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Un blessé par précipitation policière

Publie le lundi 2 juin 2003 par Open-Publishing

Un agent vaudois a provoqué la chute d’un militant de 20 mètres de haut.

Par Pierre HAZAN

lundi 02 juin 2003

Les dizaines de milliers de manifestants pacifiques n’ont pas cessé de se
démarquer des groupes de casseurs, allant parfois jusqu’à s’interposer.
Genève de notre correspondant

a mort d’un manifestant tué par un policier à Gênes lors du sommet du G8,
en 2001, avait provoqué la colère des altermondialistes. On a cru un
moment, hier à Genève, à la répétition du drame. A 11 heures, des
manifestants faisaient un sit-in sur l’autoroute Genève-Lausanne.
Parallèlement, deux altermondialistes descendaient en rappel de part et
d’autre d’un pont qui enjambe l’autoroute. Rapidement, des policiers
vaudois sont arrivés. Pressés de rétablir la circulation, ils ont bousculé
les manifestants pour dégager la voie.

Tension. Sur le pont, un policier a coupé le filin d’une banderole sans
voir que deux altermondialistes étaient suspendus à la corde, en train de
descendre en rappel. Résultat : un Britannique de 39 ans a fait une chute
de 20 mètres. Il est gravement blessé, mais ses jours ne sont pas en
danger.

Aussitôt, la nouvelle s’est répandue dans les manifestations de Lausanne,
Genève et Annemasse, et la tension est montée d’un cran. Chirac, conscient
du potentiel explosif d’une éventuelle bavure, prenait à deux reprises des
nouvelles du blessé. Une enquête a été aussitôt ouverte en Suisse.

L’accident et les réactions qu’il a suscitées sont symptomatiques du
climat qui s’était instauré et de la peur panique des autorités suisses
que les manifestations échappent à tout contrôle. Quelques groupes
d’autonomes, moins d’un millier de « casseurs », n’ont cessé de jouer la
stratégie de la tension entre Lausanne et Genève. Ainsi, à Lausanne,
pendant des heures, ils se sont affrontés durement à la police, hier
matin.

Fossé grandissant. Durant les rassemblements, les dizaines de milliers de
manifestants pacifiques n’ont cessé de se démarquer de ces groupes de
casseurs, allant parfois jusqu’à s’interposer. Rarement le fossé a été
aussi visible entre les adeptes de la violence et la majorité des
manifestants.

Les groupuscules ont sans doute aussi mis à rude épreuve les nerfs de
policiers suisses démunis de toute « culture de crise » et de manifestations
de masse. Au point que, fait sans précédent, un millier de policiers
allemands antiémeutes étaient venus en renfort. Cette européanisation des
policiers, pour une Suisse qui n’est pas membre de l’Union européenne,
témoigne combien les autorités se sentaient débordées, voulaient limiter
« la casse » et protéger l’image d’un pays havre de paix.