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Un lycéen viré pour cause de blocage...

Publie le lundi 6 juillet 2009 par Open-Publishing

S’il est connu que les entreprises privées poussent au licenciement des syndicalistes, on ne savait pas que cela pouvait aussi être le cas dans les lycées... pour les élèves ! Au lycée Maurice Ravel de Paris, le proviseur refuse la réinscription d’un élève au motif que celui-ci renâcle à s’engager par écrit à renoncer à toute forme de blocage de son établissement...

"Le problème du lycée, c’est qu’il y a les lycéens" déclarait Philippe Guittet en décembre 2008. Depuis lors, le proviseur du lycée Maurice Ravel (Paris 20e) a trouvé la parade. Imparable... Il vient de signifier à l’un de ses élèves qu’il n’accepterait sa réinscription qu’en contrepartie d’un engagement écrit à renoncer à bloquer son lycée lors de mouvements de grève.

Tristan Sadeghi, un élève sans histoire, mais engagé

Cette année, avec ses camarades, il a sollicité les équipes municipales pour tenir des réunions de coordination lycéenne dans les locaux de la mairie. Il est aussi intervenu dans le cadre d’une grande réunion publique sur les enjeux de l’école et a été l’un des premiers soutiens du Front de Gauche aux élections européennes. Ce qui ne l’empêche pas d’être particulièrement apprécié de ses professeurs qui n’ont absolument rien à redire, ni sur ses résultats, ni sur son comportement. Il vient d’être admis en terminale ES sans difficulté. Aucun conseil de discipline à son actif. Tristan a tout de même une tare : il a participé à des mouvements de grève et au blocage de son lycée... comme des milliers d’autres étudiants du pays.

Esprits rebelles... entre les murs au cinoche, par la fenêtre au lycée !

Le 16 juin 2009, Tristan se pointe au secrétariat de son établissement pour y déposer son dossier de réinscription. Mais le personnel refuse de le réceptionner, invoquant un ordre du proviseur. Le 24 juin, suite à un courrier du père de l’étudiant, Hossein Sadeghi, mettant en cause cette décision qui lui semble "totalement discriminatoire", Philippe Guittet confirme la sentence : Tristan doit absolument s’engager par écrit à "ne plus organiser" de blocage de son lycée pour pouvoir être réinscrit. Il invoque un "trouble inacceptable" mettant en péril la "sécurité des élèves" et affirme que "les personnels eux-mêmes craignent pour leur intégrité physique face à l’utilisation de barrières de chantiers par les manifestants". Ces mêmes personnels qui, aujourd’hui, soutiennent Tristan, malgré les armes de destruction massive déployées. Curieux. Le rectorat a également été contacté, mais n’a pas encore donné suite.

Manifestation devant le rectorat

Danielle Simonnet, adjointe au Maire de l’arrondissement, a publié un communiqué dans lequel elle fait part de sa "stupéfaction" et appelle les "syndicats d’enseignants, lycéens, étudiants, élus, journalistes, responsables politiques et intellectuels" à "manifester leurs soutien et leur solidarité avec Tristan". Une manifestation est prévue lundi 6 juillet à 11h30 devant le rectorat (94 Avenue Gambetta, Paris 20e) pour exiger sa réinscription sans conditions.

Eloge du dialogue

On éjecte les milliers d’étudiants ayant participé à des actions de blocage, on stoppe le financement d’établissements dont les élèves prennent un malin plaisir à manifester... Une solution à la crise ? Ironie de la situation, le proviseur Philippe Guittet a aussi été secrétaire général du SNPDEN, premier syndicat national des personnels de direction de l’Education nationale. A ce titre, en 2004, il avait appelé les chefs d’établissement de France et de Navarre à la grève administrative pour contester la loi sur le port de signes religieux à l’école, arguant que "dialoguer, les personnels de direction savent le faire depuis des années"... La preuve !

Source : "Les motsont un sens"

http://www.lesmotsontunsens.com/proviseur-lycee-maurice-ravel-refus-reinscription-tristan-sodeghi-blocage-manifestation-4970