Accueil > Un réalisateur entendu par la police pour délit de solidarité
Un réalisateur entendu par la police pour délit de solidarité
Publie le mercredi 7 octobre 2009 par Open-Publishing3 commentaires

Si vous désirez soutenir José Chidlovsky, vous pouvez signer notre pétition
Le réalisateur José Chidlovsky a été interrogé pendant près de deux heures par la police de Toulouse pour délit de solidarité (« aide au séjour de personnes en situation irrégulière »).
Il lui est reproché d’avoir hébergé un des personnages de son dernier documentaire, une jeune Algérienne sans papiers.
« Je leur ai dit que je l’ai fait et que je le referai ! Je vie en empathie avec ces gens qui vivent dans une peur permanente », a-t-il déclaré à sa sortie du commissariat.
Le réalisateur espère être inculpé et qu’il y aura procès. Il aura reçu l’appui d’une quinzaine de producteurs et réalisateurs, dont Robert Guédiguian, ainsi que de RESF 31 et la Ligue des Droits de l’Homme de Toulouse.
Délit de solidarité : convocation du réalisateur José Chidlovsky par la police de l’air et des frontières
La Ligue des Droits de l’Homme, le Réseau Education Sans Frontières (RESF), et la Société des Réalisateurs de Films (SRF), s’élèvent fermement contre la convocation lundi 5 octobre en qualité d’ « aidant » de José Chidlovsky par la police de l’air et des frontières.
José Chidlovsky, réalisateur et producteur de nombreux films, tourne depuis plusieurs mois entre Toulouse et Paris avec sa co-réalisatrice Rabeha El Bouati le documentaire Journal de sans-papiers, produit par Zadig Productions.
La protagoniste du film, S. F., est hébergée par le réalisateur à la suite d’une tentative de suicide qui découle de sa situation familiale très difficile.
Comme le répète à l’envi le Ministre Eric Besson dans les journaux et sur les ondes : le délit de solidarité « est un mythe ». Et pourtant José Chidlovsky, convoqué en qualité d’« aidant » encoure une peine de 5 ans de prison et de 30 000€ d’amende. La Ligue des Droits de l’Homme, RESF et la SRF s’inquiètent des dérives potentielles de cette convocation sur la liberté nécessaire au métier de documentariste.
La Ligue des Droits de l’Homme, RESF et la SRF demandent instamment à la justice française d’arrêter toutes les poursuites contre José Chidlovsky en suivant les bonnes paroles de notre Ministre de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité Nationale et du Développement Solidaire : « Le délit de solidarité n’existe pas ».
Soutien à José Chidlovsky
Peut-on encore aujourd’hui réaliser un documentaire sur des personnes privées de papiers ? Pour s’être immergé dans le sujet, le réalisateur José Chidlovsky (#) risque aujourd’hui d’être inculpé :
La société Zadig (°) , avec le soutien du Conseil Régional de Midi-Pyrénées, s’est investie dans la production de Journal de Sans Papiers, documentaire auquel travaillent depuis plusieurs mois les réalisateurs Rabeha El Bouhati et José Chidlovsky. Tourné dans les régions parisienne et toulousaine, ce film traite des conditions de vie de personnes privées de papiers, en témoignant de leur quotidien, de leurs peurs et de leurs espoirs par le biais de caméras qui leur ont été confiées.
L’un des protagonistes principaux de ce documentaire est une jeune femme d’origine algérienne : S.F. ; à l’anniversaire de ses 18 ans, elle a déposé en avril dernier une demande de titre de séjour en préfecture de Haute-Garonne. Elle a déclaré à cette occasion être hébergée au domicile de José Chidlovsky. Alors qu’elle attendait ardemment son passage à l’âge adulte comme une promesse d’émancipation, elle redoutait aussi, la date approchant, de devenir une “sans papiers” en âge d’être expulsée. C’est dans une crise de désespoir que les réalisateurs l’ont sauvée in extremis d’une tentative de suicide alors qu’elle enjambait la balustrade d’un balcon situé au 11è étage de sa tour.
Depuis ce jour, S.F. a vécu effectivement chez le réalisateur. À son dossier, étaient joints de nombreux témoignages attestant de sa parfaite intégration à la société française et de son profond désir d’émancipation. Une attestation de Zadig certifiait par ailleurs l’implication sincère et talentueuse de S.F. dans ce projet documentaire.
Quelques semaines après avoir déposé cette demande, S.F. recevait de la Préfecture une Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF), exécutoire dans un délai d’un mois. Depuis, la jeune femme vit dans la peur et la clandestinité.
Courant août, deux policiers en civil de la Police Aux Frontières (PAF) se sont présentés au domicile toulousain de José Chidlovsky, afin de procéder à son interpellation, ainsi qu’à celle de S.F. N’ayant pas de réquisition, le réalisateur a refusé de leur ouvrir et ceux-ci sont repartis en lui signifiant oralement l’objet de leur visite, le menaçant de revenir l’embarquer prochainement, menottes au poignets.
