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Un acteur du film "La Blessure" conduit au centre de rétention de Vincennes
Publie le mercredi 6 avril 2005 par Open-Publishing2 commentaires

Bonjour,
Je vous fais suivre ci-dessous un courrier de Nicolas Klotz, réalisateur du film "La Blessure" (sortie en salle prévue mardi 5 avril ainsi que sur Arte à 22h45 ce mardi également mais dans une version courte -100mn au lieu de 2h50 dans sa version intégrale- sous le titre "Nus", sur les conditions des demandeurs d’asile à leur arrivée en zone d’attente de l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle), et qui concerne l’un des acteurs de ce film.
R.R.
Mardi dernier (le 22 mars), Adama Doumbia qui joue Papi dans "La blessure" a été contrôlé à la Gare du Nord par trois policiers en civil.
Comme son recours avait été rejeté en novembre dernier, il n’a plus le récépissé l’autorisant a rester sur le territoire français en tant que demandeur d’asile. Il a donc été immédiatement placé en garde à vue dans un commissariat de la Goutte d’Or, puis au Centre de Rétention de Vincennes..
La Préfecture du Police a entamé à son égard une procédure d’expulsion immédiate visant à le renvoyer dans les plus brefs délais en Côte d’Ivoire.
Hélène Gacon, présidente de l’ANAFE, a immédiatement contesté cette procédure et a pris sa défense.
Jeudi (le 25 mars), Adama est passé devant un premier juge au Palais de Justice de Paris. Elisabeth Perceval et Antoine Decourcelle ont accompagné Hélène Gacon à l’audience. Thomas Ordonneau, le distributeur de "La blessure" a rédigé une lettre faisant part des nombreuses invitations des salles de cinéma à travers la France demandant à Adama de venir participer aux débats organisés pour la sortie du film.
Nous avons aussi réuni un dossier avec tous les articles parus sur le film lors de sa présentation à la Quinzaine des Réalisateurs en mai dernier, ainsi que le dossier de presse du film, et un exemplaire du livre "La blessure" qu’Elisabeth Perceval vient de publier...
Nous avons également précisé que le mardi 5 avril, le téléfilm sera diffusé sur ARTE et que le journal "Libération" organise une avant-première de "La
blessure" pour ses lecteurs le même soir.
Malgré le soutien que nous avons apporté à Adama, le juge n’a fait que
"appliquer la loi", sans vouloir entamer de débat : comme Adama n’a pas de
passeport, le juge a rejeté la demande et Adama a été renvoyé au Centre de
Rétention de Vincennes.
Samedi (le 26 mars) Adama a été présenté devant une magistrate duTribunal
Administratif de Paris.
Afin d’accompagner Adama à l’audience, j’ai renoncé à l’invitation du Festival de Tétouan pour présenter le téléfilm ARTE ce week-end.
François Sauvagnargues et Arnaud Louvet de l’Unité Fiction d’ARTE France ont
écrit une lettre prenant acte de cette décision, que nous avons joint au dossier d’Adama.
Le directeur du Festival de Tétouan aussi. Stéphane Batut, Antoine Decourcelle, et moi avons assisté à l’audience de samedi matin.
Un ami français d’Adama a apporté le contrat de travail d’Adama établi par
Aurora Films pour "La blessure" et ses fiches de payes ; mais malheureusement, Aurora Films n’a pas transmis comme nous le lui avons demandé la veille, la dérogation officielle accordée à Adama par le Tribunal Administratif lui autorisant de travailler sur le film.
Ce qui a valu de La part de l’avocat de la Préfecture de Paris une mise en
doute de la légalité de sa participation au film et n’a pas arrangé les affaires d’Adama.
Malgré les différentes solutions suggérées par Hélène Gacon àla Magistrate du Tribunal Administratif afin d’éviter à Adama un renvoi immédiat en Côte d’Ivoire, aucune n’a été retenue.
Seule celle formulée ironiquement par l’avocat de la Préfecture de Police semble avoir été entendue par elle, à savoir : puisque l’année dernière, Adama avait été présenté au Ministre de la Culture, comme tous les acteurs représentant la France au Festival de Cannes, le Ministre n’avait qu’a téléphoner lui-même pour interrompre la procédure d’expulsion immédiate.
Choquée par cet argument, Hélène Gacon a rappelé qu’il s’agissaitdu domaine réservé du Ministère de l’Intérieur et non pas de celui de la Culture ; ce à qui l’avocat de la Préfecture de Paris a répété qu’il suffisait que le Ministre de la Culture intervienne pour régler l’affaire en ajoutant qu’il ne comprenait pas pourquoi les Ivoiriens ne voulaient plus rentrer chez eux puisque l’armée française était sur place pour leur accorder protection et remettre de l’ordre dans le pays !
La Magistrate a donc très courageusement rejeté la demande d’Adama qui a été une nouvelle fois renvoyé au Centre de Rétention de Vincennes où, avec une centaine d’autres étrangers en rétention administrative, il vient de commencer une grève de la faim.
Dés mardi matin, Helène Gacon tentera une intervention auprès de la Préfecture de Paris. Si elle réussi, l’affaire sera réglée discrètement pour
le plus grand bien d’Adama ; sinon, sur les conseils de l’avocat de la Préfecture, j’écrirais donc au Ministre de la Culture, mais aussi à Jérôme Clément et à "Libération".
Merci de faire circuler.
Amitiés,
Nicolas Klotz.
Meyer JPierre et Françoise
16 rue rousset
42800 st Martin la plaine
Messages
1. > Un acteur du film "La Blessure" conduit au centre de rétention de Vincennes, 6 avril 2005, 23:41
URGENT : demandeur d’asile débouté, Adema est en grève de la faim à Vincennes et expulsion programmée : merci de faire suivre aux politiques à vos réseaux à nouveau.
Rappel ce soir sur ARTE 22 h "NU" ( zone d’attente Roissy, expulsions et mauvais traitements) .
quant à Adema, il a eu le malheur de se promener trop près de la gare du Nord, et donc d’avoir fait l’objet d’ un contrôle au faciès ( art 78.al 1 et 2 : contrôle abusif).
Demandeur d’asile débouté : il peut être expulsé en Cote d’Ivoire comme dit la Pref. Puisqu’il " y a l’armée française qui remet de l’ordre" ! ...
ce cynisme et cet acharnement sont inacceptables.
Toujours en rétention à Vincennes, il est en grève de la faim (...)
2. > Un acteur du film "La Blessure" conduit au centre de rétention de Vincennes, 8 avril 2005, 16:08
Bonjour
j’ai quelques amis qui ont fait l’objet de raffles au facies et qui se sont également retrouvés à Vincennes
ce que j’ai appris de ces expériences c’est que n’ayant pas de passeport quelques mauritaniens et maliens de ma connaissance n’ont pu être reconnus comme citoyens de leur pays d’origine par leurs ambassades à paris et et ne pouvaient donc pas être expulsables. quid de la côte d’ivoire ??? mais votre avocat doit connaître ces procédures
ce qui est terrifiant dans toutes ces affaires c’est ce délit, inventé par nos sociétés paranoïaques du classement et de la mise en case (en casse ?) , d’être 1 sans papier
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sylviane