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UN VENT de changement souffle sur la CFDT ???

Publie le samedi 25 septembre 2004 par Open-Publishing
8 commentaires

Trois départs à la tête de la CFDT tournent la page de l’ère Notat

Parmi ceux-ci, celui du quasi-numéro 2, Michel Jalmain.

de Hervé NATHAN

hangements forts mais en douceur à la direction de la CFDT. Trois poids lourds de la période de Nicole Notat, occupant des postes stratégiques dans la centrale syndicale, vont quitter la commission exécutive. Hier, lors du bureau national (direction élargie) de la CFDT, ont été annoncés, en sus du départ de Jean-Marie Spaeth, président de la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam), remplacé par Michel Régereau (région Bretagne), celui de Jean-François Trogrlic, chargé des relations internationales et européennes, poste que François Chérèque assumera en octobre, puis, en 2005, celui de Michel Jalmain, quasi-numéro 2 de la CFDT, puisque chargé de l’action revendicative. Officiellement, il s’agit d’« anticiper le renouvellement » de la direction, inévitable lors du prochain congrès, en 2006.

Michel Jalmain, issu de la fédération construction bois, fut le négociateur de trois des accords les plus contestés signés par la CFDT : le Pare (en 2000), la révision de la convention Unedic (en 2002), qui avait donné naissance au mouvement des « recalculés », et celui sur les intermittents du spectacle (en 2003). Il était aussi un symbole de la ligne majoritaire de la CFDT, qu’il résumait ainsi : « Le rapport de force, c’est la capacité de signer de notre organisation. »

Tête de Turc des opposants de la CFDT, Michel Jalmain était aussi critiqué pour la confusion de ses rôles de négociateur et de gestionnaire, puisqu’il avait présidé l’assurance chômage, en alternance avec Denis Gautier-Sauvagnac, le représentant du Medef. Mais le secrétaire général de la CFDT, François Chérèque, ne voulait pas donner l’impression de réagir à chaud à la crise issue de l’accord sur les retraites en 2004 et a préféré se donner du temps avant de se séparer de son numéro 2. Le poste de Jalmain sera probablement remanié et ses responsabilités réparties.

Avec ces départs, c’est un peu de la période Notat qui s’efface. Les trois responsables avaient été nommés du temps de l’ex-secrétaire générale et comptaient parmi ses proches. En particulier Jean-François Trogrlic, lui aussi lorrain et enseignant.

Difficile, néanmoins, de parler d’un tournant à gauche pour la CFDT, puisque Chérèque fera monter à la direction, en mai 2005, Alexis Guenego, patron des « intercos » (collectivités locales), qui fut en pointe dans le combat contre les opposants à la ligne majoritaire. D’autant qu’après un an de débat interne, la CFDT a décidé de renouveler son corpus idéologique. François Chérèque a lancé le débat, qui se terminera au prochain congrès par un rapport de 40 pages, passant en revue les difficultés rencontrées par sa centrale depuis 2002, mais aussi les « valeurs » de la CFDT.

« Elles n’ont pas bougé, mais le monde, lui, a changé », explique-t-il, pointant les « nouvelles inégalités » qui « traversent le salariat ». Loin de renoncer au « réformisme », dont il propose une nouvelle définition : « Redonner forme à la société », reprenant un concept de Pierre Rosanvallon, intellectuel organique de la CFDT. Le fossé entre le « syndicalisme d’engagement » de la CFDT et celui de la CGT, qualifié d’« accompagnement de la contestation », se creuse un peu plus.

http://www.liberation.fr/page.php?Article=240980

Messages

  • le " syndicat " Jaune restera un " syndicat " Jaune et ce n’est pas les gesticulations de chéreque pour tenter de nous faire croire le contraire qui changeront les choses

    Rappellons que ce " syndicat " a fait appel avec ces potes du Medef contre les recalculé(es) de paris les obligeant a sic rembourser ce qu’il avaient légitimement gagnés lors de leurs premiers procés contre les assedic et l’unedic majoritairement cogéré(es) par le medef et la cftdt

    Rappelons et dixit leur poubelle virtuelle que la cfdt et 7 organisations dites caritative négocient en douce avec des présidents de régions et des élus droitistes et soces dems l’application du Rma - Sto

