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Un jour de plus : la guerre en Irak bat la 2ème guerre mondiale

Publie le vendredi 1er décembre 2006 par Open-Publishing
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di Gabriel Kolko

Mondialisation.ca, Le 27 novembre 2006 Il manifesto

"La guerre irakienne est depuis hier (samedi 25 novembre 2006, NDT)
la seconde plus longue guerre que les Etats-Unis aient jamais menée.
Avant-hier, notre titre "1303 ème jour de paix » voulait faire
apparaître que le président Georges W. Bush avait déclaré la fin de
la guerre de façon un peu anticipée, déjà au printemps 2003. Ensuite
les choses ont continué un peu différemment.

Désormais, la durée de la guerre irakienne a dépassé celle de la
2ème guerre mondiale, vue des Etats-Unis. Pour eux elle avait en
fait commencé le 7 décembre 1941. A cette époque aussi avec une
attaque non précédée d’une déclaration de guerre. La différence
c’est que cette fois l’attaque n’a pas été portée contre les
américains, comme à Pearl Harbor, mais que ce sont eux qui ont
bombardé Bagdad, sans préavis, en détruisant avec des bombes géantes
et des missiles le restaurant où Saddam Hussein devait se trouver,
selon les services secrets".

Extrait de l’éditorial de Guglielmo Ragozzino,
http://www.ilmanifesto.it/Quotidiano-archivoi/26-Novembre-2006/ART39.html . (Traduit de la version italienne par Marie-Ange Patrizio)

En Irak, le gouvernement étasunien est en train d’assister à la
faillite de toute sa politique sur le Moyen-Orient, projet ambitieux
pour lequel les Israéliens nourrissent un profond intérêt. Il est
aussi en train de réaliser les limites de son effrayante force
militaire. Bush et sa clique le dénient, mais les USA sont en train
de prendre la même route que celle qui les a conduits à la défaite
en Corée et au Vietnam, tandis que leur armée est de plus en plus
crispée et démoralisée. Ils ont fondé leur politique extérieure sur
des fantasmes et dangers inexistants, des rêves et des désirs néo-
cons, pour ne satisfaire que partiellement l’objectif israélien,
tout aussi illusoire, de transformer tout le Moyen-Orient de façon
à ce qu’il accepte Israël sous n’importe quelle forme proposée par
le volubile électorat israélien.

Depuis 1945, la politique extérieure Us a toujours été lourde de
dangers, mais ce groupe ci est le pire groupe d’incompétents qui
ait jamais détenu le pouvoir à Washington, qui a « choqué et
effrayé », pour employer l’expression de l’ex-secrétaire à la
défense Rumsfeld, lui-même. Pour les guerriers conservateurs les
choses sont désastreuses. Le président Bush a fait des élections
de mi-mandat un référendum sur la guerre ; pour son parti ça a été
une défaite. Désorientation, dépression et sentiment de défaite ont
laissé le président et ses néo-cons entre deux eaux. Ils ont le
pouvoir pour deux années encore ; de ce fait nous sommes à la merci
de personnes irresponsables et dangereuses dont la rhétorique s’est
révélée une recette désastreuse en Afghanistan et en Irak - un
cauchemar surréaliste.

L’opinion publique étasunienne est en grande majorité opposée à la
guerre (55% des votants désapprouvent la guerre, et presque tous
énergiquement). L’électorat s’est exprimé contre la guerre et de
façon seulement périphérique pour les Démocrates, dont la majeure
partie avait vaguement laissé entendre qu’ils allaient faire quelque
chose à propos de la guerre en Irak ; mais ils ont immédiatement
fait marche arrière sans la moindre honte. Les gens, et en
particulier ceux qui se rendent aux urnes, réagissent face à la
réalité plus rapidement que par le passé, ce qui signifie que les
politiciens traditionnels doivent les trahir très rapidement. Les
gens posent des bornes que les politiciens ambitieux ignorent,
courant cependant un risque plus grand que jamais, parce que la
population a montré qu’elle était prête à renvoyer chez eux les
canailles : qu’ils soient Démocrates, comme en 1952 et en 1968, ou
Républicains, comme en ce mois de novembre.

Le public étasunien est plus que jamais opposé à la guerre, et
personne ne peut plus prévoir ce que l’avenir réserve ; certains
Républicains pourraient doubler des Démocrates à gauche, en prenant
des positions opposées à la guerre, en conservant ainsi leurs
propres positions de pouvoir, ou même en en gagnant de nouvelles.
Que la population soit par conséquent, préjudiciablement,
cyniquement ignorée - tout comme elle l’a été immédiatement après
les dernières élections étasuniennes- est un fait aussi, mais son
rôle ne peut pas être surévalué ni ignoré. L’expérience montre que
les politiciens, quelle que soit la manière dont ils se définissent
et sous toutes les latitudes, ne sont jamais fiables. Jamais. Il est
très difficile de prévoir ce que fera cette administration, même si
les désastres de ces six dernières années ont rendu bien moins
praticables certaines options. En un certain sens, ceci est positif,
même si le coût en termes de vies sacrifiées et de richesses
dilapidées a été immense.

