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Un précis des mutations de personnes à Cuba

Publie le vendredi 17 septembre 2010 par Open-Publishing
15 commentaires

Cuba : réduction d’un demi-million d’emplois dans le secteur public
Marc Vandepitte
www.cubanismo.net

L’annonce qu’on va supprimer un demi-million d’emplois publics à Cuba a battu le tambour dans
les médias occidentales. Est-ce une rupture avec le socialisme ? Et comment faut-il comprendre
cette mesure ?

Le 13 septembre la Centrale des travailleurs de Cuba (CCT) a annoncé que l’emploi dans les
entreprises publiques sera fortement réduit. D’ici à avril 2011 un demi-million d’emplois seront
éliminés et, plus tard peut-être encore autant. Les plans ont été préparés minutieusement pendant
des années et ont été suffisamment discutés. En août ils ont été annoncé par le président Raúl Castro
devant le Parlement.

La Période Spéciale

Pour comprendre ce qui se passe, il faut remonter dans l’histoire récente de l’île.(1) La chute du
mur de Berlin en 1989, la fin de l’Union soviétique deux ans plus tard et une intensification du
blocus économique ont provoqué une crise économique sans précédent à Cuba : le commerce
extérieur a été réduit à moins d’un quart et le PIB (la richesse qu’un pays produit chaque année) a
diminué de 35%. Les conséquences pour la population étaient graves : dans les années 1991-1994
qui furent très difficiles, les cubains ont souffert de la faim, il y avait des interruptions de courant
jusqu’à 16 heures par jour, il n’y avait presque pas de transports publics, etc... C’était comme une
guerre en temps de paix, ce qu’on a appelé la « Période Spéciale. » Presque tout le monde était
convaincu que la fin de la révolution était imminente. La probabilité d’un éclatement était presque
cent pourcent. Cela n’est pas arrivé, mais le pays en a eu pour quinze ans avant de revenir au niveau
de 1989.

Un certain nombre de blessures se font [fait] sentir jusqu’aujourd’hui.
L’agriculture et une bonne
partie de l’industrie ont été perturbées complètement. Une série de secteurs ne marchaient qu’à une
fraction de leur capacité. Puisqu’il n’y avait pas de licenciements en masse, comme c’est l’usage dans
une économie capitaliste, il se produisait un degré élevé de sous-emploi : plus de vingt pour cent
des travailleurs dans le secteur public étaient surnuméraires. Mais ce qui affectait le plus
l’économie, c’est le fait que la monnaie nationale, le peso, s’ effondra entièrement. Cela était et est
d’autant plus grave parce que l’île est très dépendante du commerce extérieur, un commerce qui à
son tour est fortement entravé par le blocus économique. Dorénavant le pays devrait se maintenir
dans le marché mondial à partir d’une position extrêmement faible et vulnérable. Afin de pouvoir
disposer d’un maximum de devises le gouvernement a établi une nouvelle monnaie, le CUC, d’une
valeur d’un peu plus de un dollar. Bien que ce système de double monnaie évita que les plus faibles
durent endosser la crise, il ne pouvait pas empêcher qu’il se produise un abîme entre les Cubains qui
disposent des devises, parce qu’ils travaillent dans le secteur du tourisme ou parce qu’ils ont de la
famille à l’étranger (environ 60% de la population), et les autres compatriotes.

De la marge pour des nouvelles initiatives

Pour l’économie cubaine jusqu’à la première moitié de cette décennie c’était « marche ou crève ».
Doucement il y avait de nouveau de la marge pour arranger les choses. Fidel Castro a donné le
signal de départ en Novembre 2005. Il lança alors une attaque frontale contre la corruption
généralisée et annonça des mesures. C’était un an et demi avant qu’il tombe gravement malade.

