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UNIVERSALITE DE LA CAUSE PALESTINIENNE

Publie le lundi 24 mai 2004 par Open-Publishing

Il est nécessaire de ne pas laisser sombrer la Palestine et ses peuples dans une indifférence au conflit dramatique qui les oppose depuis si longtemps. Trop impliqués pour demeurer neutres et trop distants pour en maîtriser toutes les données, nous devons comprendre pour approcher objectivement d’une solution :

POUR UNE PAIX JUSTE AU MOYEN- ORIENT

Il ne s’agit pas d’une guerre des mauvais contre les bons, mais le déséquilibre flagrant n’a cessé de s’accentuer :

ISRAEL, l’une des grandes puissances militaires du monde, associée à l’hyper puissance américaine, dit n’agir que pour protéger sa population. Mais ce sont les Palestiniens qui luttent actuellement pour leur survie en tant que peuple. Cet Etat a été créé pour les juifs par la communauté internationale, pour les raisons que l’on connaît, sur un territoire que les Hébreux n’occupent plus depuis 2000 ans. De la défense, ils sont passés à la conquête et à la colonisation.

Depuis 1948, ils ont profité de la guerre pour procéder à un nettoyage ethnique reconnu aujourd’hui par leurs historiens. En 1967, ils ont occupé et colonisé les 22% restant de la Palestine historique peuplée de musulmans et de chrétiens arabisés.

C’est un renversement de la situation qui faisait des juifs le peuple errant, puisque un tiers des Palestiniens vit en exil la condition difficile de réfugiés. L’Etat israélien refuse leur retour comme les Etats arabes refusent de les intégrer. Au lieu et place d’un Etat viable, ils ont été dotés d’une autorité croupion, elle-même bafouée, détruite, niée par le gouvernement Sharon. L’armée israélienne s’est acharnée à casser systématiquement les infrastructures, alors que les Palestiniens s’efforcent de cultiver leurs terres, de développer la santé et l’éducation, d’organiser la solidarité. Arafat est néanmoins tenu pour responsable et son peuple puni collectivement pour des actes terroristes contre lesquels il n’a plus les moyens de s’opposer. Cette terreur d’Etat a favorisé l’expansion des mouvements terroristes islamiques qu’elle est censée abattre. La négation de la Nakba, l‘existence du peuple palestinien, ne saurait justifier les attentats contre les civils israéliens, mais l’entretien de la violence répressive par les assassinats et les tueries de civils et d’enfants palestiniens lors de bombardements soi-disant ciblés, provoquent les actions désespérés des kamikazes. Elle rend chaque jour un peu plus impossible toute perspective d’accord et de réconciliation entre les deux peuples.

Les actes terroristes d’une fraction palestinienne contre la violence coloniale israélienne ne confère à l’Etat d’Israël aucun droit d’anéantir son adversaire sous prétexte de protection et ne change rien à la dissymétrie de la situation.

Avec les attentats du 11septembre qui ont engendré les guerres d’Afghanistan et d’Irak, le conflit palestinien est entraîné dans cette spirale de l’affrontement entre les forces du " Bien " et celles " du Mal ". Ce qui permet à Israël d’assimiler la résistance palestinienne à un détachement du terrorisme international pour se rallier les faveurs du gouvernement des conservateurs américains. Cela ne peut qu’inciter la jeunesse palestinienne à idéaliser ceux en qui ils voient les ennemis les plus irréductibles de leurs propres ennemis :

hier Saddam Hussein, aujourd’hui Ben Laden. Les Palestiniens se transforment en prétextes de guerres saintes qui ne sont pas les leurs et victimes désignées de l’embrasement général du Moyen-Orient. Comment Israël pourrait se construire un avenir de paix dans cet état de forteresse assiégée qui est un danger pour le monde entier ?

C’est pourquoi il est de l’intérêt de tous de mettre en œuvre des solutions fondées sur le droit des peuples à l’existence comme à la sécurité et sur la réparation des injustices subies.

La légitimité de l’Etat d’Israël ne peut reposer, ni sur un mythe sacré, ni sur la transformation d’une extermination de masse dont les ascendants de ses habitants actuels ont été les victimes, sur un droit souverain de nature divine qui les placerait au-dessus de la loi des nations et du droit des peuples.

C’est pourquoi les Israéliens ont besoin d’une souveraineté palestinienne reconnue égale à la leur, voire associée à la leur. Si Israël refuse ce droit et achève de détruire la Palestine, il ne sera jamais un Etat comme les autres.

Les autres peuples du monde, et en particulier les Européens ne peuvent pas rester indifférents à un conflit qui menace leur propre sécurité. Ils doivent aider les adversaires à trouver les bases d’une solution équitable pour les projets nationaux de ces deux peuples installés sur une même terre. Une médiation internationale de l’Union Européenne, du monde arabe, de l’Amérique et des Nations unies est nécessaire sans attendre une improbable évolution de la position américaine qui vient d’accentuer son soutien à la politique expansionniste israélienne.

L’Europe occupe une position-clé par ses rapports économiques avec Israël et son influence auprès des pays arabes pour faire valoir un point de vue autrement qu’en paroles. Car aucune médiation n’est possible si les médiateurs sont les protecteurs des envahisseurs.

Il faut donc que les opinions publiques se mobilisent sur la base des principes exprimés à Genève entre des responsables palestiniens et israéliens qui ont démontré qu’un accord était possible sur l’ensemble des problèmes en question pour les régler définitivement, pourvu que l’on ait la volonté d’aboutir sans autre pensée que rétablir la Paix.

Si on ne peut pas honnêtement tenir la balance égale entre des causes inégales, il y a un moment ou la puissante voix du monde doit élever la cause palestinienne à la hauteur de l’universalité.

C’est aussi ce que disait un ancien ambassadeur d’Israël en France, s’exprimant sur les antennes de France Inter : Israéliens et Palestiniens sont dans l’impossibilité d’aboutir à une quelconque solution sans une médiation et une intervention internationale

Est-il trop tard pour intervenir ? Et se contenter de tourner le bouton du poste de télévision pour ne plus voir et entendre les scènes d’horreurs des massacres quotidiens ?

Il est tard mais il n’y a pas d’autre voie.

Allain GRAUX de NOUVEAU MONDE 21 - (d’après l’ article d’Etienne Balibar du monde Diplomatique de Mai 2004)