lille, qui explique très longuement la situation Calaisienne, et revient sur un article de Jean-Pierre Alaux, du GISTI, à propos de la discrétion autour du procès de 6 militants, le 14 juin

    elle conclut en ces ces termes

    Tous ceux qui pensent que les réfugiés sont la conséquence des politiques des pays riches de pillage et d’entretien de la guerre civile

    Tous ceux qui pensent que les travailleurs sont une richesse et non un fardeau inutile quand ils sont vieux ou au chômage

    Tous ceux là peuvent venir me soutenir saus arborer de pitié que je n’éprouve ni pour les réfuqiés ni pour moi. Je ne suis ni innoncente ni coupable et ne souhaite pas devenir martyr

    Je suis l’un des soldats sans chef

    • voici l’article de Marie-Noëlle, en respectant tant bien que mal la mise en page

      Tri humanitaire : la solidarité a ses limites

      Patrice Bardet


      Tri humanitaire : la solidarité a ses limites

      Jean-Pierre Alaux, du GISTI, dans un article précédent, s’étonnait de la dangereuse discrétion autour du procès des 6 militants, le 14 juin, TGI de boulogne. Pas de réunion de presse, pas de grandes déclarations enflammées montrant la honte d’un pouvoir qui s’en prend aux défenseurs des opprimés.

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      Auto-émulation En mai, juin, juillet 2004, nous avions formé sans nous entendre réellement, un groupe de témoins photographes pour repousser les interventions des CRS contre les réfugiés au moment des repas. Calais était devenu pour les policiers un endroit invivable car susceptible de diffuser les images de leur violence. Les réactions envers les possesseurs d’appareil-photo conduisirent les CRS, d’abord à surveiller avant les interventions la présence ou non de témoins, à molester un patron de café en 2006, puis à arrêter un journaliste local, en 2007. Les policiers étant persuadés que nous formions une ligue contre eux.

      Peur sur la ville A la suite de la diffusion de la rafle du mois de juin 2004, le préfet du Pas de Calais a lancé sa fatwa. Les sites ont été repérés et l’instruction lancée. La mise en examen de certains d’entre nous en 2005, freina les prises de vue des policiers en action. Et je me retrouvais à continuer quotidiennement le travail de surveillance. Je pensais de mon côté qu’il était illusoire d’espérer un arrêt des poursuites engagées en échange d’un arrêt de la surveillance des policiers. Le donnant donnant ne peut pas exister entre eux et nous.

      Pourquoi donc cette "discrétion" ?

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      Depuis l’origine, deux grands courants se sont affrontés : la ligne politique et la ligne humanitaire.

      La liberté de circulation et d’installation et/ou le soutien purement humanitaire, sous-entendu sans politisation.

      La vieille tactique de la négociation

      De l’opposition virulente suscitée par la fermeture du centre de Sangatte, le Collectif qui en était apparu s’est modifié petit à petit, laissant uniquement les purs humanitaires se charger du "problème" posé de la présence d’une masse importante de pauvres étrangers dans nos rues.

      Le travail de CSUR consiste à nourrir quotidiennement les réfugiés, à leur trouver des vêtements, à les orienter vers des structures médicales et à aider les demandeurs d’asile à déposer leur demande auprès de la préfecture.

      Le collectif CSUR bien organisé et composé de nombreux membres, s’est présenté comme le seul collectif à qui l’on devait s’adresser. Les médias ont compris depuis longtemps et les consultent régulièrement. Les organisations extérieures à Calais ne s’adressent également qu’à CSUR.

      Du point de vue diffusion militante, le discours restait très charitable et les tracts se terminaient invariablement par un appel aux dons.

      Jamais il ne fut question de soulever le problème du gouvernement anglais qui fermait ses frontières, ni du respect de la convention internationale de Genève sur les droits d’asile. Le rejet de tout ce qui est politique, tout en demandant à la mairie de Calais de devenir un organisme humanitaire, a provoqué l’exclusion de toute forme de lutte politisée. Les seules manifestations instaurées chaque premier vendredi du mois, s’intitulaient "SOLIDARITE AVEC LES REFUGIES" et on se demandait bien en quoi on devait se sentir solidaire, puisque les réfugiés n’exprimaient rien.

      En janvier 2006, les représentants du Secours catholique et de Salam ont parlementé avec le sous-préfet de Calais. Deux semaines auparavant, ce dernier supervisait une rafle de tous les présents, au repas du soir (en prévenant au préalable les humanitaires, la larme à l’oeil, tout de même).

      Pourtant, l’une des composantes de CSUR, le groupe SALAM, beaucoup plus actif et revendicatif, s’est retrouvé maintes fois au tribunal, l’objectif du pouvoir étant de saborder cette organisation plus politiquement engagée dans l’humanitaire. Plusieurs de ces militants se retrouveront au TGI ce jeudi 14.

      Les manoeuvres du sous-préfet sont claires et visent à faire taire les indignations humanitaires, un marchandage qui peut parfois coûter cher pour la défense des droits des réfugiés. Mais qui parle de réfugiés ? Ils sont devenus de simples migrants, rangés dans la masse des pauvres étrangers qui se sont fourvoyés. Et un énième discours de propagande traversa les rangs : peu de réfugiés sur Calais était de véritables réfugiés. Sans les connaître, comment peuvent-ils le deviner ?

      Ligne politique

      La Mouette Enragée, les Sans papier de Lille, Passons-nous des Frontières et le petit collectif de luttes syndicales que nous formions au départ, ont bien tenté de faire entrer la politique dans le groupe des humanitaires.

      De la lutte pour les papiers en France à la lutte pour le passage légal, chacun a agi avec l’objectif politique de la liberté de circulation et d’installation.