La commission bipartisane Baker-Hamilton est profondément divisée et
même si - avec un accent sur le « si »- elle proposait une
alternative claire, le président serait libre de l’ignorer. Le
Pentagone a formulé différentes alternatives, synthétisées dans les
formules go big, go long (toutes les deux requérant 5 à 10 ans
pour « irakiser » la guerre), ou même go home, mais lui aussi est
divisé.

Une chose est certaine en tout cas : il n’a ni les hommes, ni le
matériel, ni la liberté politique pour commettre les mêmes erreurs
qui avaient été commises au Vietnam, comme les deux premières
hypothèses le nécessiteraient. En Irak il n’y a pas d’options parce
que les USA ont traumatisé le pays tout entier en créant des
problèmes immenses qu’ils ne savent pas comment résoudre.

Personne ne peut prévoir ce que feront les USA en Irak parce que
l’administration Bush espère préserver l’illusion du succès, et
qu’elle est vraiment confuse sur la façon de procéder. Elle a créé
un chaos. Très probablement, dans les années à venir, l’Irak restera
une tragédie, un pays brisé par la violence. Bush a causé un énorme
désastre en mettant en péril la vie de millions de personnes.

Beaucoup de choses dépendent du président, dont la politique a
totalement échoué en Irak, et échoue aussi au Liban. Une des options
est l’escalade : la guerre avec l’Iran. Israël pourrait attaquer
l’Iran pour entraîner avec lui les Etats-Unis, mais, seul, il ne
peut être qu’un catalyseur et il le sait, au moins à certains
niveaux. Et Ehud Olmert et Bush ont la même approche de ces
questions.

Quoi qu’il en soit, Bush n’a pas exclu la guerre avec l’Iran, malgré
les avertissements de nombreux représentants de l’armée : un tel
conflit aurait de vastes répercussions, il durerait
vraisemblablement des années et les Usa le perdraient après avoir
généré une Apocalypse. Même s’ils utilisaient des armes nucléaires.
Mais cette éventualité devient moins probable parce que le Pentagone
y est de plus en plus opposé, et, de plus, il n’a pas de ressources
suffisantes pour mener ce genre de guerre, qui pourrait durer des
années : à moins que ne soit utilisée immédiatement une force
nucléaire écrasante, chose improbable.

Une série de théoriciens néo-cons se sont repentis de l’aventure
irakienne, et aussi de certaines des prémisses fondamentales qui
l’avaient causée, mais ce serait une erreur de donner pour escompté
que cette administration ait un contact avec la réalité, et qu’elle
puisse tirer un enseignement de l’électorat ou d’intellectuels néo-
cons isolés. Il y a encore énormément de gens à Washington qui
poussent pour risquer le tout pour le tout, et cultivent encore des
illusions. Reste le facteur impondérable, l’attitude semi religieuse
de Bush : fantasme et illusions mêlées à des désirs. La victoire est-
elle au tournant si nous augmentons nos hommes ? Les troupes
irakiennes entraînées par les étasuniens pourront-elles gagner sur
des ennemis qui ont eu le dessus sur les forces armées Usa ? Une
telle stratégie avait été adoptée au Vietnam, et elle échoua. De
nombreux présidents décisivement plus sages que Bush ont eu recours
à des illusions de ce genre. Pourquoi pas Bush, aussi ? La situation
sur le terrain, beaucoup plus problématique pour la puissance
étasunienne qu’il n’était prévisible il y a six ans, est un facteur
crucial. Mais cela pourrait ne pas suffire à empêcher un
comportement irrationnel. Nous, tout simplement, nous ne pouvons pas
le savoir. C’est un moment périlleux pour le monde entier.

Gabriel Kolko est historien canadien, auteur de « Le livre noir de
la guerre ».

Cet article a été traduit de l’anglais à l’italien par Marina
Impallomeni, pour il manifesto.

Edition de dimanche 26 novembre 2006 de il manifesto

http://www.ilmanifesto.it/Quotidiano-archivio/26-Novembre-2006/art30.html

Traduit de la version italienne par Marie-Ange Patrizio

La pétition du Brussel Tribunal pour un retrait immédiat des forces
d’occupation en Irak.

"Comment sortir d’Irak ? http://www.brusselstribunal.org/

Les forces armées américaines doivent négocier un retrait immédiat
avec la résistance irakienne. Le peuple américain doit tenir leurs
dirigeants pour responsables de crime d’agression ".

http://www.mondialisation.ca/index....

Messages

  • Aucun commentaire à cette intervention..... étonnant non ! alors que l’avenir est plombé par cette intervention des américains, personne n’ose émettre un simple avis sur les enjeux réels de cette militarisation de l’accès auxressources énergétiques de la planète. De virtuelle qu’est actuellement la communication sur le conflit irakien( cf déclarations très optimistes sur l’issue de la guerre par G.B) et la grande incertitude sur le nombre de morts dans ce conflit, nous refoulons allègrement la responsabilité politique des chefs d’états belligérants.Oui cette guerre comme par hazard permet à une économie capitaliste de survivre au dessus d’impératifs moraux énoncés comme les versets du coran mais christiannisés et après tout que le meilleur gagne etc etc.....
    Quelques uns suivent attentivement la progression de la "modernité"en cours et de la virtualité qui lui sert de nouveau dogme. France