    Que le protocole inique contre nos camarades intermittent(es) fut signé par 15 membres de la cfdt culture qui sont en fait les 15 adhérent(es) de la cfdt " culture " tous travaillant au sinistére de l’inculture belle illustration de la notion de représentativité syndicale de ces Collabos

    belle et nausébonde conception du " syndicalisme " mettres des milliers de gens dans la galére , baisser son froc perpétuellement devant le Medef , signer chaque fois ses quatres volonté

    Dehors les Jaunes vous n’avez de " syndical " que le nom allez rejoindre vos amis du Medef ou rejoignez celui ci cela serait au plus honnétes de votre part et moins faux derche pour les rares adhérentes honnétes qui restent encore dans votre " syndicat " en espérant y changer les choses

    Nous ne pouvons d’ailleurs que leur conseiller de quitter ce syndicat corrompu et de laisser chéreque a son " reformisme " qui n’est qu’une collaboration avec nos ennemis de classe

    Des militant(es) anarcho syndicalistes de la base

    Des militant(es) des comités de chômeur(es) et précaires

    anarcho Punks paris

    • Tout à fait d’accord avec vous. A l’expression, lue dans le texte, "syndicalisme d’engagement" pour caractériser la CFDT, il manque "au côté du MEDEF".

      Je rapelle le site où ont été comptabilisés les départs de la CFDT jusqu’à décembre 2003 (je n’ai pas trouvé d’actualisation, car les départs ont continué) : http://syndicalismes-en-debat.net/depart/indexd.php

    • il y en a de plus belles encore a apprendre sur les " entreprises " de consulting appartenant a mme notat sur lequelles chéreques a des billes

      des ordures Jaunes resteront des ordures Jaunes

    • Ca se passe comme çà ... dans un monde décidément où l’on ne fait pas de cadeau "éthique"

      Patrice


      Article paru dans Libération le 14/10/2002

      Le concept de développement durable est à peine entré dans les moeurs qu’il fait déjà l’objet d’une compétition européenne entre deux protagonistes : deux femmes, deux Françaises engagées dans une course de vitesse pour noter le comportement social, éthique ou environnemental des entreprises afin d’aider les investisseurs à ne pas se fonder sur les seuls critères financiers pour placer leur argent. D’un côté, Nicole Notat, de l’autre, Geneviève Ferone. La première, ex-dirigeante de la CFDT, a créé Vigeo, dont les premiers pas sont prévus pour début 2003. La seconde, pionnière du genre avec l’agence Arese, dont elle a été débarquée pour faire de la place à la syndicaliste, vient de lancer Core Ratings, petite soeur environnementale et sociale de Fitch, l’une des trois premières agences de notation financière du monde, avec Moody’s et Standards and Poors.

      En affectant une note aux capacités de financement des multinationales ou des Etats, ces agences sont devenues indispensables aux investisseurs. En notant le sérieux avec lequel les sociétés traitent l’écologie, le dialogue social ou la transparence, Notat et Ferone espèrent rendre Vigeo et Core Ratings aussi incontournables. Toutes deux vendront leurs évaluations aux investisseurs et aux entreprises. Toutes deux espèrent grosso modo la même chose. Notat : « C’est un levier supplémentaire pour inciter les entreprises à concevoir leur action dans la mondialisation sans se référer à la seule performance financière. » Ferone : « Il s’agit d’intégrer dans l’inconscient collectif que la notation extra-financière est au moins aussi importante que la financière. » Le parallèle se prolonge jusqu’aux ambitions affichées : Vigeo se voit en leader européen, Core vise la place de numéro 1 mondial.

      Niche. Le retour de Geneviève Ferone face à Nicole Notat n’est pas vraiment une surprise. Cette femme de 39 ans a débuté dans la notation sociale en 1997, après un séjour aux Etats-Unis où elle s’était initiée au concept émergent d’investissement éthique. A Paris, elle séduit alors la Caisse des dépôts et les Caisses d’épargne, qui mettent 4 millions de francs sur la table. C’est la naissance d’Arese (Agence de rating environnemental et social des entreprises). Pendant quelques années, Geneviève Ferone expérimente, forme des analystes, vend ses évaluations à des fonds éthiques soucieux de sélectionner les entreprises dans lesquels ils investissent. « Une période pionnière et de sensibilisation », dit-elle.

