Accueil > Tout le bagage, mais pas le charme : Elle n’est pas Bill, et Bill n’est pas (…)

Tout le bagage, mais pas le charme : Elle n’est pas Bill, et Bill n’est pas candidat

Publie le mardi 5 février 2008 par Open-Publishing
1 commentaire

L’observateur américain, Daniel Patrick Welch, écrit sur la campagne électorale avec le même enthousiasme que celui qui couvre un événement sportif auquel ne participe pas l’équipe locale. Il n’y a pas de vrai débat, mais comme dans toute course de chevaux, il y a toujours quelqu’un sur qui parier – ou contre qui parier.

Tout le bagage, mais pas le charme
Elle n’est pas Bill, et Bill n’est pas candidat – Dieu merci
Par Daniel Patrick Welch

Je devrais commence par une annonce : le seul candidat Démocrate pour lequel j’ai moins d’estime que pour Hillary Clinton est peut-être Barack Obama. Ce n’est pas un article pour Obama. Dans un argument récent avec un supporter de Clinton qui a accepté la critique d’Obama, mais a rejeté la critique pour Clinton, J’ai rappelé à mon interlocuteur qu’en fait, ils étaient un seul et même candidat : des jumeaux de la même société de l’abondance en fait.

Donc, pourquoi dois-je me préoccuper du fait que la Machine HillBill se soit enrayée en Caroline du Sud ? Tout d’abord, il n’y a aucune discussion valable dans le « débat » actuel, la seule véritable émotion qui reste est la montée d’adrénaline des bookmakers, ce qui vu de loin se résume à une sorte de montée mineure sur quelque vague perception que les bons ont gagné ou que les mauvais ont perdu.

La Caroline du Sud semble être la course dans laquelle on se jette de la boue, voir la nouvelle torture repoussante de John Mc Cain par la machine de Karl Rove en 2000 comparée à la campagne paternaliste et sans honte de Clinton 42 cette semaine. Je l’appellerais la course de la boue, mais dans état qui ne cache pas son racisme au point de toujours montrer le drapeau des confédérés ce serait sans nul doute retourné. Hillary – je vais l’appeler Clinton 44 avec un point d’interrogation – a essayé de s’échapper de cet état et de laisser 42 faire le sale boulot. Bien essayé, Hil. La seule chose aussi écoeurante que de voir l’Habile Willie se faire massacrer par le Vaste Complot de l’Aile Droite est le côté limace sous jacent de ce Willie – ou de lui-même.

Bill a donc mené l’attaque qui n’était pas si subtile, mais soigneusement calculée pour avoir lieu en l’absence de son épouse, contre Obama dans un appel de race à peine dissimulé, qui a été si largement rejeté qu’il en a jeté le discrédit sur toute la campagne. Les Clinton tueurs se sont levés par le passé, et cette course de race est loin d’être terminée. Il se peut que des électeurs en aient vraiment eu assez de s’entendre dire – sur le ton qu’il avait déjà utilisé pour Sista Souljah et Christiane Amanpour – qu’ils devaient voter pour son épouse. C’était peut-être trop, la goutte qui a fait déborder le vase, et une fois la poussière retombée, l’argent et la machine renverseront la vague Obama.

Mais je soupçonne qu’il y a autre chose là-dessous. Le Charme de Bill n’a absolument pas réussi à faire de cette journée un succès, ni même à arrêter la vague un tout petit peu que cela annonce un changement dans la conscience des électeurs, si on peut parler d’un tel oxymore quand on parle de l’électorat américain sans que l’écran informatique n’explose à la fin de cette phrase. Ouahhh, je me suis débarrassé de cela. Mais à vrai dire, Bill est à peu près la dernière arme. HillBill Inc. va maintenant s’attaquer à faire bouger les circonscriptions avec un clin d’oeil et une approbation de la tête. On dira que ce n’a jamais été prévu que Hill soit à l’ombre de Bill, et ainsi de suite, jusqu’à en avoir la nausée. Mais les dés sont jetés. Tout le jeu – même si c’est une fraude monstrueuse – est la répétition nulle de son “expérience” revendiquée, même dans ses propres mots, de « connaître à fond la Maison Blanche ».

