Sur le verdict du DHKP-C

A propos du procès DHKC

1. Le Secours Rouge/APAPC se réjouit sans réserve que les militants et sympathisants du DHKC soient sortis libres du tribunal d’Anvers. Nous avons contribué dans la mesure de nos moyens à la campagne contre ce procès, et ce n’est pas souvent (tant les forces de la solidarité de classe sont faibles) qu’un engagement se termine d’aussi heureuse manière. Outre la liberté des camarades, nous nous réjouissons que l’interprétation très restrictive, faite par le tribunal, de la loi anti-terroriste, gênera un peu la politique de contre-révolution préventive sur le plan juridique. Nous ne nous faisons pas beaucoup d’illusion sur la pérennité de cette jurisprudence (et il y a encore possibilité de cassation), mais en toute hypothèse, il vaut mieux cela que le contraire…

2. Une des seuls moyens d’actions pour les forces de la solidarité de classe, dans ce genre d’affaire, consiste à exploiter les contradictions de l’ennemi. Au premier chef, la contradiction entre la réalité de sa dictature de classe et les dispositifs « démocratiques » par lesquels la bourgeoisie gère les contradictions sociales et par lesquels elle justifie son régime d’exploitation et d’injustice. Exploiter ces contradictions, cela peut signifier montrer, à l’occasion de manifestation répressives du régime, l’artificialité de son caractère démocratique. L’utilité pour le régime de sa façade démocratique peut alors l’amener à faire marche arrière en considérant qu’il a plus a perdre en voyant sa façade démocratique écornée qu’à « lever le pied » sur le front de la répression. Exploiter ces contradictions, ce peut signifier profiter des luttes entres les fractions bourgeoises. Entre les appareils jaloux de leurs pouvoirs et de leurs prérogatives, entre les coteries se disputant les prébendes, etc.

3. Nous ne savons pas (et peu de personnes savent) tous les grenouillages juridico-politiques bourgeois qu’il y a derrière le jugement d’Anvers. Nous ne savons pas si les magistrats ont voulu manifester leur indépendance pour préserver leurs rôles et leurs privilèges. Nous ne savons pas si la droite flamande a fait pression pour emmerder Onkelinx (on n’emmerdera jamais assez Onkelinx). Nous ignorons tout des calculs et règlements de compte qui sous-tendent ce jugement.

4. Mais nous ne nous faisons aucune illusion quant à sa portée. Quand, à la lecture du verdict, un zozo s’est exclamé « Vive la séparation des pouvoirs ! », un camarade a aussitôt mis les choses au point par un sec « Et pourquoi pas « Vive le roi ! », imbécile ! ». Il n’y a pas de « séparation des pouvoirs ». La magistrature, les businessmen, les directeurs de presse et les politiciens forment une seule et même classe. Cette classe est pourrie de contradictions entre fractions concurrentes, et peut être divisée sur le meilleur moyen d’assurer la pérennité de son pouvoir (des lignes les plus « démocratiques » aux lignes les plus « répressives »), mais elle retrouve son unité dès qu’elle sent son pouvoir réellement menacé. La libération de nos camarades n’est pas une « victoire de la démocratie » : c’est la démonstration que certains secteurs de la bourgeoisie sont encore soucieux de la façade démocratique qui lui permet d’asseoir très économiquement son pouvoir. Ce qui, au regard de la toute puissance du pouvoir bourgeois et des collaborations dont il bénéficie dans la petite-bourgeoisie dès qu’il se présente sous ses apprêts « démocratiques, n’est pas un si mauvais calcul.

5. Nous espérons que la solidarité de classe se développe pour qu’enfin, elle puisse agir à travers le rapport de force prolétariat/bourgeoisie au lieu de bricoler dans l’exploitation des contradictions entre cliques d’exploiteurs. Le Secours Rouge/APAPC, en tout cas, travaillera en ce sens.