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Sur une étrange absence de soutien

Publie le jeudi 10 novembre 2005 par Open-Publishing
8 commentaires

Pourquoi les illégalismes commis par de multiples mouvements sociaux nous paraissent ne pas devoir faire l’objet de poursuites judiciaires, alors que ceux commis par les prétendus "émeutiers" ne reçoivent, pour le moment, aucun soutien de ce genre ?

Quand les postiers de Bègles commettent des actes illégaux dans leur lutte légitime en séquestrant leur supérieur hiérarchique, nombreux sont les acteurs du mouvement social qui les soutiennent, demandent l’abandon des poursuites ou appellent les juges à la clémence.

Quand les lycéens commettent des actes illégaux dans leur lutte légitime, en cadenassant l’entrée de leurs bahuts, nombreux sont les acteurs du mouvement social qui les soutiennent, demandent l’abandon des poursuites ou appellent les juges à la clémence.

Quand les marins de la SNCM commettent des actes illégaux dans leur lutte légitime en détournant un navire, nombreux sont les acteurs du mouvement social qui les soutiennent, demandent l’abandon des poursuites ou appellent les juges à la clémence.

Mais quand la lutte n’est pas tout à fait ce qu’on croit qu’elle devrait être, quand il n’y a ni porte-parole, ni orga, quand ce sont les plus déshérités des dépossédés -parce que dépossédés même de la capacité à se doter de porte-parole et d’organisations- qui commettent des actes illégaux, on a beau reconnaître que leur colère est légitime, on a beau entendre, dans les bribes d’interviews que nous en proposent les journalistes, que leur discours est plus et mieux politisé, plus lucide que celui d’une bonne part de nos élus, personne ou presque (à l’exception des indigènes de la république, dans un récent communiqué) ne les soutient, ne demande l’abandon des poursuites, ni n’appelle les juges à la clémence. (L’article de Dominique Simonnot, paru mercredi 9 novembre dans Libé, a pourtant la vertu de nous informer clairement du genre de "justice" qui est en train d’être rendue pour cette série de cas.)

J’aimerais bien qu’on m’explique cette petite incohérence. Je crains qu’elle soit beaucoup plus difficile à justifier qu’il n’y paraît.

J’étais tout à l’heure, de 17 heures 30 à 19 heures, à Bobigny : au tribunal de Grande instance, où comparaissent les prévenus ; je n’ai pas vu un militant, pas un tract. Cent mètres plus loin, devant la préfecture : plusieurs centaines de personnes rassemblées pour protester contre l’état d’urgence.

Il me semble qu’il faut immédiatement rectifier cette stratégie, ou cette absence de stratégie. Nous ne pouvons pas laisser ces adolescents et jeunes adultes sans soutiens devant la justice.

Il serait évidemment absurde et falsificateur d’en conclure que j’appelle à cautionner tous les actes commis durant les prétendues "émeutes". Mais l’attitude actuelle des acteurs du mouvement social revient, de fait, à un blanc-seing donné à l’institution judiciaire, qui elle-même ne statue pratiquement que sur des rapports de police, pour cette série d’affaires. Par conséquent, la question est : faut-il donc TOUJOURS faire une confiance TOTALE à la police, dès lors que les gens interpellés viennent des cités et ne sont ni syndiqués, ni membre d’associations progressistes ?

Je doute, pour diverses raisons, que ce soit la bonne approche.

Messages

  • Je suis d’accord pour un immense rassemblement de soutien à cette jeunesse, surtout après avoir vu des témoignages qui démontrent bien à quel point ils ont été "poussés à bout" par une certaine police vichyssoise.

    Celà fait partie d’un plan d’embraser le pays en se servant de cette jeunesse déshéritée pour avoir tout loisir de nous installer une dictature.

    Je reste une irréductible : "Une injustice faite à l’un est une menace pour tous !’

    Puisqu’ils n’ont pas de porte-paraole, que la France profonde réagisse (j’en suis) dans un mouvement de solidarité nationale. Je sens que celà vient, nous sommes de plus en plus nombreux à nous indigner

    Ces jeunes qui se révoltent sont "LA FRANCE de DEMAIN", ce sont nos enfants...

    Et nous nous devons de les protèger

    Celà permettra de retrouver, à l’échelle mondiale, l’image que la FRANCE vient de perdre de pays de la LIBERTE et des DROITS de l’HOMME

    Je suis partante

    Merci pour votre message

    Michèle

  • Manifestations contre l’état d’urgence, ce jour, en France...

    mercredi 9 novembre 2005

    J’ai reçu ces quatre communiqués. Je vous les communique. Si vous êtes au courant d’autres rendez-vous, dans d’autres villes, et que vous voulez l’annoncer sur altermonde, n’hésitez pas à signaler les heures et lieux de manifs comme si vous répondiez à l’article.