1

Dans l’été 2007, le président par intérim Raúl Castro renoua le fil et dénonça le manque d’efficacité
dans l’économie. Il lança une vaste consultation de la population dans le but d’adapter le modèle
économique aux nouveaux défis et circonstances historiques. De cette enquête sortaient de
nombreux plans, mais en 2008-2009 il y eut deux éléments rabat-joies d’importance. À l’automne
2008 en quelques semaines trois ouragans causèrent des dégâts sans précédent. La perte a été
estimée à 20% du PIB. Puis vint la crise économique et financière. Elle a frappé l’île très fortement
en raison de sa position faible dans le marché mondial. Il y avait une pénurie de devises temporaire,
mais aiguë. À l’été 2010 ce problème aigu était sous contrôle. En dépit de ces rabat-joies et de
graves problèmes dans certains secteurs comme l’agriculture, l’économie obtenait des résultats plus
que suffisants : pour la période 2004-2009 il y a eu une croissance annuelle moyenne de 6% contre
3,6% en Amérique latine.(2) Il y avait donc de la marge pour de nouvelles initiatives et le moment
était venu de s’attaquer aux défis structurels. Nous avons traité cette matière d’une manière détaillée
dans un rapport de Février 2010.(3) Ici nous traçons les grandes lignes et à la fin nous abordons les
mesures annoncées.

Deux défis fondamentaux

Le défi le plus fondamental de la révolution, est l’écart entre le domaine économique d’un côté et le
domaine social, culturel et intellectuel de l’autre côté. En ce qui concerne les trois derniers
domaines, l’île atteint un niveau comparable à un pays riche moyen. L’économie, toutefois, a le
profil des pays relativement pauvres dans la région. Cela reflète les priorités du projet socialiste
partant d’une base économique faible et d’une position fragile dans le marché mondial. Le
développement social élevé, culturel et intellectuel suscite des attentes élevées, mais il manque de
base économique et cela crée des frustrations chez la population. Vous êtes un grand pianiste mais
vous n’avez pas de piano à queue, vous êtes chirurgien mais ne disposez pas d’une voiture propre,
vous êtes ingénieur mais vous n’avez pas de gsm ou ordinateur portable ...

Ce fait est renforcé par
l’effet de démonstration du tourisme. L’appareil photo numérique, un iPod ou un téléphone portable,
ce sont des choses la plus naturelle pour un touriste, mais elles sont pour la majorité des insulaires
pratiquement hors d’atteinte. Ce luxe écrase les Cubains.
Ce sentiment de frustration dans la sphère de consommation a un impact significatif dans la sphère
de production. Comment inciter les gens à travailler efficacement si, avec le salaire, on ne peut
acheter des articles de luxe convoités, ou bien parce que la rémunération est trop faible ou parce que
la vente de ces produits est interdite ? Comment par exemple à une température de plus de trente
degrés et une humidité élevée motiver les jeunes hautement qualifiés à travailler dans l’agriculture,
bien que l’emploi soit assuré ? En ce sens, Cuba est un petit peu victime de son propre succès.

Un deuxième défi fondamental est lié avec les conséquences de la Période Spéciale. Le salaire, qui
est payé en pesos, est pratiquement sans valeur par rapport au dollar et à la CUC. Ceux qui n’ont
que des pesos doivent payer des prix impossibles pour une paire de chaussures, un morceau de
viande en dehors de la ration de base, ou par exemple un micro-ondes.

Travailler dur ou pas, tu
n’entreprendras pas grand chose avec ton maigre salaire. En d’autre mots, il n’y a plus de lien direct
entre l’emploi, le salaire et le pouvoir d’achat. Une telle situation est hautement désavantageuse pour
la motivation au travail. Pourquoi ferais-tu de ton mieux si avec ton effort tu ne peux acheter
pratiquement rien ? C’est pourquoi pas mal de Cubains recourent à des activités illégales à fin
d’obtenir des CUC supplémentaires et ainsi il se produit un système généralisé de « débrouillardise ».

De ce fait, les travailleurs cubains risquent de s’aliéner de la vie économique. Ils ne se sentent plus
responsables pour le produit final ou pour la prestation de service et se sentent encore moins
propriétaires des moyens de production, ce qui est pourtant un des principaux piliers du socialisme.

