Accueil > Trois mises au point de Bernard Thibault de la CGT
Le gouvernement doit intervenir
dans le dossier de l’Unedic
Le secrétaire général de la CGT Bernard Thibault a appelé dimanche 2 mai 2004 le gouvernement à "intervenir" pour pousser le Medef à ouvrir des négociations avec les syndicats sur la convention Unedic afin de surmonter le blocage actuel sur l’assurance-chômage.
"Le pouvoir politique a une responsabilité et ne peut laisser cette situation-là perdurer", a déclaré M. Thibault lors du "Grand Jury" RTL-Le Monde-LCI.
Le secrétaire général de la CGT a estimé que "s’il y a une volonté politique, cela peut se régler en une nuit".
Bernard Thibault a réclamé comme préalable à ces discussions une "mesure d’urgence", le rétablissement dans leurs droits antérieurs pour les centaines de milliers de chômeurs recalculés. "C’est une réponse immédiate que le gouvernement doit produire", a-t-il dit.
L’Unedic doit trouver 2 milliards d’euros sur 2004 et 2005 pour faire face aux conséquences financières de la victoire de 35 chômeurs marseillais qui, le 15 avril, ont obtenu en justice le rétablissement de leurs allocations perdues depuis le 1er janvier en raison de l’entrée en vigueur de la nouvelle convention Unedic. La nouvelle convention réduit de 30 à 23 mois la durée d’indemnisation du chômage.
Les trois syndicats signataires de la nouvelle convention (CFDT, CFTC et CGC) ont demandé la semaine dernière l’ouverture "immédiate" de négociations avec le patronat. Le président du Medef (Mouvement des entreprises de France) Ernest-Antoine Seillière a jugé vendredi qu’une nouvelle négociation sur le financement de l’Unedic "n’a aucune espèce d’intérêt", si elle doit déboucher sur un nouveau désaccord entre les partenaires sociaux.
Dimanche, Bernard Thibault a dénoncé la "stratégie de pourrissement" du Medef. Dans cette situation, "soit le gouvernement accepte une fois de plus la position intransigeante du Medef et ne fait rien, laisse les choses en l’état", a expliqué le patron de la CGT. "Soit le gouvernement convient qu’à laisser ce dossier-là en l’état, c’est un coût politique très important."
Non à l’assouplissement des règles d’ouverture
des magasins le dimanche
Bernard Thibault s’est déclaré "a priori" opposé à l’assouplissement des règles d’ouverture des magasins le dimanche, envisagée par Nicolas Sarkozy.
"Personne ne pourra démontrer que la faiblesse de consommation dans notre pays est principalement indexée au fait que les magasins soient trop souvent fermés le dimanche", a-t-il déclaré.
Bernard Thibault a fait valoir que "s’il y a peu de consommation, c’est parce qu’il n’y a pas assez de pouvoir d’achat et pas assez de salariés au chômage susceptibles de retrouver un emploi".
A ses yeux, une telle mesure introduira "une plus grande flexibilité pour les salariés du commerce, qui sont déjà dans un secteur parmi les plus précarisés".
Selon le "Journal du dimanche", le ministre de l’Economie Nicolas Sarkozy veut assouplir les règles d’ouverture des magasins le dimanche pour relancer la consommation. Il envisagerait d’étendre à 10 dimanches par an, contre cinq actuellement, l’autorisation des enseignes de la grande distribution d’ouvrir leurs magasins le dimanche.
Pour une "vraie négociation"
sur la Sécurité sociale
Bernard Thibault a demandé au gouvernement l’ouverture d’une "vraie négociation" sur la réforme de la Sécurité sociale.
"Ce que je souhaite, c’est qu’il y ait une vraie négociation avec les représentants des assurés sociaux le plus rapidement possible de manière à lever les ambiguïtés", a-t-il déclaré.
Bernard Thibault s’est déclaré prêt à une rencontre "demain" avec le ministre de la Santé Philippe Douste-Blazy pour qu’il "explique quel est son plan".
Il a regretté d’apprendre par la presse les intentions du gouvernement. "Les députés sont susceptibles de prendre une décision aussi importante que celle-là fin juillet sans qu’on ait créé les conditions aujourd’hui pour avoir un vrai débat public sur les choix possibles", a déploré le leader de la CGT.
Sur le fond, Bernard Thibault a estimé que l’augmentation de la Cotisation sociale généralisée (CSG) préconisée par la CFDT n’était "pas une bonne formule", dans la mesure où elle provient "pour 88%" des revenus salariaux. Il a prôné un alourdissement des cotisations patronales pour combler le trou de la Sécurité sociale. PARIS (AP)