    Merci

    Saint Etienne : rassemblement de protestation ce mercredi soir 9 novembre à 17h30 devant la Préfecture.

    Rennes : Mercredi 9 novembre à 18h00 - Métro Le Blosne

    Bobigny : RASSEMBLEMENT UNITAIRE ce MERCREDI 9 novembre de 18h à 20h sur le parvis de la préfecture de Bobigny

    Lyon : Devant la préfecture à 18h

  • Ces réactions à mon texte me font savoir que l’opinion que j’exprime est partagée. Cela me rassure, merci bien de m’avoir répondu.

    Il faut impérativement que nous fassions connaître notre point de vue, rapidement, à haute et forte voix, autour de nous, sur les listes de diff, etc. Surtout, que nous soyons présents aux audiences des jeunes jugés en comparution immédiate, pour les soutenir, pour raconter les procès sur les listes de diff et les sites comme Bellaciao, pour dire à ces jeunes et à leur entourage que nous faisons notre possible pour briser leur isolement face à l’institution judiciaire.

    Il y a deux problèmes avec le message précédent annonçant les rendez-vous de rassemblement :
    a) ce sont des appels à protester contre le couvre-feu, non des appels à la clémence des juges, encore moins à la libération immédiate des prévenus ;
    b) ces rendez-vous datent d’hier.

    Il y a un rendez-vous devant la mairie de Saint-Denis ce soir jeudi, 18 heures. Je crains qu’encore une fois on n’y ait prévu aucun soutien pour les jeunes prévenus.

    Quand à la manif du 11 novembre sur les champs élysées, vu les orgas qui appellent, il y a tout à craindre qu’il s’agisse d’un service télécommandé depuis l’Hotel Matignon. Une jeunesse gentille qui manifeste pour la paix avec des mouchoirs blancs, puis : Retour à la normale.

    • je fais un copié collé d’un de mes commentaires :

      "j’avais écris un commentaire sur les evenements actuels et j’appelais à soutenir les emeutiers et je regrettais l’absence des syndicats et de partis pseudo de gauche comme le Ps, le PC et la LCR, dans ce mouvement de révolte. (Je me suis même fais rappeler à l’odre par certain lecteurs de ce site.) Aujourd’hui que l’Etat à repris la main, que les médias passent sous silence les emeutes qui continuent, voici donc tout ce beau monde qui appel à la mobilisation. Too late !
      L’Etat d’Urgence est déclaré, la couvre feu est appliqué et Sarkozy qui était en difficulté au départ est maintenant l’Homme qui dirige le gouvernement."

      Ps : j’ajoute également aux partis pseudo de gauche, L.O., le PT et la CNT, ceci sous les conseils de Claude.

      PS2 : il y a plusieurs rendez vous sur les champs, celui du collectif cité est apparemment monté de tout de piece par De Villepin. Cependant beaucoup de jeunes bloggeurs qui sont impliqués dans la lutte se désolidarisent de cette ce rassemblement et en conseillent d’autres qu’il ne faut peut être pas ébruiter vu la surveillance informatique policiere.
      la police redoute des affrontements serieux ce week end et à mis en place à Paris une sorte de plan d’urgence pour neutraliser tous les groupes suspects.

  • François a écrit : "Il me semble qu’il faut immédiatement rectifier cette stratégie, ou cette absence de stratégie. Nous ne pouvons pas laisser ces adolescents et jeunes adultes sans soutiens devant la justice.

    Il serait évidemment absurde et falsificateur d’en conclure que j’appelle à cautionner tous les actes commis durant les prétendues "émeutes". Mais l’attitude actuelle des acteurs du mouvement social revient, de fait, à un blanc-seing donné à l’institution judiciaire, qui elle-même ne statue pratiquement que sur des rapports de police, pour cette série d’affaires. Par conséquent, la question est : faut-il donc TOUJOURS faire une confiance TOTALE à la police, dès lors que les gens interpellés viennent des cités et ne sont ni syndiqués, ni membre d’associations progressistes ?

    Je doute, pour diverses raisons, que ce soit la bonne approche."

    Bien dit et bien vu, François. Comme le dit une autre intervenant, ce sont les enfants de la France, on doit les protéger. Je suis certains que nous sommes des millions dans ce pays à le penser. Des millions que l’on entend jamais sur les médias commerciaux, des millions de sans-voix.

    Je suis d’accord, manifestons notre solidarité avec nos jeunes que l’on tue, que l’on réduit à la mendicité pour nourir la voracité jamais assouvie de groupes capitalistes. Cédez à la peur face à ces jeunes, c’est céder aux discours racistes et insécuritaires de Sarko

    Fraternelles salutations.

    Mohamed