Les réponses à ces défis

2

Cette situation est intenable à long terme. Le salaire doit être davantage lié au dévouement et aux
résultats. A la lumière de ces événements le gouvernement a pris une série de mesures depuis 2008,
à savoir une augmentation de salaire dans l’éducation, l’introduction de la rémunération selon la
quantité et la qualité de travail apporté, et la possibilité d’exercer deux emplois. Depuis l’année
académique 2009-2010 les emplois étudiants sont autorisés. Dans un nombre croissant d’entreprises,
le salaire est lié à l’effort individuel de l’employé, c’est à dire l’assiduité et la ponctualité. Ces
mesures sont un bon début, mais ne suffisent pas . Voilà pourquoi on est passé à une vitesse
supérieure : la restructuration d’ une partie importante de l’économie publique. L’objectif est
quadruple : donner un nouveau job aux salariés en excédent, une plus grande décentralisation de la
production, une autonomie plus grande pour les producteurs locaux, et last but not least, faire en
sorte que les gens considèrent leur emploi comme première source de revenus correspondant à
leurs besoins réels.

Dans ce but, vers la fin de Mars 2011, le gouvernement cubain veut transférer un demi-million de
personnes employées dans le secteur public vers d’autres secteurs ou les faire travailler selon d’autre
statuts. Récemment, le gouvernement a fait de sérieux investissements dans un certain nombre de
secteurs, y compris l’extraction du pétrole, la construction, la biotechnologie, l’industrie
pharmaceutique et le tourisme. Cela concernera une part importante des travailleurs d’Etat. En ce
qui concerne les autre statuts, on pense aux coopératives, le travail à son propre compte, l’usufruit
ou la location des terres, etc. En outre, les règles seront assouplies. Les gens qui travaillent pour leur
propre compte seront en mesure d’emprunter de l’argent et auront accès à la sécurité sociale, ils
pourront embaucher des gens et pourront passer des contrats avec le gouvernement. Mais bien sûr
ils devront payer des impôts.

Le transfert d’emplois vers d’autres secteurs ou selon d’autres statuts, sera effectué d’une manière
progressive et sera basé sur les compétences des salariés concernés. L’ensemble du processus sera
codirigé par le syndicat (CTC). Il veillera à ce que le processus se déroule d’une manière ordonnée
et sociale. Pour que le processus réussisse, le CTC souligne qu’un changement de mentalité est
nécessaire. Au cours de la Période Spéciale l’emploi et le salaire étaient garantis indépendamment
du dévouement ou la performance de l’employé. Mais à ce moment-là, il n’y avait pratiquement pas
d’alternative d’emploi. Cette situation a changé et à partir de maintenant on tiendra compte du
dévouement et/ou du résultat.

Comme Raúl Castro l’a déclaré laconiquement : « Nous devons effacer l’image selon laquelle Cuba
est le seul pays du monde où l’on peut vivre sans travailler ».

Mise à jour du modèle socialiste

Réduire le secteur de l’État avec un demi-million d’emplois, c’est à dire un huitième du total, aura
certainement des conséquences profondes. Mais Cuba n’en est pas à son premier essai. Dans les
années quatre-vingts, on a déjà organisé un transfert de 300.000 de travailleurs agricoles des fermes
d’Etat vers des coopératives. A ce moment-là environ 200.000 personnes ont commencé à travailler
à leur propre compte. Et au début de cette décennie un peu plus de 100.000 travailleurs de
l’industrie de la canne à sucre ont été recyclés dans d’autres secteurs. Dans l’histoire de la révolution
cubaine, on n’a jamais abandonné quelqu’un à son sort, même dans les périodes les plus difficiles.
La terminologie utilisée par certains médias à propos des mesures actuelles, que le gouvernement
cubain « jetterait des centaines de milliers de personnes à la rue » est donc totalement injustifiée.

En Février, nous avons écrit que vu « les grands défis du pays, nous devrons nous attendre à toute
une série de réformes ». Maintenant ils ont mis ce projet en route. Cela ne signifie pas que la
révolution cubaine change de modèle ou de route ou qu’elle envisagerait de le faire, mais, pour
reprendre les mots de Raúl, qu’on va chercher « le modèle économique qui est favorable pour le
pays » et qui « peut garantir l’irréversibilité du système sociopolitique ». Cela signifie également que
la révolution ne persiste pas dans des schémas sclérosés, mais que par contre elle répond et réagit
avec souplesse aux défis et aux circonstances.

