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UE ET EDUCATION : QUI POURRAIT ACCEPTER ?

Publie le mardi 1er août 2006 par Open-Publishing
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Tandis que le pays s’enfonce dans une inexorable crise de décomposition politique et institutionnelle, la « Journée de l’Europe » aura, l’espace d’un 9 mai, servi de diversion. Drapeaux bleus étoilés flottant au vent et sympathiques messages publicitaires sur tous les médias ont vanté l’avenir de progrès et d’harmonie que nous réserve la « construction européenne ».
Sous les flonflons et les paillettes, la réalité, chaque jour plus sinistre.

Ce 9 mai, un projet de décret d’application de la loi du 31 mars 2006 sur « l’égalité des chances » est dévoilé par l’agence AEF. Il s’agit de la « gratification » des « élèves âgés de 14 ans (...) admis à entrer dans une formation d’apprentis juniors ».

L’article 1er du projet de décret prévoit que « l’apprenti junior est suivi par un tuteur », qui peut être « le chef de l’entreprise » ou choisi « parmi les salariés ».

L’article 2 précise que « lorsque le stage en milieu professionnel excède une durée de 10 jours travaillés, y compris de manière discontinue, il donne lieu au bénéfice de l’apprenti junior au versement par l’entreprise (...) d’une gratification correspondant à 20 % du SMIC par heure travaillée ».

Oui, vous avez bien lu ! En France, en 2006, on pourra faire travailler des jeunes de 14 ans jusqu’à 10 jours gratuitement... Au-delà de 10 jours, ils auront droit, royalement, à un maximum de 1,3 euro l’heure !

Précision : c’est la directive européenne du 22 juin 1994 (directive 94-33CE) qui, la première, dans son article 4, a précisé que « l’interdiction du travail des enfants ne s’applique pas (...) aux enfants âgés de 14 ans au moins qui travaillent dans le cadre d’un système de formation (...) en stage en entreprise ».

Depuis cette date, les gouvernements successifs n’ont eu de cesse de remettre en cause l’obligation scolaire jusqu’à 16 ans.

Maintenant, c’est le travail gratuit, ou quasi gratuit !

Ainsi va l’Union européenne. Jusqu’où ? Jusqu’au retour de l’esclavage pour les enfants ?

Qui pourrait l’accepter ?

Le mouvement ouvrier, qui a tant fait depuis le XIXe siècle pour arracher la jeunesse à l’enfer de l’exploitation et conquérir pour elle le droit à l’instruction publique, laïque, gratuite et obligatoire, peut-il ne pas se dresser et dire : non à l’infamie ? N’est-ce pas ce que fit, voilà 135 ans, le premier gouvernement ouvrier de l’histoire, celui de la Commune de Paris, qui jeta les bases de l’instruction publique pour tous ?

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