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Un ancien proviseur parle de son expérience de la violence scolaire

Publie le vendredi 19 février 2010 par Open-Publishing
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Martine, ancienne chef d’établissement dans un collège, raconte comment elle a fait face à cette difficulté.

La violence scolaire est revenue sous les feux de l’actualité avec l’agression d’un lycéen au sein même de son établissement. Ancienne chef d’établissement dans un collège de la banlieue sensible de Lyon, Martine raconte comment elle y a été confrontée.

Vous est-il déjà arrivé d’avoir affaire à des problème de violence ? Quelles étaient vos solutions pour gérer ça ?

Il y a quelques années, des élèves avaient amené une bouteille d’acide au collège, un genre de cocktail molotov. Après cet incident, on avait tous un peu peur, et les profs voulaient user de leur droit de retrait. Pendant une réunion, je leur signale que ça n’est pas très correct de me laisser seule face aux 300 gamins, que c’est le moment de se serrer les coudes. La bouteille était évacuée, les fautifs étaient pris en charge... Il n’y avait pas de danger immédiat. Par contre, il y avait 300 ados à rassurer, avec qui parler de la situation, et ne pas laisser de doute sur le caractère grave de cet incident. Bref, on ne pouvait gérer ça qu’en équipe.

Il fallait toujours rester en alerte : quand il y a un attroupement dans la cour, c’est mauvais signe... En cas de problème, aller dans la cour pour montrer sa présence, avec du renfort si besoin. Et évacuer tout ceux qui ne sont pas dans la bagarre.

"Il me fallait une bonne dose de sang froid"

Je n’ai jamais traité un problème collectivement, mais toujours par des entretiens individuels. Ensuite, je comptais sur le travail de fond que j’avais mis en place. Ca compte, l’autorité que tu as sur tes élèves et la reconnaissance qu’ils ont de ta place de chef d’établissement. C’est valable aussi pour les profs, les assistants d’éducation, les adultes en général.

Il me fallait une bonne dose de sang froid... Je devais prendre des décisions très vite, et surtout avoir de bonnes relations avec les profs. J’ai toujours essayé d’être juste, même si j’étais ferme. Le seul moyen pour que mes décisions ne soient pas contestées.

Voyez-vous plus de violence qu’avant dans les établissement ?

Non, les bagarres de garçons au fond de la cour ont toujours existé. Ce qui change, c’est que les gamins viennent au collège avec un couteau, ce qui engendre des dégâts plus important. Je crois que c’est pour ça qu’il y a un peu plus de risque qu’avant.

Beaucoup d’élèves sont sûrs qu’ils n’auront pas d’avenir. Une mère seule avec une tripotée de gamins à élever et un frigo vide, c’est fréquent et un peu compliqué. Certains ados vivent dans une grande souffrance et se défendent comme ils peuvent. Si la violence augmente, c’est aussi le reflet d’une société qui va mal.

J’ai vu des directions qui déconnent, des parents, des profs qui déconnent. Il n’y a pas qu’un seul responsable, mais dans les quartiers difficile, ça ne pardonne pas. La violence n’augmente pas vraiment, mais cette médiatisation donne l’impression que tous les collèges sont à feu et à sang. Il ne faut pas exagérer !

Qu’est ce qui est facteur de cette violence ?

Je crois que le manque d’effectif est le plus gros responsable. Dans mon collège, on avait la chance d’être beaucoup d’adultes. C’est ce qui nous a permis de gérer de nombreux incidents.

A Vitry, 11 surveillants pour 1500 élèves, c’est beaucoup trop peu. C’est du travail d’équipe : si tous les adultes vont dans le même sens et que les ados voient que les limites sont claires, ça limite les problèmes. Enfin, on ne peut pas se plaindre que la violence augmente et réduire les effectifs - ça ne peut pas coller. On ne peut pas déshabiller les collèges et venir crier au loup !

http://www.lexpress.fr/actualite/societe/il-me-fallait-une-bonne-dose-de-sang-froid_849913.html

Messages

  • Beaucoup d’élèves sont sûrs qu’ils n’auront pas d’avenir. Une mère seule avec une tripotée de gamins à élever et un frigo vide, c’est fréquent et un peu
    compliqué. Certains ados vivent dans une grande souffrance et se défendent comme ils peuvent. Si la violence augmente, c’est aussi le reflet d’une société
    qui va mal.

    Tout est là ! Mais nos gouvernants préfèrent faire les aveugles et parler des jeunes musulmans qui portent leurs casquettes à l’envers. Fesons tomber cette société injuste, l’égalité et la vie solidaire supprimera la violence c’est une évidence.