Berk. Même les Républicains savent comment se débarrasser de ce genre de chose, et ils prennent leur distance de ce Washington qui continue à engraisser les trésoriers avides de guerres. Bill est à ses côtés, ou derrière elle ou tout à fait dans un autre état, mais toujours comme le Christ fait homme, ou grassouillet, peut-être l’exemple vivant de toute l’expérience que le couple peut afficher. Mais avec Clinton, les prétentions ne sont plus douteuses ou creuses. Avec une expérience de onze années dans les instances législatives, par rapport au sept années de Clinton, Obama doit encore exposer son super plan pour ce qu’il est : une sorte de regardez l’histoire de HillBill quand cela arrange et annoncer les « changements » quand cela n’arrange pas.

L’expérience de Hillary Clinton, de Rose Law jusqu’à son atroce essai de soins qui l’a mené à être aux côtés de Bill à chaque instant de sa tentative infructueuse à mobiliser toute résistance au Crime de guerre en cours qu’est le gouvernement américain dont il fait partie – cette soi-disant expérience n’est pas ce que quiconque devrait mettre en avant. Et pourtant c’est ce qu’elle fait, dès qu’elle en a l’occasion – c’est en fait toute sa campagne. C’est usant, fatigant, ennuyeux, et par-dessus tout une fraude. Il est simplement étonnant que personne ne l’ait interpellée à ce sujet ; le candidat qui n’a rien d’autre à vendre, répète sans se lasser les paroles concernant le dur labeur et il faut bosser dur, etc. C’est tout simplement une sorte de ‘à mon tour’ ‘regardez-moi’, à la Bob Dole ou John McCain, cette notion de le mériter, ce qui n’est pas le cas des autres.

Bien entendu, cela va sans dire que l’Amérique devrait être capable d’élire une femme à la présidence. Après Indira Gandhi, Golda Meir, Benazir Bhutto, Margaret Thatcher, Angela Merkel et toute une série d’autres femmes, les Américains sont décidément bien loin de la tête du peloton, comme dans bien d’autres choses en dépit de la haute opinion que nous avons de nous-même. Et même cette courte liste donne une idée que le sexe ne garantit pas la qualité du leader ou de sa politique ; en fait il se peut très bien que ce ne soit pas encore le cas dans cette élection à venir, et pour l’amour du ciel, personne n’a dit que ce devait être vous.

Bill a fait ressurgir le spectre de Jesse Jackson cette semaine, d’une manière particulièrement négative, en affirmant qu’il avait remporté quelques primaires et caucuses, mais n’avait évidemment pas été choisi pour la nomination finale. Ce n’était rien moins qu’un avertissement à l’électorat noir Démocrate très important de la Caroline du Sud pour qu’il ne vote pas pour se sentir bien parce que cela n’aurait aucun impact sur le plan national. Il faut aussi savoir décrypter le message évident que les Etats-Unis sont bien plus près à voter pour une femme à la présidence que pour un Noir, et qu’il fallait aller dans le même sens et « laisser tomber le type qui vous tente ». Que Dieu bénisse les électeurs démocrates de Caroline du Sud pour lui avoir dit clairement qu’il pouvait se mettre ses paroles là où ils pensent.

BillHill joue non seulement avec le feu pour la raison évidente que la carte de la race/du sexe peut être abattue. L’utilisation habile et calculatrice qu’il fait (malgré le fait qu’elle lui retombe heureusement sur le nez) de l’histoire de Jackson est particulièrement révoltante. Lorsque Jesse Jackson a remporté la Caroline du Sud et le sud, avec une vraie base noire et comme vrai candidat noir, c’était contre une collection de mentors et des amis de Clinton dans le Conseil du Leadership Démocrate émergent, qui pensait qu’un Super Mardi du sud allait justement éviter que ce spectre ne devienne l’albatros du parti dans les élections législatives.

Lorsque Jackson les a surpris, ils ont ajusté leur violon pour bannir aujourd’hui totalement quiconque aurait un ordre du jour progressif de s’approcher de la scène nationale, hormis quelques colleys qui picorent les flancs gauches du parti pour conserver les électeurs qui recherchent un vrai changement ; il ne faut pas de révolte. Ne vous y trompez pas : choisir Obama plutôt que Clinton n’est rien d’autre qu’un stupide vice versa – la campagne d’Obama ressemble à celle de Jackson dans son état. Il n’y aura pas d’autre démocrate pour demander une réduction du budget de la guerre, et pour affirmer haut et fort que les Arabes “ne peuvent pas continuer à être considérés comme des pariahs”. Si on met le slogan électoral de côté, aucun des candidates ne changera le pays dans cette course.