      Très vite, cette activité de niche limitée à la France entre en résonance avec l’air du temps. Les termes d’investissement éthique ou de développement durable s’imposent. A tel point que Nicole Notat, dès l’été 2000, se penche sur l’idée de notation. Elle est en voyage d’étude au Québec et découvre un fonds d’épargne retraite géré par les syndicats. « D’entrée de jeu, ils ont décidé que ce fonds n’allait investir dans des entreprises que selon des critères éthiques, raconte-t-elle. Mais ce qui manquait était une évaluation fiable de ces critères. » Début 2002, la rumeur prend corps : après son départ de la CFDT, en mai, Notat pourrait créer et prendre la tête d’une agence de notation sociale et environnementale de dimension européenne. Une sorte d’Arese à l’échelle du continent. A l’époque, le projet demeure flou et Geneviève Ferone voit juste s’annoncer un concurrent potentiel. Sans se douter que ledit concurrent va la gober.

      « Naïve ». Peu désireuse de s’appesantir sur son éviction par Notat, Geneviève Ferone concède juste qu’elle a sans doute été « un peu naïve ». « Elle n’avait pas pensé que le meilleur moyen de se débarrasser d’un concurrent était de le bouffer », confirme un proche. De fait, elle aurait pu se douter de ce qui se tramait. A la CFDT, cela faisait quelques mois que les critiques contre le travail d’Arese enflaient. L’équipe est accusée de se contenter, en matière sociale, de lire les bilans des entreprises. Bref, d’être trop aux ordres des patrons. Jusqu’à ce jour de mai où Geneviève Ferone est convoquée par ses actionnaires. Ils ont tranché : ils se donnent à Notat, et apportent Arese en guise de dot. Très vite, les deux femmes se retrouvent en tête à tête dans un des bureaux de l’agence, à Fontainebleau. Notat n’a pas grand-chose à proposer : à peine un poste de directrice de la veille de Vigeo, sous ses ordres. « Si elle avait été intéressée, elle aurait pu trouver une place », dit l’ex-syndicaliste. Ferone trouve cela quasi humiliant. Elle s’en va, suivie par plusieurs salariés d’Arese.

      L’affaire est alors bouclée. Marc Ladreit de Lacharrière, propriétaire, via son holding Fimalac, de la troisième agence de notation financière du monde, Fitch, la contacte dans la foulée. Deux ans auparavant, il avait tenté d’entrer au capital d’Arese. Sans succès. Depuis, il avait commencé à racheter en Europe plusieurs structures avec comme ambition de constituer sa propre agence. Pour lui, le départ de Geneviève Ferone est une aubaine. La voilà responsable du bureau parisien et membre du conseil d’administration de Core Ratings, lancée officiellement le 8 octobre.

      Chantier. Avec les deux femmes face à face, l’affiche est complète. Mais la concurrence entre Vigeo et Core est encore théorique. La première est en chantier et prévoit de démarrer son activité en 2003. La seconde annonce ses premiers résultats pour les semaines à venir. Pour l’instant, les deux agences s’observent. Du côté de Core, où l’on vante l’implantation européenne avec des bureaux à Londres, Paris et Madrid, on pointe du doigt la structure financière originale de Vigeo, où Notat fait entrer des entreprises, des syndicats et des investisseurs. « Que Vigeo ait des entreprises susceptibles d’être notées par elle à son capital, c’est du jamais vu, dit Marc Ladreit de Lacharrière. Il pourrait y avoir - à tort, sans doute - des suspicions de conflits d’intérêts. » Nicole Notat, elle, estime apporter assez de gages : un conseil scientifique, la limitation de la place des entreprises dans le capital de Vigeo à 1 % par tête et 45 % au total. « La dilution me semble une garantie, dit-elle. Une agence comme cela n’a pas d’avenir si elle ne fait pas preuve de son indépendance. »

      Seule certitude : les deux agences auront les mêmes difficultés à imposer leur modèle et à asseoir une crédibilité internationale, tant la notation sociale est embryonnaire et a encore besoin de faire ses preuves. En tout cas, signe de sa volonté, Notat a décidé d’apprendre l’anglais, « parce que c’est indispensable dans notre activité », dit-elle. Elle a déjà pris deux cours.


      Notat

      Nicole Notat
      55 ans, présidente de Vigeo

      Capital prévu : 12 millions d’euros
      Siège : Bagnolet (93)
      Equipe : 25 personnes début 2003 dont 15 analystes
      Actionnaires déjà présents : des entreprises, des investisseurs, des syndicats (CFDT)
      Pressentis : six syndicats européens, d’autres entreprises européennes.


