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URGENCE demandeurs d’asile à la rue : prolongements des journées du 16 et 17 juin 2005

Publie le dimanche 19 juin 2005 par Open-Publishing

de Frédéric CHERKI

Bonsoir,

En prolongement à la journée d’hier qui s’est soldée, à l’issue d’un rassemblement-conférence de presse en présence d’Albert Jacquard, Mgr Gaillot et Michel Tubiana, par l’intervention de Patrick Mareschal et de Jean-Marc Ayrault en faveur de la régularisation des familles déboutées du droit d’asile, nous étions ce matin reçus à la Préfecture par M. Koury, du Cabinet du Préfet.

Etaient présents à ce rendez-vous : - Michèle, Martine, Cécile, Christine, Françoise T., Charles et moi-même.

"Résultat des courses", en bref :

 les 90 familles de demandeurs d’asile continueront de percevoir leurs aides au logement au-delà du 14 juillet, au moins jusqu’à début septembre, après quoi la Préfecture s’attachera à trouver les fonds nécessaires à la poursuite du dispositif d’aide auquel tout demandeur d’asile a droit.

 52 familles déboutées bien connues du Collectif, des enseignants et des parents d’élèves des écoles ainsi que des services de la Mairie depuis le temps qu’elles sont à Nantes, devront quitter leur hôtel avant la fin du mois de juin, et franchir non seulement le seuil de leur logement, de leur école pour les plus jeunes mais au-delà celui d’un territoire. D’un territoire empressé d’oublier ce qu’il doit à l’apport d’immigrants venus y trouver asile au fil des siècles, au mépris grandissant de la générosité incantatoire incarnée ce jour encore par M. Koury. Si nos 52 familles se maintiennent en notre douce France, qu’elles se tiennent bien cachées. Oui, bien cachées et qu’elles s’apprêtent à grossir les rangs des serfs et gueux des temps modernes qui souffrent et meurent l’hiver (comme l’été d’ailleurs) dans les rues de Paris comme dans celles de Nantes où reprennent de la vigueur certaines épidémies d’autres temps.Qu’elles sachent, oui qu’elles sachent bien qu’elles ne doivent espérer aucune aide et resteront, dans le meilleur des cas à la rue, à la merci d’un contôle d’identité et d’un retour expéditif à la frontière. Sur cette question qui nous préoccupe depuis plusieurs semaines, nous n’avons donc rien obtenu de bien concret si ce n’est le soutien nouveau et sans ambiguité de la Mairie et du Conseil Général de Loire-Atlantique pour une régularisation des familles concernées. Jean-Marc Ayrault s’est d’ailleurs engagé à trouver une solution de logements pour les familles qui seraient régularisées. Nous ne devons donc pas relâcher notre mobilisation.

 Dans ce cadre, il nous faudra cependant tenir compte des mises en garde très claires que l’on peut qualifier (encore qu’elles soient inqualifiables) de "pression" ou de "chantage", lesquelles consistent à dire : "si vous occupez un lieu public ou privé en regroupant plusieurs familles la police interviendra immédiatement pour interpeler les familles présentes et les expulser dans la foulée". On a vu qu’à Tours les menaces ont été mises à éxécution, et plus près de nous hier au soir devant la Clinique de l’Espérance, le dispositif policier peu discret mis en place pour nous dissuader d’attaquer au couteau suisse ou éventuellement à la lime à ongle les grilles d’accès à la clinique, avait pour seul mérite celui d’éclairer des intentions qui ne méritaient pourtant pas de l’être. Voilà qui redonne le ton après les premières mesures d’un mauvais air du chantage déjà entonné la semaine dernière sans grand talent sur le thème "si vous médiatisez les familles, elles n’auront ensuite aucune chance d’être régularisées".

Faut-il rappeler qu’une dizaine de familles sont d’ores et déjà à la rue, certaines depuis plusieurs semaines, sans autre solution que celles d’élans de solidarité forcément limités dans le temps. Pour toutes celles qui vont sortir il n’y aura à aucun moment (et nous aurions été fort surpris du contraire) de la part de la Préfecture d’ordre de réquisition de lieux d’hébergement collectif d’urgence que M. Mareschal ne s’est dit prêt à céder que dans ces conditions. Des conditions acceptables en ce qu’elles respecteraient une loi pourtant si peu respectueuse des droits d’un Homme à vivre et à faire vivre dignement ses enfants. Je crains fort que tous les frileux d’aujourd’hui ne soient un jour comptables de leur frilosité aux yeux de l’Histoire et des générations futures.

Albert Jacquard, Monseigneur Gaillot et Michel Tubiana ont su, hier, bien mieux que moi trouver les mots qu’il faut pour faire entendre cette mise en garde à qui voulait bien l’entendre. Je les en remercie encore de leur soutien précieux et des actes d’espoir qu’ils ne cessent de poser contre vents et marées.

Bref, nous avons encore bien du pain sur la planche et devons d’ores et déjà préparer au mieux les prochaines étapes d’une mobilisation qui, nous l’avons vu ces derniers jours, aura porté bien des fruits en une année de témoignages, d’appels de détresse et de résistance.

Aussi, soyez nombreux à la prochaine édition de la marche avec valises au départ de la Place du Commerce mercredi 22 juin à partir de 17 h 30, une marche suivie par la réunion hebdomadaire du Collectif à la Manu à partir de 19 H.

Pour le Collectif Enfants Etrangers Citoyens Solidaires de Nantes

Frédéric CHERKI

PS / En complément de celui de Jean-Marc Ayrault adressé hier au soir, je fais suivre le communiqué de presse rédigé le 15 juin par le Président du Conseil Général de Loire-Atlantique, Patrick Mareschal.

Com Press Mareschal 15 juin 2005 Sans-papiers