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Un peu de poèsie !

Publie le jeudi 22 mars 2007 par Open-Publishing
9 commentaires

En ce jour international de la Poésie proclamé par l’UNESCO, il nous a paru important de rendre hommage à deux figures incontournables du monde des lettres que sont Aragon et Eluard.

Leur talent, leurs convictions, leurs idéaux forcent le respect.

Parce que l’émancipation, par l’Art et la culture est depuis toujours au cœur du projet communiste, voici quelques poèmes engagés de ces grands communistes, qui évoquent la Résistance, la solidarité de classe par l’hommage rendu aux FTP MOI salis par les nazis, et la soif de liberté.

L.P.

de LOUIS ARAGON in « La Diane Française » 1944

Du Poète à son Parti

Mon parti m’a rendu mes yeux et ma mémoire
Je ne savais plus rien de ce qu’un enfant sait
Que mon sang fût si rouge et mon coeur fût français
Je savais seulement que la nuit était noire
Mon parti m’a rendu mes yeux et ma mémoire
 
Mon parti m’a rendu le sens de l’épopée
Je vois Jeanne filer Roland sonne le cor
C’est le temps des héros qui renaît au Vercors
Les plus simples des mots font le bruit des épées
Mon parti m’a rendu le sens de l’épopée
 
Mon parti m’a rendu les couleurs de la France
Mon parti mon parti merci de tes leçons
Et depuis ce temps-là tout me vient en chansons
La colère et l’amour la joie et la souffrance
Mon parti m’a rendu les couleurs de la France

Liberté de Paul Eluard in "Poésie et vérité" 1942

Liberté

Sur mes cahiers d’écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable sur la neige
J’écris ton nom
 
Sur toutes les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J’écris ton nom
 
Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J’écris ton nom
 
Sur la jungle et le désert
Sur les nids sur les genêts
Sur l’écho de mon enfance
J’écris ton nom
 
Sur les merveilles des nuits
Sur le pain blanc des journées
Sur les saisons fiancées
J’écris ton nom
 
Sur tous mes chiffons d’azur
Sur l’étang soleil moisi
Sur le lac lune vivante
J’écris ton nom
 
Sur les champs sur l’horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J’écris ton nom
 
Sur chaque bouffée d’aurore
Sur la mer sur les bateaux
Sur la montagne démente
J’écris ton nom
 
Sur la mousse des nuages
Sur les sueurs de l’orage
Sur la pluie épaisse et fade
J’écris ton nom
 
Sur la vitre des surprises
Sur les lèvres attentives
Bien au-dessus du silence
J’écris ton nom
 
Sur mes refuges détruits
Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J’écris ton nom
 
Sur l’absence sans désirs
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J’écris ton nom
 
Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l’espoir sans souvenir
J’écris ton nom
 
Et par le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer

de Louis Aragon (1955) in « Roman inachevé »

Strophes pour se souvenir (L’affiche rouge)

Vous n’avez réclamé ni gloire ni les larmes
Ni l’orgue ni la prière aux agonisants
Onze ans déjà que cela passe vite onze ans
Vous vous étiez servis simplement de vos armes
La mort n’éblouit pas les yeux des Partisans
 
Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes
Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants
L’affiche qui semblait une tache de sang
Parce qu’à prononcer vos noms sont difficiles
Y cherchait un effet de peur sur les passants
 
Nul ne semblait vous voir Français de préférence
Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant
Mais à l’heure du couvre-feu des doigts errants
Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA FRANCE
 
Et les mornes matins en étaient différents
Tout avait la couleur uniforme du givre
A la fin février pour vos derniers moments
Et c’est alors que l’un de vous dit calmement
Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre
Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand
 
Adieu la peine et le plaisir Adieu les roses
Adieu la vie adieu la lumière et le vent
Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent
Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses
Quand tout sera fini plus tard en Erivan
 
Un grand soleil d’hiver éclaire la colline
Que la nature est belle et que le coeur me fend
La justice viendra sur nos pas triomphants
Ma Mélinée ô mon amour mon orpheline
Et je te dis de vivre et d’avoir un enfant
 
Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient le coeur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
Vingt et trois qui criaient la France en s’abattant

-Billet original : http://mjcf13.gauchepopulaire.fr/in...

-Billet antifasciste : http://mjcf13.gauchepopulaire.fr/in...

-Sur le blog des Jeunes et Etudiants Communistes des Bouches du Rhône : http://mjcf13.gauchepopulaire.fr/in...

Messages

  • C’était autrefois, quand les cocos entraient en résistance et contre les lois iniques , maintenant celui qui fout en l’air sa carriere professionnelles et l’avenie de ses enfants en militant sans être un élu, le staff senat, conseiller regionnaux ou autre petit bourgeois élu sous la bannière pc
    en a rien a foutre de celui qui n’a pas les moyens d’internet.

    Le temps passe quand même pour tout le monde, et la terre continue de tourner avec ou sans nous ;
    Qu’aurons nous fait d’autre que de la sucer telles des tiques sur le dos d’un chien ?

  • ARAGON et ELUARD ! La belle affaire ! Le beau duo ! Les poètes du Parti qui n’en sont jamais partis. Des staliniens purs souches qui non seulement ont renié leur engagement de jeunesse (l’époque surréaliste) mais de plus ont infecté la poésie en la qualifiant de militante ! Rien de plus mauvais que les poèmes engagés. Deux belles ordures à oublier.
    Vive Péret et "Le déshonneur des poètes" qui fut une cinglante réponse au texte d’Eluard "L’honneur des poètes" !!

    • Voilà ce qui arrive quand on veut regarder les plus grands de ses contemporains par le petit bout de sa lorgnette anti-communiste : on ne voit que le trou de son cul !

      Francis G

    • Faut il être stupide et inculte pour écrire cela....

      Vous ètes un tout petit crétin, un foutriquet.

      Jips

    • aragon sur le tard en viendra à mesurer ses "aveuglements" ses soutiens honteux,ses silences coupables,c’est bien le moins.
      D’autres poetes avaient vu depuis longtemps l’horreur stalinienne.
      Je prefere l’aragon pote de breton ,sa jeunesse flamboyante,sa periode surrealiste.
      Oui grand écrivain assez classique avecl’âge.
      MAIS...... ;je ne pourrais jamais passer sous silence ses compromissions avec le stalinisme.
      on cte l’affiche rouge certes et c’est sublime ,mais n’oublions pas les odes à thorez:il revient...
      ha la nullité et la honte !
      Allez je remets l’affiche rouge,sur le phono Avec Ferré l’anarchiste..c’est trop beau.

    • Oui remettez l’affiche rouge. et réflechissez. Prenez du la hauteur. ne jugez pas avec 50 de recul, c’est trop facile. Remettez le dans son époque.

      Et puis, vouloir réduire l’oeuvre d’Aragon à ses écrits politiques est un "crime culturel" ! L’auteur d’Aurélien est multi forme lui qui a su sans autre pareil dire comment vivent les Hommes de toutes conditions.

      Quelle tristesse d’une époque qui crache sur Aragon et Eluard alors que ses figures intellectuelles les plus en cours sont les nains, BHL, Onfray, Glusksmann, etc ....

      Jips

    • Je partage entièrement votre analyse. L’Aragon du "Paysan de Paris" quel éclat ! Ensuite, il fut l’incarnation de sa Moscou la gâteuse…

  • quelqu’un pourrait me dire pourquoi l’affiche présente que 10 condamné alors que la chanson en évoque 23 ??? réponder assez vite svp c urgent
    merci d’avance