      Ferone

      Geneviève Ferone
      39 ans, responsable du bureau français de Core Ratings

      Capital : 4 millions d’euros aujourd’hui
      Siège : Londres
      Equipe : 30 salariés à Paris, Londres et Madrid
      Actionnaire : Fimalac (propriété à 70% de Marc Ladreit de Lacharrière). Fimalac possède l’agence de notation financière Fitch (1200 analystes dans 40 pays).

    • avant de mettre une étiquette jaune sur un syndicat, essayez de vous élever intellectuellement. Il y a à la CFDT des militants qui donnent du temps au service de beaucoup de personnes socialement démunis. Alors un peu de respect s’il vous plait !!!
      Pour terminer et sous forme de boutade faites attention un syndicat jaune peut encore murir, par contre demeurer rouge c’est l’ultime stade avant le pourrissement !!
      a bon entendeur
      Et pout terminer pourquoi grand nombre de syndicat dit "rouge" reprennent systèmatiquement les arguments CFDT qu’ils avaient combattus ?

    • De quels arguments veux-tu parler ? sur la retraite ? sur l’UNEDIC ? sur la sécu ? sur les intermittents ? sur le RMA ? sur les 35 h ? Franchement je ne vois pas. J’ai plutôt l’impression que la CFDT retourne parfois sa veste devant les catastrophes sociales que sa signature a entraînées.

      Cela n’emêche pas que des militants de dévouent et essayent de faire changer les hoses de l’intérieur. Mais pour ma part, j’estime que la CFDT a participé et participe encore à la casse de la protection sociale, du code du travail, des avantages acquis etc

    • Si je peux comprendre la révolte que peuvent susciter les conséquences de certaines pratiques syndicales, je préfère étayer, donner matière à réflexion comme vous le souhaitez : "essayer de vous élever intellectuellement".
      Voici donc une adresse d’anciens responsables confédéraux, fédéraux et régionaux de la CFDT s’interrogeant sur la "ligne CFDT".
      Ils ont oublié de mentionner l’inflexion donnée depuis 1979 - le rapport Moreau- qu’ils ont avalé dans le meilleur des cas, comme une couleuvre.

      Les plus récentes déclarations de Chereque laissent à penser que le fer sera plus porté contre la CGT que contre le MEDEF... on a les alliés que l’on mérite ! Par exemple, la valse Jalmain Sauvignac est un régal, l’hommage de Raffarin à Jean-Marie Spaeth en est un autre

      Patrice Bardet, délégué Ufict-CGT, rouge/noir, loin du pourrissement

      remarque : personnellement, je ne mets pas en doute l’affirmation "Il y a à la CFDT des militants qui donnent du temps au service de beaucoup de personnes socialement démunis" Mais je m’interroge : n’est pas se donner bonne conscience que de tenter de colmater avec le petit doigt les brêches que l’on a contribué à ouvrir ? Ou est-ce le dernier refuge de la solidarité ? La charité, plutôt que le respect et la conquête des droits ?


      Questions à la CFDT

      En 2004, la CFDT a quarante ans. Fruit d’une évolution engagée après guerre, sa création en 1964 a marqué une étape dans la construction d’une force à laquelle plusieurs générations de militants ont contribué. Cet anniversaire est une occasion de réflexion et de débat. Un débat qui s’impose d’autant plus que plusieurs orientations de la CFDT soulèvent nombre de questions.

      La CFDT est un patrimoine partagé. C’est faire œuvre de mémoire et de responsabilité que de débattre publiquement de questions soulevées par des évolutions qui nous paraissent remettre en cause ses fondements et ceux du syndicalisme démocratique dont nous nous sommes tous réclamés et pour lequel nous nous sommes engagés. Nous posons ces questions, tant il nous paraît que la première carence de la CFDT aujourd’hui est l’absence de pensée sociale autonome, faute de débat démocratique depuis de trop longues années.

      Quel rapport au politique ?

      Ce qui s’est passé en 2003 au sujet des retraites est révélateur. Un mouvement et une mobilisation sous-tendus par un effort de coordination intersyndicale et notamment par un travail commun entre CFDT et CGT …sont rendus sans objet par un “ accord ” conclu en urgence absolue avec la CFDT dans le bureau du Premier ministre.

