Accueil > Un vent de panique

Un vent de panique

Publie le jeudi 24 janvier 2008 par Open-Publishing
2 commentaires

Un vent de panique

Un vent de panique souffle sur les marchés financiers. Subprime, pétrole cher, conflits violents un peu partout à travers la planète, crise écologique généralisée etc. Décidément le capitalisme ne va pas bien.
Il faut toutefois rester prudent, très prudent. L’histoire de ce système nous a appris qu’il est capable de digérer ses crises, aux moyens souvent barbares s’il le faut, comme les guerres par exemple et de renaître de ses cendres. Revenons sur cette fameuse crise des subprimes

Aux Etats-Unis, pays capitaliste par excellence, les banques ont fait croire aux pauvres qu’ils pouvaient eux aussi, même s’ils n’avaient pas vraiment les moyens financiers, devenir propriétaires. On leur a dit également que les premières échéances ne seraient pas lourdes à supporter et qu’ils auraient la possibilité d’étaler les remboursements sur plusieurs décennies. Les taux de l’emprunt peuvent certes augmenter mais peuvent aussi baisser puisque il s’agit des taux variables. De toute façon, en cas de problème, ils auront toujours la possibilité de vendre leur maison, rembourser le prêt et peut être même réaliser une petite plus-value.

Il faut préciser que les dettes des pauvres ont été transformées en produits financiers (dans le jargon des spécialistes on parle de titrisation) qu’on vendait sur les marchés sans création aucune de richesses réelles. Ces titres se sont même révélés rentables.
Résumons. Il s’agit des crédits immobiliers accordés aux ménages américains pauvres à taux variables élevés qu’on transformait en titres négociables sans création de richesse.

Entre temps, la Fed (La banque centrale américaine) a décidé d’augmenter ses taux d’intérêt (même si elle les a baissés par la suite). Les autres banques ont immédiatement répercuté cette hausse sur leurs clients. En parallèle, la demande des biens immobiliers s’est orientée à la baisse, ce qui a entraîné du même coup la diminution de leur valeur. De ce fait, certains ménages se sont retrouvés dans l’impossibilité de rembourser leurs dettes.

La panique s’empara des marchés. Et comme ces titres ont été vendus à de nombreuses banques, fonds de pensions, fonds d’investissements et autres hedge funds, la crise s’est répandue très rapidement d’abord aux Etats-Unis, ensuite en Europe et enfin dans le monde entier. Les premières faillites apparaissent. Des banques prestigieuses sont en situation de quasi faillite comme par exemple la britannique Northern Rock.

L’or, en tant que valeur refuge, reflète bien cette panique. L’once d’or a battu un nouveau record historique le 11 janvier 2008 à 900,10 dollars (1). Bush, désemparé, veut lancer un plan de relance. Les places financières sont perturbées. Christine Lagarde revoit à la baisse ses prévisions sur la croissance française.

On fait alors appel aux Banques centrales, car les autres banques refusent d’acheter ces titres risqués. La Fed et la Banque Centrale Européenne (BCE) vont injecter des centaines de milliards de dollars pour justement acheter ces produits financiers que personne ne veut.
On vient donc au secours de ceux-là mêmes qui sont responsables de la crise. On peut légitimement s’interroger sur le véritable rôle de ces banques centrales. « La lutte contre l’inflation » mise en exergue par la BCE ne correspond pas à ses pratiques. En injectant massivement des euros par centaines de milliards dans le circuit économique pour sauver ceux qui spéculent sur les dettes des pauvres n’est-ce pas là une contradiction avec son propre objectif ? La BCE est prompte à dénoncer les augmentations des salaires comme facteur d’augmentation des prix, mais jamais celle des profits. J.C. Trichet, président de la BCE, ne déclarait-il pas il y a encore quelques jours que celle-ci « ne tolérera pas une spirale inflation-salaires » ? (2). L e caractère de classes de ces institutions apparaît ici au grand jour.

Mais ces interventions sont restées sans effets. Alors on sollicite l’Etat. Cet Etat même que l’on fustige tous les jours pour mieux l’utiliser lorsque les intérêts privés sont menacés. Bush va dégager alors des fonds publics (140 à 150 milliards de dollars) pour les intérêts privés. Toutefois, « les chômeurs, les retraités en difficultés, les familles faisant l’objet d’une saisie de leur appartement pour cause de surendettement et tous ceux qui, ne payant pas d’impôt sur le revenu par manque de moyens » ne sont pas concernés par ce plan de sauvetage (4). Voilà un exemple, parmi tant d’autres, montrant que « le gouvernement moderne n’est qu’un comité qui gère les affaires commune de la classe bourgeoise toute entière » (5).

Pendant ce temps là, on continue à licencier par milliers : 49000 hommes et femmes dans le secteur de la construction en décembre 2007, 31000 dans l’industrie et 24000 dans les service malgré une période propice aux ventes (3).

Le taux de chômage aux Etats-Unis est passé de 4,4% en mars 2007 à 5% en décembre (2) et les prévisions liés à l’emploi demeurent sombres. Cette augmentation soudaine du chômage, qui touche désormais tous les secteurs de l’activité économique, risque d’avoir des répercussions importantes sur la consommation qui demeure le moteur de la croissance américaine.

Les défauts de paiement augmentent et les saisies de logements atteignent des records mettant des familles pauvres dans des situations dramatiques.

Nul ne peut dire aujourd’hui, surtout pas les spécialistes, prévisionnistes, analystes et autres expert (richesse dans le vocabulaire qui contraste avec la misère de leurs prévision) qui n’ont rien vu venir jusqu’où ira cette crise.

Les racines profondes de celle-ci ne résident pas dans le fait que les Banques Centrales encouragent ces prédateurs financiers à toujours recommencer, ou dans des prises mal calculées des risques ou dans tout autre explication de ce genre, mais tout simplement dans le fonctionnement même du capitalisme et particulièrement dans son ressort fondamental, le profit.

Mohamed Belaali

(1) Le Monde du 13/14 janvier 2008 p. 11
(2) Le Monde du 12 janvier 2008 p. 13
(3) Le Monde du 6/7 janvier 2008 p. 9
(4) Le Monde du 20/21 janvier 2008 p. 10
(5) K. Marx, F. Engels. Manifeste du parti communiste

Messages

  • J’ai lu que les traites des acheteurs américains de leur logement

    étaient passées de 400 dollards mensuels à 1500 dollards.

    Qui pourrait faire face ?

    Michèle

  • S’il y a des syndicalistes de la poste ici, je voudrais qu’ils se renseignent :

    Qu’en est-il du projet de rapprochement entre LA POSTE et la SOCIETE GENERALE ?

    Le nom de code était parait-il "STENDHAL", comme "rouge et noir"

    Est-ce que par hasard, cela ne sera pas un pretexte pour éponger une dette sans doute prévue à l’avance ?

    Merci si vous avez des réponses, j’ai un compte à la Poste.

    JYD.