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Tali Fahima, l’israélienne en cellule sans accusations
Publie le dimanche 26 décembre 2004 par Open-Publishing1 commentaire
Du vote au Likud au bénévolat dans le camp de réfugiés de Jenine. Qui est
la Juive israélienne que le gouvernement de Tel Aviv décrit comme une menace pour la sécurité et l’intégrité nationales.
de Luisa Morgantini
Le nom de Tali Fahima est devenu un nom connu en Israël. Tali, 26 ans, de mère algérienne, Juive israélienne, est depuis le 9 août dernier en détention administrative (emprisonnée sans accusations formelles et sans condamnations). Selon ses défenseurs c’est le premier cas de détention administrative d’une citoyenne juive israélienne.
Elle a grandi à Kiryat-Gat, une ville d’immigrés orientaux aux abords du désert du Néguev, elle était employée comme secrétaire dans un cabinet d’avocats de Tel Avive et a été licenciée pour ses activités politiques contre l’occupation militaire israélienne.
Jadis électrice du Likud - le parti d’Ariel Sharon - et nationaliste fervente, elle a changé avec le temps ses positions. Le virage a été le documentaire de Juliano Mer, Les enfants de Arna (diffusé aussi par Arte le 27 septembre dernier), sur un projet éducatif par le théâtre pour les enfants de Jenine, réalisé pendant la première Intifadah par Arna, une femme pacifiste israélienne, mère de Juliano Mer et décédée il y a quelques années. On voit dans le film le parcours de six Palestiniens qui pendant la première Intifadah n’étaient que des enfants, certains d’entre eux sont morts dans cette deuxième Intifadah. Tali veut connaître Jenine, ses habitants et faire quelque chose, elle décide ainsi de commencer un cours d’informatique pour les enfants en organisant une collecte de fonds à Jaffa.
Malgrè l’interdiction, elle s’est rendue l’année dernière à Jenine, où elle a connu Zakaria Zubeidi, jadis un des "enfants" d’Arna, aujourd’hui chef local des Brigades des Martyrs d’al Aqsa, entre eux est née une amitié basée sur le désir de se confronter et de comprendre les problèmes des deux peuples. Comme elle-même déclare : "On m’a toujours appris que les Arabes étaient simplement quelque chose qui ne devait pas exister. J’ai toujours été de droite. Depuis mon enfance on m’a appris à haïr les Arabes, à me méfier d’eux et à penser que l’occupation était juste. J’ai commencé à perdre mes illusions avant les élections, mais j’ai voté Likud parce que j’avais encore une peur primordiale des attentats terroristes et parce que je savais que Sharon était un bon guerrier".
Tandis qu’elle était en train de travailler très intensément dans des projets éducatifs du camp de réfugiés de Jenine, Tali fut arrêtée une première fois en mars à cause de ses déclarations, livrées à la presse, dans lesquelles elle se disait prête à protéger Zakaria de son corps, en tant que geste de protestation vis-à-vis de la pratique des exécutions ciblées et extraterritoriales, constamment appliquée par l’armée israélienne.
Après avoir été relaxée, elle fut contactée par les service secrets israéliens pour collaborer avec eux comme informatrice et après son refus, le 9 août, elle fut à nouveau arrêtée tandis qu’elle se rendait à Jenine.
Depuis ce jour elle est en détention administrative, qui a été transformée il y a deux semaines en détention pénale. Tout cela sans que des accusations formelles ni une réelle condamnation aient été prononcées. Le tribunal continue à renvoyer les audiences pour laisser plus de temps pour enquêter sur ce que les services secrets intérieurs d’Israël considèrent comme ses activités illicites. En effet, elle est soupçonnée de collusion avec l’ennemi en temps de guerre, d’association de malfaiteurs, de possession de matériel militaire et de violation des décrets militaires interdisant à tout citoyen israélien d’entrer dans la "Zone A" (zone autonome palestinienne).