Ressources

Discours prononcé par Raúl Castro, le 1er août 2009.
http://www.granma.cubaweb.cu/2009/08/01/nacional/artic19.html

Discours prononcé par Raúl Castro, le 1er août 2010.
http://www.cubadebate.cu/noticias/2010/08/01/raúl-castro-la-unidad-es-nuestra-arma-estrategica/

Communiqué la Centrale des travailleurs de Cuba, CTC, du 13 Septembre 2010.
http://www.cubadebate.cu/noticias/2010/09/13/reducira-cuba-medio-millon-de-plazas-en-el-sectorestatal/

Rapport de Reuters le 14 Septembre 2010
http://www.reuters.com/article/idUSTRE68D5A320100914

Notes

(1) Pour un traitement détaillé de cette période, voir M. Vandepitte, Le pari de Fidel. Cuba entre le socialisme et le capitalisme ?, Berchem 1998.

(2) Les chiffres sont tirés du CEPAL, l’organisme de l’ONU qui traite du développement socio-économique de l’Amérique latine et les Caraïbes.

(3) M. Vandepitte, ‘Qu’en est-il de la révolution cubaine après Fidel Castro ?’
http://www.mo.be/fileadmin/pdf/MO-paper40_cuba.pdf

Source : cubanismo.net


Mon observation : Ce n’est pas la première fois ces changements à
Cuba. Il faut se rappeler de l’immense changement dans l’agriculture à la fin des relations privilégiées avec l’Europe de l’Est. Lorsque la culture exportatrice de canne à sucre fut interrompue sur des centaines d’hectares pour faire place aux cultures vivrières . Ah ! Si tous les pays du Tiers-Monde pouvaient au moins copier cela, la faim dans le monde pourrait être éradiquée en grande partie !

Messages

  • Avec des syndicats aussi serviles on peut vraiment s’inquieter. Vos mutations en langage correct cela s’appelle des licenciements. La prochaine étape c’est l’economie de marché ! En clair le capitalisme . Le prix pour sauver Cuba ?

    • Licenciements ? Sauf que personne ne restera suir la paille comme les pays capitalistes. A Cuba il faut travailler ou étudier. Le Tiers-Monde ça vous branche ? Un enfant meurt de faim toutes les 5 secondes : Aucun n’est Cubain !

    • "Des syndicats aussi serviles"...

      Vous êtes évidemment à côté de la plaque. Quand on a fait une révolution, on la défend, on ne la saborde pas. La fonction des syndicats dans une société et un système politique et économique comme celui de Cuba n’est évidemment pas la même que quand la bourgeoisie et la haute-bourgeoisie sont au pouvoir. Par ailleurs, soit dit en passant, ces décisions découlent de la consultation de l’ensemble des travailleurs et de la population au cours de milliers de réunions sur les lieux de travail, les quartiers, les organisations de masse, etc.

    • Petite leçon de communisme pour les nuls qui croient (ou veulent faire croire) que les travailleurs individuels de Cuba (ou d’ailleurs) sont des capitalistes et les nouvelles mesures du gouvernement cubain un simple retour au capitalisme !

       un capitaliste possède (propriété....) le moyen de production sur lequel travaillent ceux qui le nourissent. Il vit, et prospère, grace à son capital, du travail d’autrui !

       Un prolétaire doit travailler pour vivre. C’est le cas aussi bien du fonctionnaire, que de l’ingénieur, ou de l’ouvrier de la grande entreprise capîtaliste aussi bien que publique ou que du paysans, cubain ou français qui s’échine dans une ferme propriété de l’état (Cuba) ou du crédit agricole (France). D’ailleurs la chanson ne dit pas "ouvriers (ou salariés) sauvons-nous nous même" elle dit : "Producteurs, sauvons-nous même" !

      En fait les capitalistes sont tellement peu nombreux, qu’en permanence ils cherchennt à s’adjoindre ceux, ou une partie de ceux qu’ils exploitent sans vergogne. Et, évidemment, certain, y compris sur BC, tombent dans le panneau !

      A Cuba, comme partout, le renouvellement de la force de travail a un coût. Plus cette force sera productive et mieux elle sera renouvellée (socialisme...). La recherche permanente de l’amélioration de la productivité est une loi d’airain. De cet oubli, les autres pays socialistes sont tombés !

