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Studia matres repetitionis sunt.

Publie le dimanche 7 mars 2010 par Open-Publishing
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Le samedi 16.01.2010, la Fédération syndicale étudiante publiait un article intitulé "Les grandes écoles ne sont que des lieux de reproduction sociale, Fermons les !".

Pour replacer les choses dans leur contexte, cet article faisait suite à la proposition de V. Pécresse d’instaurer des quota sur le nombre de boursiers dans les grandes écoles (30%). Il est peut-être utile de rappeler que V. Pécresse est issue d’HEC, école facturant des frais de scolarité allant de 8700euros la première année à 12 900euros les deux années suivantes (source : http://www.hec.fr ).

Visionnaire, P. Bourdieux écrivait avec J.C. Passeron dans "Les héritiers" en 1964 : "C’est ainsi que les mécanismes qui assurent l’élimination des enfants des classes inférieures et moyennes agiraient presque aussi efficacement (mais plus discrètement) dans le cas où une politique systématique de bourses ou d’allocations d’études rendrait formellement égaux devant l’Ecole les sujets de toutes classes sociales ; on pourrait alors, avec plus de justifications que jamais, imputer à l’inégalité des dons ou à l’aspiration inégale à la culture la représentation inégale des différentes couches sociales aux différents niveau d’enseignement."(...) "Mieux, l’égalité formelle des chances étant réalisée, l’Ecole pourrait mettre toutes les apparences de la légitimité au service de la légitimation des privilèges".

Rappelons d’abord quelques chiffres.

Tableau en accès libre dans un rapport de la CGE :
http://www.cge.asso.fr

Rappel : la CGE, est actuellement présidée par Pierre Tapie, DG du groupe ESSEC, école à l’initiative du programme "Une grande école pourquoi pas moi", qui facture sa scolarité pour un total de 32 700 euros (source : http://mba.essec.fr ).

Extrait du rapport "Repères et références statistiques" disponible sur :
http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr

Les chiffres sont criants et montrent que ces inégalités ne sont pas seulement le fait des grandes écoles mais également des universités. Plus généralement, ces résultats sont le fruit d’un système scolaire qui depuis le cours préparatoire agit en faveur des classes aisées à travers ses critères de jugement. Critères, dont le culte du "doué" est l’exemple le plus flagrant, qui sont étroitement corrélés au capital culturel hérité et sont responsables de la répétition des injustices. "La répétition est mère des études" dit la locution mais depuis trop longtemps le système scolaire s’est fait père de la reproduction des inégalité sociales.

Le faux-débat sur les grandes écoles mérite donc une attention tout aussi grande et devrait plutôt aboutir à une remise en question du système scolaire en général et des moyens que l’on se donne pour une répartition équitable des richesses culturelles. Etêter l’édifice éducatif, est-ce donc la vraie manière de vaincre ces injustices ?

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