      En août 1953, un tête à tête entre la CFTC notamment et le gouvernement Laniel qui voulait remettre en cause plusieurs acquis dont l’âge de la retraite dans les services publics, rendait sans objet, grâce à des tractations directes, un mouvement de grèves important. Fait troublant, la position confédérale s’était traduite par une hémorragie de la Fédération des cheminots qui perdait plus de 25% de ses adhérents… Ne retrouve t- on pas, cinquante ans après, une conduite qui, prétendant s’inspirer d’une approche syndicale autonome, s’éloigne du mouvement syndical pour être l’interlocuteur exclusif du gouvernement ?

      Ce rôle est celui d’une “ agence sociale ”, voire d’un syndicat officiel avec des formes de relations d’une autre nature que la négociation qui suppose la confrontation d’intérêts ou de points de vue autonomes. L’“ accord ”sur les retraites en 2003 relève plus de la co-élaboration entre gens qui pensent être dépositaires de l’intérêt commun que du contractuel au sens propre. La CFDT n’en revient-elle pas à une forme de syndicalisme que pratiquait la CFTC avec les gouvernements ? La CFDT n’évolue t- elle pas vers un “ a-politisme ” s’apparentant à ce qui a toujours couvert une façon, ô combien ambiguë, de faire de la politique ? Résultat : une confusion dangereuse, et d’ailleurs récemment sanctionnée, entre le gouvernement, les pouvoirs économiques et la CFDT.

      Dans son histoire, la CFDT a évolué vers une affirmation exigeante de son autonomie et de son identité. Une identité nourrie par le débat d’idées dont elle a souvent été à l’origine : organisation du travail, conditions de vie, environnement, place des femmes dans la société... Force de critique sociale, d’impulsion et de transformation, en phase avec de nombreux mouvements dans la société, la CFDT a été un acteur à la fois de la contestation, de la proposition, de l’action et de la négociation. En retrait désormais de la plupart des mouvements sociaux, son attitude à l’égard de l’extérieur, vis-à-vis du mouvement altermondialiste par exemple, marque une prise de distance porteuse d’enfermement.

      Quelle approche des problèmes sociaux ?

      UNEDIC, retraites, voire assurance maladie : on est frappé par les choix de la confédération. Sur ces questions, il y a lieu de prendre en compte le réel, les contraintes, les équilibres financiers, les nécessités d’arbitrage. C’est le rôle d’un syndicalisme responsable que de s’engager, quand il le faut, en articulant ses exigences et le possible. Mais dans la plupart des cas, le point d’arrivée des négociations ou des pseudo-négociations ne laisse guère de doute sur le sens du compromis. Les revendications de la CFDT se dissolvent, ne laissant qu’une approche gestionnaire et technocratique, marquée par une logique comptable ou financière, corrigeant les droits, stigmatisant des populations, en échange de quelques contreparties réelles mais à l’impact limité et faisant l’objet d’une survalorisation.

      La position de la CFDT en devient chaque fois moins lisible en termes de transformation sociale. Est-ce cela le “ courage ”, le “ modernisme ” ? Jusqu’où faudra t- il aller pour donner sans cesse plus de gages ? Le rôle du syndicalisme consiste-t-il à s’inscrire dans les contraintes sans même envisager de les desserrer ?

      La “ Refondation sociale ” prônée par le MEDEF en 2000 a fait monter les exigences, réussissant à faire admettre le travail comme un coût qu’il faut réduire, les partenaires sociaux ayant à gérer à la baisse une enveloppe sociale non extensible. Pas besoin de mouvement social dans cette approche du contractuel. La négociation n’est qu’une rencontre de “ techniciens ” partageant sur le fond un même diagnostic des problèmes avec des variantes à la marge selon les acteurs.

      Paul Vignaux, un des leaders historiques de la CFDT assignait à celle-ci l’ambition d’être un syndicat “ techniquement révolutionnaire ”, sachant relier réalisme et visée transformatrice à partir de sa propre expertise sociale et économique. En rupture avec le modèle CFTC, cette conception a donné force et crédit à la CFDT, tant par rapport à un syndicalisme catégoriel que par rapport à un syndicalisme marqué par une lecture déterministe de l’histoire. La CFDT ne perd-elle pas aujourd’hui son ambition de transformation pour une approche technocratique surdéterminée par la lecture économique dominante ?