      Si cette lutte est une lutte extrêmement difficile dans le contexte actuel de dévalorisation du travailleur et d’un chômage de masse provoqué par le patronat, en ce qui concerne les réfugiés, il semblait aisé, pour ma part, de promouvoir leur qualité et prétendre au passage légal.

      A Calais, tout a été différent

      Petit jeu entre les humanitaires, les élus et le sous-préfet

      Sans revendication politique, les humanitaires ont eu à faire front aux reculs de tous les partis politiques censés défendre les droits de l’homme parallèlement à la répression discrète de notre ami le sous-préfet de Calais.

      Paradoxalement, l’UMP de Calais, en la personne de Natacha Bouchard, n’a jamais été attaquée sur les innombrables atteintes aux droits de l’Homme commanditées par Sarkozy, son Gourou.

      Travail politique de terrain

      Pour prendre au piège toutes les forces en présence qui larmoyaient sans arrêt sur la condition des réfugiés, victimes de méchants passeurs, je m’étais décidée en 2004 à tenter d’organiser les réfugiés eux-mêmes, sur leurs droits reconnus par la convention de Genève, le droit à ne pas rester dans les rues de Calais, par exemple, à la merci de policiers qui n’aiment pas toujours courir ou comme mendiant auprès d’organisations caritatives. Le corridor humanitaire façon Sarkozy est parsemé de morts avant de s’étrangler à Calais.

      Ce travail politique de rappel des droits nécessitait une présence constante car le milieu des réfugiés est un milieu extrêmement précaire : installer des repères était vital pour une bonne organisation. Et cela necessitait également de montrer aux réfugiés comme à la population calaisienne toute l’illégalité de contrôles répétés, de chasse à l’homme et bien entendu de brutalités sur des hommes affaiblis par leur fuite et l’absence de droits.

      Les occasions de mobiliser les réfugiés sur leur droits ont été à l’initiative exclusive des réfugiés eux-mêmes : grève de la faim des soudanais en novembre 2004. Puis, après le passage mortifère de Sarkozy en octobre 2005, Akash, un jeune pakistanais a réussi à mobiliser toutes les nationalités sur les papiers en France ou le passage en Angleterre.

      akash-2-159x122.gif Son travail "politique" auprès des autres réfugiés fut très vite combattu par les représentants humanitaires et le sous-préfet de Calais. Arrestation en préfecture d’Arras, deux tentatives d’expulsion, filature dans les rues de Calais par les CRS et les gendarmes. Mais nous avions réussi néanmoins à poser le problème devant les partis politiques majoritaires et à ouvrir un terrain de lutte sur lequel ils auraient pu s’inclure.

      Versant abrupt policier

      Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les CRS mettent dans le même sac les humanitaires et tout ce qui a l’allure d’ un embryon politique. Pas de tri chez eux, ils sont là pour réprimer. Le sous-préfet a dans son viseur ce qui empêche une sainte croisade anti-réfugiés et anti-jeunes pauvres.

      Refuser la présence des CRS sur Calais, c’est reconnaître les droits des réfugiés à la protection et non à la répression

      Sans_titre_2-7-237x250.gif Avec la convention de Genève en poche, nous sommes censés nous opposer à tout ce qui ne respecte pas cette convention internationale.

      La police française courant après des étrangers, ne peut pas être notre police.

      L’Etat français donnant des ordres de destruction des affaires par le feu, l’eau, de gazage de nourriture, de coupure du seul point d’eau potable, de rafles avec chiens, de contrôles au faciès, ne peut pas être notre Etat.

      _

      Isolement de ma petite personne

      L’affrontement avec toutes ces forces et mes soutiens aux réfugiés en lutte, ont poussé le groupe humanitaire, dès le départ de mes activités, à me combattre ou à m’ignorer. J’ai tenu le choc, malgré 3 diffamations dans les journaux locaux, 6 gardes à vue, 2 mises en cellule de dégrisement, des poursuites de CRS dans la nuit sans sommation, 3 véritables agressions physiques avec dépôt de plaintes et des insultes.

      Les activités d’apparence anti policière sont des activités politiques de lutte pour les droits humains. Nous n’avons pas à respecter la haine, même si elle est votée par 42% des inscrits. Si en 2004, il était révoltant de chasser du réfugié, en 2005, 2006, 2007, ces actes policiers sont encore révoltants. La révolte ne s’éteint pas avec la répétition des faits ou des accords sur les conditions humanitaires.

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      Tous ceux qui pensent que les réfugiés sont la conséquence des politiques des pays riches de pillage et d’entretien de la guerre civile Tous ceux qui pensent que les travailleurs sont une richesse et non un fardeau inutile quand ils sont vieux, handicapés ou au chômage Tous ceux-là peuvent venir me soutenir sans arborer de pitié que je n’éprouve ni pour les réfugiés ni pour moi. Je ne suis ni innocente ni coupable et ne souhaite pas devenir martyr. Je suis l’un des soldats sans chef

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      marie noëlle gues

  • message de l’association SALAM, le 10 juin

    Patrice Bardet


    Des militants en procès le 14 juin à Boulogne sur mer

    En 2004, des CRS étaient intervenus au cours d’une distribution de repas du soir de l’association SALAM, ceinturant tout le quartier et arrêtant un très grand nombre de migrants.

    Plusieurs des bénévoles présents ce soir là ont témoigné sur internet de ce qu’ils ont vu.

    C’est justement ce que le Ministre de l’Intérieur de l’époque, Dominique de Villepin, leur reproche !

    Ils sont donc convoqués jeudi 14 juin prochain à 13h30 au TGI de Boulogne sur mer.

    Soignons nombreux à les y soutenir.