    • Certes ! mais je pense qu’il serait plus utile au peuple de continuer dans la voie du communisne plutot que de s’orienter vers le capitalisme ! Sinon a quoi bon . ca ressemble en tout cas a la fin d’un système et avec l’appui des syndicats ce que je continue de trouver honteux . Quant aux soi-disant consultations !! faut-il en rire ou en pleurer !

    • Retour au capitalisme ? Vous allez vite en besogne !!! Qui vous parle de la fin d’un système ? Soi-disant consultations ? On vous consulte, vous, en France pour modifier quelque chose ?

  • il n’y a que 5% d’emplois privés à Cuba, c’est un pays socialiste où les profits sont gérés par l’état

    alors assez la propagande pro libérale

  • Petite leçon de communisme pour les nuls qui croient (ou veulent faire croire) que les travailleurs individuels de Cuba (ou d’ailleurs) sont des capitalistes et les nouvelles mesures du gouvernement cubain un simple retour au capitalisme !

     un capitaliste possède (propriété....) le moyen de production sur lequel travaillent ceux qui le nourissent. Il vit, et prospère, grace à son capital, du travail d’autrui !

     Un prolétaire doit travailler pour vivre. C’est le cas aussi bien du fonctionnaire, que de l’ingénieur, ou de l’ouvrier de la grande entreprise capîtaliste aussi bien que publique ou que du paysans, cubain ou français qui s’échine dans une ferme propriété de l’état (Cuba) ou du crédit agricole (France). D’ailleurs la chanson ne dit pas "ouvriers (ou salariés) sauvons-nous nous même" elle dit : "Producteurs, sauvons-nous même" !

    En fait les capitalistes sont tellement peu nombreux, qu’en permanence ils cherchennt à s’adjoindre ceux, ou une partie de ceux qu’ils exploitent sans vergogne. Et, évidemment, certain, y compris sur BC, tombent dans le panneau !

    A Cuba, comme partout, le renouvellement de la force de travail a un coût. Plus cette force sera productive et mieux elle sera renouvellée (socialisme...). La recherche permanente de l’amélioration de la productivité est une loi d’airain. De cet oubli, les autres pays socialistes sont tombés !

    • Ce n’est pas plutôt en singeant le capitalisme que le "socialisme" est tombé ???Utiliser des mots tel que productivisme chez un communiste me fait bondir...Si je suis communiste ce n’est pas pr m’enterrer dans des usines pourries. Le patron qu’il soit l’etat ou selliere c’est le même.

    • La productivité est une chose, le productivisme une autre !

      Si je suis communiste ce n’est pas pr m’enterrer dans des usines pourries.

      C’est pas parceque je suis communiste que j’ai envie de marcher pieds nus. J’ai donc acheté des godasses qui, pour être moins chère, sont fabriquées dans une usine (productivité). Par contre, je me fout de la dernière mode, et je ne me sens pas obligé de changer de godasses toutes les semaines (productivisme). Du coup çà ne me gène pas si les ouvriers de l’usine, s’ils le veulent, ne bossent que 10h par semaine dans "les usines pourries".....Sauf que si on peut, peut-être, envisager cela à Cuba, je sens que chez nous, 10 heures par semaine, ça risque de ne pas être possible ! Aux dernieres nouvelles, Sellières serait plus que dubitatif sur cette proposition !

      Mais que faire si, apparemment, comme moi, un grand nombre de cubains préfèrent marcher avec des godasses que pieds nus ? Remarque que marcher pieds nus est tout à fait respectable, à condition quand même que ça soit volontaire.

    • un capitaliste possède (propriété....) le moyen de production sur lequel travaillent ceux qui le nourissent. Il vit, et prospère, grace à son capital, du travail d’autrui !

      exactement.

      Et le capitalisme d’état (on l’appellera comme on veut) est un rapport de production par lequel une couche sociale dirige et exploite les producteurs, centralise le fruit de la rapine pour le redistribuer ensuite d’une façon nomenclaturiste à une couche sociale parasitaire qui va de haut vers le bas (en arrosant notamment des appareils policiers des fois pléthoriques).

      Les uns et les autres ont des méthodes de commandement de la production qui se ressemblent, tendant à faire des producteurs des gens sans droits , sans libertés d’association, politiques et syndicales.

