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Un enseignant-chercheur lance un défi à Nicolas Sarkozy

Publie le mardi 10 février 2009 par Open-Publishing
3 commentaires

Le 22 janvier, devant un parterre d’hommes politiques, de présidents d’universités et de chefs d’entreprise, M. Nicolas Sarkozy s’est longuement exprimé sur le thème de la recherche en France.
La vidéo de son discours est disponible en ligne :
http://www.dailymotion.com/swf/k1HM...

Entre autres choses, M. Sarkozy affirme que la recherche française est « médiocre », que les chercheurs sont entrés dans la carrière « parce qu’ils ont vu de la lumière et qu’il faisait chaud », et qu’en somme, ce sont des fainéants, des planqués et des parasites.

Il y aurait beaucoup à répondre à M. Sarkozy. Mais à quoi bon ? Car, à proprement parler, Monsieur le président, quand il parle de la recherche, ne sait pas de quoi il parle. Nulle allusion ici au fait qu’il ait été ou non un brillant étudiant, mais à son incompétence à parler d’un domaine – la recherche – dont, s’il clame haut et fort qu’il est l’avenir du pays, il ne mesure aucun des enjeux véritables, aveuglé par le dogme du profit à très courte vue, par l’idéologie du CAC 40, par l’idée aussi largement installée dans les consciences qu’elle est fausse qu’on pourrait rendre immédiatement « rentables » les investissements destinés à la recherche, et par un concept de la « rentabilité » strictement financier. Pour M. Sarkozy, le savoir doit devenir une marchandise comme les autres, l’université et les organismes de recherche une entreprise parmi d’autres.

Comme au bon vieux temps, en réponse aux diffamations de notre président envers les chercheurs et envers la recherche, je lui lance un défi, je le provoque en duel. Un duel de mots, bien évidemment, au cours duquel, s’il le relève (lui en personne, et pas un de ses acolytes) , je le confondrai, démasquant aux yeux de tous, en quelques répliques, qu’il ignore ce dont il parle et n’a aucunement le souci de l’avenir bien compris de ce pays.

Ci-après, la lettre que je lui ai adressée le 8 février 2009.

Monsieur le Président de la République,

En tant que citoyen de ce pays et acteur de la recherche et de l’enseignement supérieur, suite à votre discours du 22 janvier concernant la recherche en France, je vous défie en débat public contradictoire. Un duel verbal, loyal, entre vous et moi, sur un sujet clairement énoncé : « la recherche ».

Les Français ont le droit d’entendre autre chose que les approximations dédaigneuses dont vous avez usé à propos d’un métier et d’une mission de service public qui, chacun s’accorde à le proclamer, portent des enjeux décisifs pour l’avenir de notre pays.

Il y aurait de votre part un vrai courage, que le peuple français saurait certainement reconnaître, à accepter un véritable débat avec un enseignant-chercheur de base, qui (comme la très grande majorité des Français) ne brigue aucune charge ministérielle, ne cherche aucune gratification personnelle, n’appartient à aucun parti et à aucun syndicat et ne dispose d’aucun conseiller pour l’aider à préparer ses discours. Il y aurait, surtout, un geste propre à montrer, aux esprits chagrins qui en doutent, votre profond respect de la démocratie : premier citoyen du pays, vous n’en restez pas moins, en vertu de la devise et de l’esprit de notre République, un citoyen parmi d’autres, qui, je ne saurais en douter, a de ce fait d’autant plus à cœur de faire une place à la parole concurrente que la sienne résonne plus puissamment. Je ne peux me résoudre à croire que, maintenant que différents acteurs et organismes de la recherche en France vous ont signifié leur déplaisir après votre discours du 22, vous puissiez supporter plus longtemps l’idée que vous auriez abusé de votre position pour abuser nos concitoyens. Je vous offre une occasion à nulle autre pareille de signifier au peuple que vous représentez qu’il aurait tort de douter de votre équanimité.

Président de tous les Français, vous ne pouvez bien évidemment leur donner la parole à tous. L’accorder, publiquement, à un universitaire quelconque, mû par le seul désir de débattre avec vous sur un sujet capital, voilà qui cependant attesterait votre ouverture d’esprit, votre souci réel de tenir compte de la grande diversité du monde et des opinions, votre passion de l’avenir de la France.

Comptez sur le fait, si vous acceptez ce défi, que notre débat ne sera pas faussé par ma complaisance. De votre côté, en homme d’honneur, je sais que vous ne vous défausserez pas sur tel ou tel de vos collaborateurs.

Avec mes salutations républicaines.

Christophe Mileschi

Professeur des universités

Paris Ouest Nanterre (Paris10)

http://www.bakchich.info/Un-enseign...

Messages

  • Excellent de proposer un tel duel et je parie que NS ne tiendrait pas la longueur, tellement il est inculte et vit avec des oeillères. "Vite des sels" !

    Sans rire, j’aimerais bien savoir si ce qu’il avance sur les chercheurs britanniques est vrai, parce qu’il a l’habitude de nous raconter des salades. J’aime autant boire à la source directement. Rappelez-vous le coup des grutiers hollandais (si je me rappelle bien) qui travaillaient beaucoup plus que les notres. Avec un beau démenti par la suite, et encore parce que quelqu’un est allé voir directement les chiffres.

    Que ce bout de vidéo circule à volonté sur le net, parce que c’est minable qu’un chef d’Etat crache sur les siens comme il le fait et avec si peu d’élégance. On dirait qu’il est le chef de la Grande-Bretagne ou des USA, mais pas de la France. Il est abominable.

    Qu’est-ce qu’il a fait à par blablater dans sa vie qui justifie qu’il se mette au dessus de nous tous ?

    • (Entre autres choses, M. Sarkozy affirme que la recherche française est « médiocre », que les chercheurs sont entrés dans la carrière « parce qu’ils ont vu de la lumière et qu’il faisait chaud », et qu’en somme, ce sont des fainéants, des planqués et des parasites.)

      Monsieur Le nabot parle de lui.Ce symtôme très fréquent dans la paranoïa,s’appelle la projection.C’est à dire : identifier chez l’autre, ses....gros défauts et les lui reprocher.Ceci afin de mettre à distance ses complexes :(médiocrité,fainéantise et profit).

      Ce mécanisme de défense(inconscient),à vrai dire d’attaque (dans la réalité), est également ,celui plus structurel, du pervers.

      Je pencherais plutôt pour le deuxième diagnostique,qui rendrait donc notre individu entièrement responsable de ses propos et actes.

      Dans les deux cas,cet individu est dangereux et capable du pire.

      Et serait après avis d’experts, à soigner ou à condamner.

  • Bravo, je suis prêt à servir de témoin !

    Vive la lutte des chercheurs. L’Université montre noblesse et courage face aux assauts de l’ultra-libéralisme mortifère, c’est réconfortant et encourageant !

    Soleil Sombre