Un pacte pour l’autonomie

[18 février 2007]

Jean-Hugues Ratenon et sa petite troupe, qui parlent au nom de « nout tout », ont applaudi dans une loge réservée au public à la dernière assemblée plénière de la Région au vote unanime des conseillers régionaux sur le décret concernant la mise en place d’un observatoire des prix à la Réunion.

Et pourtant, au cours du débat, après que furent annexées au dossier soumis aux élus les contributions du CESR et d’un collectif des associations qui visent à améliorer ce texte, ce ne sont pas les attaques qui ont manqué pour le fustiger. Tout portait à croire que la collectivité allait adresser un non ferme au gouvernement. Jusqu’à ce que Paul Vergès invitât l’assemblée à dire oui au décret proposé.

Mais alors, comment et pourquoi le groupe communiste a-t-il réussi à prendre parfaitement à contre-pied Wilfrid Bertile, Denise Delorme, Christine Soupramanien de l’Alliance ? Surtout quand on sait que dans le déroulé du débat, c’est Huguette Vidot de la droite qui la première a parlé d’accepter ce décret comme il se présentait.

Pour un leader communiste, l’essentiel est d’anticiper sur l’avenir de son parti. Et dans l’esprit de Paul, l’avenir c’est Pierre, à qui le pouvoir régional doit être transmis avec de bonnes perspectives sur le terrain. Il semble bien que pour obtenir son pacte d’autonomie locale avec Nicolas Sarkozy le PCR soit prêt à laisser tous les postes de députés à la droite, à tout faire pour empêcher les socialistes de prendre Saint-Denis. Mais il demande à la droite en contrepartie de lever le pied pour les municipales à Saint-Pierre et à Saint-Louis.

Ce parti n’a rien perdu de son réalisme ; c’est la droite locale qui tourne le dos à l’avenir : aucun texte d’analyse politique n’a été présenté à la population. Il semble bien que tout ait été tricoté pour les accords financiers sous les ailes des grands groupes, et pour les accords électoraux dans le silence les cabinets parisiens. Laissez-nous faire sur le plan local et dans l’articulation entre le champ de responsabilité de l’État et celui de la Région ; et avec le savoir-faire que nous avons pour lancer et contenir des revendications sociales tout le monde sera gagnant. Tel est le discours du PCR.

C’est ainsi que l’observatoire des prix ne sera plus qu’un instrument au service d’une démocratie participative à la mode communiste, pour continuer à faire apparaître le parti de Paul Vergès comme le champion du progrès social dans l’île. Avec tous les bénéfices pour les prochaines régionales. Les fonctionnaires (et les retraités) vont alors voir leurs avantages fondre comme neige au soleil, et, le plus grave, si la droite s’installe durablement dans une ère sarkozienne, le démantèlement des grands services publics sera vite à l’ordre du jour avec encore des pouvoirs accrus pour le conseil régional.

Et dans un tel contexte, inutile d’espérer une évaluation sérieuse du travail des élus ! Ainsi donc, si ce pacte politique aboutit, l’autonomie sera installée dans les faits. Une synthèse entre ce que l’on avait appelé l’autonomie bourgeoise et l’autonomie démocratique et populaire, rêvée par des esprits bourgeois dans les années soixante, se réalisera.

Avec la disparition progressive de la garantie de l’État républicain quant à l’aide à apporter aux citoyens pour faire progresser l’égalité, la justice et la liberté !

Nicolas Bonel

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