      Ses orientations ne relèvent-elles pas plus d’une acceptation de la doctrine libérale que de choix au nom de l’intérêt général, voire tout simplement de l’intérêt des salariés ? L’intérêt général, loin d’aller de soi, résulte aussi, ne l’oublions pas, de conflits, de rapports de force dans la société et de la qualité de la négociation. On aura peine à considérer les arbitrages récents au sein de l’UNEDIC comme relevant de l’intérêt général. Des arbitrages qui mettent en difficulté des centaines de milliers de chômeurs en l’absence d’une politique dynamique de l’emploi. On attend autre chose des syndicats et de la CFDT en matière d’emploi et de lutte contre le chômage. A moins de considérer que les chômeurs stigmatisés défendent une logique “ catégorielle ” peu compatible avec le train de la modernisation sociale. De même, comment comprendre l’inertie de la confédération devant la montée des travailleurs pauvres ?

      Quel sens pour le “ réformisme ” ?

      Le terme est omniprésent. De quel réformisme s’agit-il pour la CFDT ? Son engouement s’inscrit-il dans un combat de transformation et de progrès ou n’est-ce qu’un maigre amortisseur social du démantèlement des droits des salariés ? Le réformisme de la CFDT est à la croisée des chemins. Il penche pour l’heure du côté d’un social qui se contracte et dont les contreparties sont mal comprises ou jugées insuffisantes. Sans doute pourrait-il en être autrement avec un poids accru des acteurs syndicaux et une autre conception du progrès et de la justice sociale.

      Pour certains, être “ moderne ” dans le champ social, c’est passer au “ gant de crin ” droits et acquis. Plus question de mieux-disant ou de gagnant-gagnant. La Refondation sociale avait donné le ton. Hormis quelques novations positives, il n’était question que de limer et d’éliminer. Le cap était clair : flexibilité, réduction des charges, précarité, exclusion…Rien qui puisse déminer le terrain où poussent les populismes.

      Dans le mouvement ouvrier, le réformisme représente une transformation graduée s’opposant au mythe du “ grand soir ” révolutionnaire. Ce choix a été tranché par l’histoire. La réforme est une ambition s’inscrivant dans la voie démocratique dont le contractuel constitue l’un des pivots. Les fins rejoignent les moyens, mais les fins restent indexées sur une véritable ambition.

      Une conception syndicale de la réforme ne prend sens que dans des principes, des perspectives, des objectifs. Faute de cela, la CFDT se trouve rabattue sur les idées du moment. Quelle différence entre le “ réformisme ” du MEDEF, celui de la droite, celui du social-libéralisme et celui de la CFDT ? C’est pour n’avoir pas dit de quoi le réformisme syndical était fait que la CFDT se trouve en butte à de fâcheuses confusions.

      Quelles relations intersyndicales ?

      Autre question majeure, les relations intersyndicales. Les dégâts liés aux suites de l’“ accord ” sur les retraites donnent à réfléchir. Chacun se trouve ramené à son pré carré sans autre perspective que d’œuvrer quasiment seul alors que de grandes transformations se mènent ou se préparent.

      En s’engageant comme elle l’a fait sur les retraites, la CFDT a aussi fait un choix en matière de relations intersyndicales. Son “ solo ” en mai 2003 a fait resurgir une option, celle d’une organisation qui dans les années 90 a caressé la perspective d’occuper la place centrale et dominante dans le syndicalisme français. Cette perspective s’est révélée être une impasse. L’isolement de la CFDT est un vrai handicap. Et ce n’est pas le compagnonnage occasionnel de la CFTC ou de la CGC qui offre un débouché à l’unité syndicale ou à l’avenir des relations sociales.

      Pourra t- on longtemps faire fi d’un niveau significatif d’unité sur les questions les plus lourdes ? La CFDT devra choisir. Soit, elle inscrit son action dans la durée au sein d’un axe “ réformiste ” MEDEF-CFDT, ce qui induit une conception résiduelle des rapports intersyndicaux. Soit, elle poursuit des liens intersyndicaux en particulier avec la CGT pour construire un axe syndical de nature à infléchir et orienter des transformations en cours par le rapport de force et la négociation.

      Nombre d’observateurs reconnaissent qu’il n’y a pas d’avenir pour le syndicalisme en France en dehors, à terme, d’un processus de réunification passant d’abord par un rapprochement réel et durable entre CFDT et CGT. Question décisive qui apparaît comme la seule voie de rééquilibrage des négociations en faveur des salariés. C’est la rencontre potentiellement dynamique entre la culture du rapport de force et la culture de la négociation.