      Les uns et les autres exercent une dictature sur le prolétariat .

      Cette tendance est commune au capitalisme classique comme au capitalisme d’état et exprime au fond l’absence de pouvoir des travailleurs.

      C’est pour cela que les régimes nomenclaturistes dérapent tous beaucoup plus aisément vers le capitalisme classique que vers un redémarrage de la révolution pour passer à la démocratie prolétarienne (chacun trouvera ses mots, autogestion, etc).

      Ca ne signifie pas que toutes choses sont égales . Il y a une difference entre la Chine du coefficient de Gini de 0.21 et celle qui est devenue maintenant plus inégalitaire que les USA (0.47) (selon les débats récents de l’APN).

      Ca ne signifie pas non plus qu’il n’y a pas de conquêtes sociales à défendre.

      Ca ne signifie pas non plus que les dirigeants soient des vampires ne pesant qu’à détrousser les prolétaires ;

      Là, actuellement, il se produit le même dilemme pour la direction cubaine que celui qui produisit des Gorbatchevs.

      Il faudra suivre cela attentivement.

    • Et le capitalisme d’état (on l’appellera comme on veut) est un rapport de production par lequel une couche sociale dirige et exploite les producteurs, centralise le fruit de la rapine pour le redistribuer ensuite d’une façon nomenclaturiste à une couche sociale parasitaire qui va de haut vers le bas (en arrosant notamment des appareils policiers des fois pléthoriques).

      Si cette description s’appliquait à Cuba, je pense que l’embargo US serait levé depuis longtemps et les indices de développement humain auraient été, comme dans les ex pays socialistes, sérieusement, revu à la baisse.

    • Lire les résolutions du PC cubain, les réflexions de Castro, etc, et tu pourras comprendre quelque chose.

      Là tu fonctionnes par rapport à un mythe pas par rapport à ce qui se passe réellement dans la société cubaine.

      L’état des USA et sa bourgeoisie étaient également pour tordre le cou à l’URSS et les pays de l’Est, ils auraient pu les arroser de bombes atomiques sans risques ils l’auraient fait.

      Ca n’a pas empêcher la nomenclatura russe de se transformer en bourgeoisie pour l’essentiel.

      L’opposition féroce de la France à l’Allemagne pendant des dizaines d’années n’a jamais déterminé la nature sociale de l’Allemagne. Et des exemples comme ça il y en a plein.

      L’Iran en est un exemple , l’opposition longue avec l’impérialisme ne fait pas le socialisme ou quoi que ce soit . L’analyse en termes de classes et de couches sociales demeure toujours necessaire, car la lutte des classes y fait rage là comme ailleurs.

      L’existence de grandes conquêtes sociales à Cuba ne fait pas un régime socialiste ni ne détermine qui dirige comme classe ou couche sociale. Ca exprime un rapport de forces des positions de la classe ouvrière qui fluctue, mais le prolétariat moderne cubain n’est pas aux leviers de commande . Il est dans les combines de survie en passant un temps extrêmement important et improductif pour trouver des choses de la vie quotidienne.

      Et il existe dans la société cubaine ce qui est le 2eme énnemi mortel et se nourrit de la pression du premier (ennemi), la nomenclatura.

      Tout cela est solide et largement documenté par les Cubains eux-mêmes, Castro lui-même.

      Nous approchons maintenant d’un nœud de décision sur la société cubaine.

      Soit le pouvoir populaire , l’auto-organisation, l’autogestion, sont favorisés du bas jusqu’en haut, la révolution reprends sa marche en avant et ça balayera forcement une partie du PC qui est là par opportunisme et désirs d’avantages. Et nous verrons alors là qui est qui.

      Soit on va vers une transition au capitalisme qui possède déjà l’avantage d’avoir une partie de la nomenclatura prête à se recycler en bourgeoisie comme cela fut en URSS, en Chine, et des méthodes de commandement sur le prolétariat similaires au despotisme interne des entreprises capitalistes.

      Le fond par ailleurs vient des contradictions héritées de l’histoire et de la pression du capitalisme international.

      Notre tâche est de desserrer l’étau autour de Cuba, faire lever ce qui reste du blocus, pousser à des aides des pays de l’UE en réparation du blocus illégitime.