TOULOUSE - FESTIVAL MUSIQUE D’ÉTÉ FINALEMENT ANNULÉ

ladepeche.com
Article paru le 08/08/2003

TOULOUSE - FESTIVAL MUSIQUE D’ÉTÉ FINALEMENT ANNULÉ
Le couac de trop

L’attitude de l’orchestre, c’est le couac de trop pour Suzy, une fidèle de
Musique d’été. Comme tous les jeudis, Suzy est arrivée de bonne heure à la
Halle aux Grains. Mais les portes de la salle de concert sont fermées, et
contrairement à ses espérances, ce sont les intermittents du spectacle qui
donnent de la voix sur la place Dupuy.

« Je ne comprends pas pourquoi vous avez décidé de vous mettre en grève alors
que vous étiez d’accord pour jouer », répète cette Toulousaine à Sébastien,
violoniste dans l’orchestre symphonique « Commun’accord ». Le jeune homme,
impassible, essuie le reproche et tente d’expliquer la décision des
musiciens : « Le projet de réforme de l’assurance chômage des intermittents a
été entériné. C’est officiel. Le mouvement maintenant va se radicaliser. » A
quelques pas de là, le public commence à arriver , et comprend que la soirée
est compromise. « Je trouve qu’ils ont raison « , déclare Danielle . Elle est
déçue d’apprendre l’annulation du concert, mais plus conciliante que Jean-
Louis : « C’est un spectacle de rue ridicule ! J’étais venu écouter de la grande
musique, pas des vociférations ». Le seul slogan qui le déride, c’est « Les
Intermittents sont des fainéants ». Jean-Louis le prend au premier degré.

LE FESTIVAL ANNULE

Suzy, pendant ce temps, devine ce qui va se passer : « Musique d’été, c’est
fini ! » Alors que les intermittents poussent « Le grand cri du soir » , un
rituel instauré par la coordination nationale, les organisateurs en effet
jettent la baguette et annulent le festival.

Le président de Musique d’été, Michel Valdiguié, se dit « triste et amer » Il y a
quelques jours, il voulait encore y croire, en dépit de tous les concerts
annulés depuis le premier juillet. Il avait alors lancé l’idée d’un concert
gratuit et envoyé 5 000 invitations aux fidèles de Musique d’été, privés cette
année de festival. Les intermittents n’ont pas apprécié : « Une initiative
démagogique, une maladresse de plus. Dans sa lettre, Michel Valdiguié nous
traite d’anonymes irresponsables. Contrairement à d’autres organisateurs de
festival, il n’a cessé de louvoyer en se prétendant tantôt solidaire, tantôt
hostile à notre mouvement ».

Et les intermittents d’en appeler par dérision « à Georges Bush et aux USA »
après avoir lancé plusieurs appels restés sans réponse à Philippe Douste-
Blazy, « troisième homme de l’UMP qui a écrit un texte sur les intermittents
plus gauchiste qu’un pamphlet gauchiste ! »

Suzy, qui ne fait pas de politique et encore moins d’analyse au second,
troisième ou quatrième degrés, se contentait d’observer : « La vie n’est facile
pour personne et la musique fait du bien à tout le monde. À quoi ça sert de
nous en priver ? « 

Les Intermittents du spectacle, entre deux manifestations, continuent aussi
leur métier. Mais, expliquent-ils : « On a découvert qu’on n’était pas
seulement des artistes, coupés des réalités. On est des salariés et des
chômeurs qui demain seront encore plus victimes de situations précaires avec
cette réforme. Alors il faut s’attendre à une rentrée culturelle agitée. »

Andrée BRASSENS