Le premier et principal bénéficiaire de cette honte ne fut autre que Clinton lui-même, et sa complicité légère et sa couardise entraînent le fait que nous ayons ces deux candidats en faveur de la guerre, aseptisés et acceptés par les industriels. Il ne peut s’empêcher de jouir de cette désastreuse situation. Honte à lui. Il devrait savoir quand la fermer. Peu importe ce qu’on dit, de plus en plus de démocrates vont aller vers Obama pour la seule raison qu’il n’est pas Clinton. Cela a peu de sens, mais qui peut leur jeter la pierre ?

Translated by Marie Wagner, Malta

© 2008 Daniel Patrick Welch. Autorisation de réimprimer accordée avec crédits et liens site
http://danielpwelch.com

Ecrivain, chanteur, linguiste et activiste, Daniel Patrick Welch vit et écrit à Salem, Massachusetts, avec son épouse, Julia Nambalirwa-Lugudde. Ensemble ils dirigent The Greenhouse School
http://www.greenhouseschool.org

Les articles sont traduits en 20 langues. Nous avons besoin de vos remarques sur le site à l’adresse
http://danielpwelch.com

Lien a son nouveau CD se retrouve a
http://danielpwelch.com/dansshop.htm#CD : Let It Snow

Messages

  • Vous dites "translated", c’est une farce ! ce texte est illisible, allusif et inutilement polémique.

    Que dire face à une telle accumulation de clichés !

    Le populisme poujado-fédéraliste contre "l’establishment" de Washington et ses "mensonges" (et depuis l’impeachment-putsch avorté des réactionnaires de la droite chrétienne ,chacun connaît grace à Kenneth Star-Torquemada que "Billary" ne peut pas s’empêcher de mentir) nous rappelle à nous jacobins français quelques dérives facho-régionalistes(Corse,Padanie,Flandre,Serbie...).

    Pauvre Jefferson, sa vision démocratique et égalitaire du fédéralisme (que l’anar que je suis ne peut qu’apprécier : cf.le père Proudhon) est devenue dans les années 60 le leitmotiv de la déconstruction néo-libérale(au sens de monétariste et anti-keynesienne) du State Providence.
    Alors Hillary candidate des mégapoles littorales décadentes , bravo ! Hillary candidate de l’administration centrale, bravo !

    Je n’oublie pas ,moi, sa tentative d’instaurer une forme non capitalistique de retraite au début des 90’s.Je n’oublie pas que sur le long terme elle a toujours fait partie de l’aile progressiste du parti(vu de France c’est une sociale-démocrate,ce qui est déjà mieux que le centrisme populiste d’Obama).

    Chers amis,les images et l’émotion ne font pas une politique ! Revenons à Marx ! Revenons à un socialisme scientifique qui ne se laisse pas abuser par la charité chrétienne misérabiliste des trotskistes,les accointances fascistoïdes de certains alters...J’ai lu ,comme beaucoup ,Fanon,Malcolm X,le Sartre des "Réflexions sur la question juive",Césaire...Ne nous laissons pas abuser par la couleur,par les images et leur hypnose. Billary a dit une vérité : sans Luther King rien n’aurait pu s’enclencher,mais sans Lyndon Johnson tout cela serait resté du blabla.Les progressistes que nous sommes doivent savoir s’accomoder de la bourgeoisie social-démocrate éclairée quand elle permet d’améliorer le système. À vouloir être maximaliste on se condamne au repli sectaire.Voyez les States : d’un côté les campus de bourgeois éclairés,de l’autre le lumpen-prolétariat écrasé de fanatisme et de résignation.

    Obama n’est pas progressiste.Sa couleur de peau(je précise que je suis moi-même un bronzé) ne veut rien dire.Je renvoie aux annales des indépendances d’Haïti(1804) et du Libéria(1848) qui démontrèrent dès le 19e siècle que le despotisme et le racisme social dépassaient la fracture du phénotype dermique.
    Obama est un bounty : noir à l’extérieur, reaganien et charismatique dedans.Dois-je rappeller à mes camarades marxistes ce qu’il y a de profondément féodaliste et réactionnaire dans le culte du héros providentiel ! Les stalino-castro-maoïstes ont démontré combien ce délire collectif pouvait être illusoire.

    Marxistes de toutes les familles,renoncez à l’illusion du sentiment,de l’image,de l’individuation et de la masturbation maximaliste.Obama,c’est l’aventure,c’est Bonaparte derrière Cincinnatus !Clinton,c’est la social-démocratie vieillissante mais connue : à l’heure du bellicisme réac des petits-bourgeois banlieusards des gated communities,il n’est pas temps de soutenir l’héritier populiste de l’assassin de la Baie des Cochons et de l’aventure vietnamienne.