Ses conditions psychologiques et physiques sont en train de se dégrader, autant à cause de l’état de détention prolongée que pour les pressions auxquelles elle est soumise pour la contraindre à avouer des délits qu’elle n’a pas commis. La méthode est la méthode habituelle : les déclarations présumées d’un prisonnier palestinien (livrées très probablement sous la torture), selon lesquelles pendant sa permanence à Jenine Tali aurait vu du matériel explosif dans les mains de combattants palestiniens. Mais, comme le déclare son avocate, même si tel était le cas, et Tali a fermement démenti, cela ne peut pas constituer, en soi, un motif suffisant pour être inculpée de collaborationnisme dans l’organisation d’attentats terroristes en Israël.
De facto, nous nous trouvons devant un nouveau cas de manipulation de la loi et des informations par le gouvernement israélien, au détriment de quiconque ne se démontre pas du côté des politiques coloniales mises en œuvre par le gouvernement de Sharon contre le peuple palestinien. Tout comme Mordechai Vanunu, technicien de la centrale nucléaire de Dimona, dans le désert du Néguev en Israël, arrêté en 1986 avec l’accusation d’espionnage et de trahison de l’Etat pour avoir dénoncé à l’opinion publique internationale l’activité illégale d’Israël en matière d’armements nucléaires, Tali Fahime est victime elle aussi de ce qui prend plus la forme d’une vengeance tribale que de l’application de la justice et du droit ; tous deux sont attaqués par le gouvernement israélien, qui les identifie à des traîtres, en les décrivant vis-à-vis de l’opinion publique comme une menace pour la sécurité et l’intégrité nationales ; en se sens la nouvelle arrestation de Vanunu le 12 novembre dernier, ainsi que la détention administrative et les interrogatoires continuels à l’égard de Tali, témoignent d’une attitude de persécution du gouvernement israélien envers quiconque choisit une voie différente de celle qui justifie, comme une exigence de sécurité pour Israël, les violations des droits humains et du droit international de la part de ’armée israélienne, en premier lieu par l’occupation militaire, la destruction des maisons, les ratissages, les bombardements de civils. Ils le savent et le dénoncent, ces militaires israéliens qui ont choisi de dire "Non" et de dénoncer publiquement les crimes commis par l’armée israélienne. Comme le disait à Rome Jonathan Shapira, pilote refuznik : "J’ai dit non par amour envers Israël et mes voisins palestiniens et je vois se restreindre chaque jour un peu plus dans mon pays les espaces de démocratie".
Demander la liberté pour Tali Fahima est un petit pas vers la vie commune et la démocratie.
Traduit de l’italien par Karl & Rosa de Bellaciao
Messages
1. > Tali Fahima, l’israélienne en cellule sans accusations, 26 décembre 2004, 23:56
Cet appel de l’UJFP a déja publié en octobre, mais il n’est pas inutile de le rappeler : le soutien continue ; il est aussi posible de lui écrire par l’intermédiaire de l’UJFP qui transmettra à son comité de soutien sur place
Patrice Bardet
Cette Sépharade israélienne, apolitique mais engagée dans l’action humanitaire, a été condamnée à quatre mois de détention administrative pour avoir lancé un projet d’aide aux enfants du camp de réfugiés de Jénine. La Shabak (police secrète israélienne) accuse Tali Fahima d’être une menace pour la sécurité d’Israël et de faire partie d’une conspiration de terreur (sic). Chômeuse, Tali a besoin d’argent pour ses frais juridiques afin de faire appel à sa condamnation. L’UJFP se joint à la campagne de soutien à Tali lancée par nos consoeurs israéliennes de la Coalition des femmes pour une paix juste. Nous avons déjà recueilli quelques dons mais nous aimerions pouvoir présenter un chèque plus substantiel à son comité de soutien. Vous pouvez envoyer vos contributions financières à l’UJFP - Trésorerie, 07530 Antraigues et libeller votre chèque à l’UJFP, avec la mention " Souscription Tali Fahima " au verso.
UJFP
B.P. 102
75960 PARIS Cedex 20
Tél. : 01 42 02 59 76
Fax : 01 42 02 59 77