      En 1964, la CFDT a su se transformer. En 2004, nous voulons croire qu’elle saura faire mouvement pour se porter à la hauteur des questions qui se posent à elle et à l’ensemble du mouvement syndical.

      Parmi les premiers signataires, anciens responsables confédéraux, fédéraux et régionaux de la CFDT :

      Marc Béchet (ancien Secrétaire Confédéral) ;
      Alexandre Bilous (ancien Secrétaire Confédéral et rédacteur en chef de CFDT-Aujourd’hui) ;
      Roger Bonnevialle (ancien Secrétaire Général de l’Union Départementale de la Loire) ;
      Jean-Michel Boullier (ancien Secrétaire Général du SGEN, membre du Bureau National Confédéral (BNC)) ;
      Yvette Chamussy (ancienne Secrétaire Générale adjointe de la fédération des banques) ;
      Albert Detraz (ancien membre de la Commission Executive Confédérale, membre du BNC, fondateur de Reconstruction) ;
      Nicole Ducos (ancienne Secrétaire Confédérale) ;
      Robert Duvivier (ancien Secrétaire Général de l’Union Régionale Parisienne et membre du Bureau Confédéral) ;
      Gérard Fonteneau (ancien Président d’Hacuitex) ;
      Jean-Louis Foucaud (ancien Secrétaire Général adjoint de la FGMM) ;
      Guy Gouyet (ancien Secrétaire Général de l’Union Régionale Parisienne, membre du BNC) ;
      Anne-Marie Grozelier (ancienne Secrétaire Confédérale) ;
      François Guntz (ancien Secrétaire Général de l’Union Régionale Alsace, membre du BNC) ;
      Pierre Héritier (ancien membre de la Commission Executive Confédérale, membre du BNC) ;
      Pierre Hureau (ancien membre de la Commission Executive Confédérale, membre du BNC) ;
      Jeannette Laot (ancienne membre de la Commission Executive Confédérale, membre du BNC) ;
      Bruno Lechevin (ancien Secrétaire Général de la FGE, membre du BNC) ;
      Jean Louvel (ancien Président de la Fédération Construction-Bois) ;
      André Marivin (ancien Secrétaire Général de l’Union Départementale Ille et Vilaine) ;
      Louis Moulinet (ancien Secrétaire Général adjoint de l’Union Régionale Parisienne) ;
      Christian Marquette (ancien Secrétaire Général de la fédération de la Chimie, membre du BNC) ;
      Catherine Michaux (ancienne Secrétaire fédérale du SGEN de Paris) ;
      Geneviève Petiot (ancienne Secrétaire Nationale du SGEN et membre du bureau de l’UCC-CFDT) ;
      Marie-Noëlle Thibault (ancienne Secrétaire Générale adjointe de l’Union Régionale Parisienne, membre du BNC) ;
      Jacques Tignon (ancien Secrétaire Général de la Fédération Construction-Bois, membre du BNC) ;
      Albert Treluyere (ancien Président de l’Union Départementale de l’Ille et Vilaine) ;

    • surtout profiter de situation , d’une forme de demagogie , le militant qui donne son temps devient rare . je travaille a la sncf depuis 25 ans des mois de decompté sur mes revenus pour greve , le syndicaliste desinteressé est en voie d’extinction , voir les moyens énorme des militants dans mon entreprise qui sont reellement achetés . Il n’y a plus de credibilité syndicale , pour preuve le recul important du nombre d’adherents .Les syndicats et tous collaborent actuellement recroquevillés sur leurs petits privileges , a la sncf c’est plutot confortable de prendre un mandat , alors on pourra toujous admettre que ces gens oeuvrent pr les autres et ils le clament haut et fort mais ils oublient une notion essentielle qui malheureusement uni grand nombre de salariés et notament ceux du publique ce sont les contraintes qu’ils se sont évités , les 3:8 les dimanches et fetes , les déplacements etc ... . je ne parlerais pas par ex des magouilles d’attribution de logements ou les syndicats sont presents dans ttes commissions , et le reste qui ne doit pas sentir trop bon .A pays corrompu syndicat corrompu , quand cela va péter a la gueule cela va faire tres mal , et la cfdt n’est que la carricature de ce que sont les autres : des vendus .