Début septembre, José Chidlovsky apprend officiellement que la PAF souhaite l’interroger sur « les conditions de séjour en France de mademoiselle S.F. » Ayant confirmé la présence de S.F. à son domicile, il apprend faire l’objet d’une procédure judiciaire en qualité d’« aidant ».
Convoqué lundi 5 octobre, José Chidlovsky a été entendu pendant 2h30 à la PAF de Toulouse-Blagnac. L’infraction à été reconnue et le dossier transmis au Procureur de la République qui doit maintenant décider de son éventuelle inculpation. Si José Chidlovsky est inculpé, il encourt 5 ans de prison et 30 000 € d’amende, aux termes du Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile (CESEDA) Selon Monsieur Besson, seuls les réseaux de passeurs étaient visés par l’Article L 622-1 du Ceseda punissant “toute personne qui aura, par aide directe ou indirecte, facilité ou tenter de facilité l’entrée, la circulation ou le séjour irréguliers d’un étranger en France.” Nous ne mettons pas en doute la bonne foi du ministre mais, si tel est le cas, pourquoi le réalisateur José Chidlovsky risque t-il une inculpation alors qu’il ne fait « que » tourner un documentaire ?
La réalisation d’un tel projet suppose une qualité de relation, un don de soi et une confiance réciproque, qui ne sauraient s’évaporer au seuil d’un domicile. Rabeha El Bouhati et José Chidlovsky auraient-ils dû laisser S.F. sombrer dans le désespoir, au propre comme au figuré ? Auraient-ils dû renoncer à leur responsabilité personnelle et professionnelle, en l’abandonnant à son sort ? Zadig production considère que non, que l’exercice de l’activité de documentariste se trouve mise en danger par cette procédure judiciaire engagée à l’encontre d’un réalisateur. Un film documentaire est en quelque sorte un lieu de rencontre et d’échanges entre son réalisateur et ses personnages, un lieu respectueux de l’autre, un lieu d’hospitalité réciproque, bref tout à la fois un lieu commun, singulier et pluriel, à l’image de la communauté humaine.
L’ensemble de notre profession est concernée par cette atteinte à la pratique d’un genre qui, à notre sens, se fourvoie lorsqu’il se passe d’humanité. Mais, au-delà, nous voyons planer dans cette procédure inédite entravant le libre exercice de notre activité, la menace de poursuites à venir à l’encontre de la libre parole artistique et journalistique. Aujourd’hui, plus qu’un réalisateur, ce sont les libertés de création et d’expression démocratique, qui semblent suspectes d’activité délictueuse et risquent d’être poursuivies.
Félicie Roblin, Paul Rozenberg, producteurs de Zadig Production (°).
(#) José Chidlovsky a été à l’initiative de la création de la société de production Les films à Lou au début des années 90. Il a produit et participé à la réalisation de l’émission littéraire “Qu’est-ce qu’elle dit Zazie ?”. Depuis la disparition des Films à Lou, victime du syndrome du Quichotte, il se consacre depuis exclusivement à la réalisation de documentaires.
(°) Zadig Productions a été désigné « meilleur producteur »de l’année par le jury du prix de la Procirep.
Premiers signataires :
Félicie Roblin Productrice Zadig ProductionsPaul Rozenberg Producteur Zadig ProductionsBruno Nahon Producteur Zadig ProductionsYves Jeuland RéalisateurPatrick Barbéris RéalisateurPatrick Sobelman Producteur Agat Films/Ex NihiloRobert Guédiguian Réalisateur/Producteur Agat FilmsDenis Freyd Producteur Archipel 33Serge Lalou Producteur/Réalisateur Les Films d’IciNino Kirtadzé RéalisatriceSophie Goupil Productrice Les poissons volantsOlivier Mille Producteur ArtlineXavier Carniaux Producteur AMIPDavid Kodsi Producteur K’ien ProductionsJean-François Boyer Producteur Tétra MédiaTancrède Ramonet Producteur Temps NoirCarmen Castillo RéalisatriceDidier Cros RéalisateurPatricia Boutinard-Rouelle France TélévisionFabrice Puchault France Télévision
Si vous désirez soutenir José Chidlovsky, vous pouvez signer notre pétition.
Messages
1. Un réalisateur entendu par la police pour délit de solidarité, 7 octobre 2009, 17:50, par coyote60
Bravo,
toute ma sympathie à ce monsieur. Si tout le monde avait ce courage, les "autorités" ne pourraient pas grand chose contre nous...
Vive la solidarité !...
2. Un réalisateur entendu par la police pour délit de solidarité, 7 octobre 2009, 20:44, par jean 1
Respect et entièrement d’accord avec ces réalisateurs et producteurs.Je demande également à passer en jugement pour l’hébergement des fant^omes de mes parents dépourvus de papiers.A bas les frontières,les nations et les états.Vive la terre sociale et libertaire.
3. Un réalisateur entendu par la police pour délit de solidarité, 8 octobre 2009, 07:07, par coyote60
Je vois que nos idées sont similaires...