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Une campagne de verité sur l’argent
Publie le dimanche 16 décembre 2007 par Open-Publishing1 commentaire
Une campagne de verité sur l’argent
PAR PIERRE LAURENT
Edito de l’Humanité-Dimanche N°90 Semaine du 13 au 19 décembre 2007
Mis en difficulté sur la question du pouvoir d’achat, Nicolas Sarkozy cherche à renouveler les termes du marché de dupes qu’il avait vendu aux Français pendant la campagne électorale sous le vocable « travailler plus pour gagner plus ». Seulement l’affaire se complique, car maintenant les belles formules ne suffisent plus. Les salariés font leur compte et ne voient rien venir. Pour parvenir à ses fins, le chef de l’État tente une nouvelle offensive en procédant comme à son habitude à un détournement des mots. Ainsi, toute mesure visant à déréglementer un peu plus le travail, à amoindrir les garanties collectives qui l’entourent, est désormais présentée dans la rubrique pouvoir d’achat : le travail du dimanche, le rachat des RTT qui va de pair avec le dépeçage des 35 heures, la défiscalisation des heures supplémentaires, autrement dit l’augmentation des exonérations de cotisations sociales patronales... Toutes ces mesures et bien d’autres deviennent ainsi, par la magie du discours présidentiel, des mesures en faveur du pouvoir d’achat. Les salariés qui reçoivent leur feuille de paie auront beau se frotter les yeux, le total net inscrit au bas de cette feuille ne variera pas. Mais cela n’empêchera pas le gouvernement de marteler, comme le disait cette semaine la ministre de l’Économie, Christine Lagarde, qu’avec toutes ces mesures, le débat était clos, il n’y avait plus qu’à "faire tourner la machine" !
C’est donc au prix d’une intense pression idéologique censée convaincre les salariés de l’équation « déréglementation du marché du travail = pouvoir d’achat » que le pouvoir espère faire avaler ses bobards. Cela y va donc fort, du soir au matin, pour nous expliquer que les seules limites rencontrées par ceux qui veulent plus de travail et plus de salaires sont les protections sociales gagnées au fil du temps par les salariés et leurs syndicats. Repos du dimanche, horaires légaux du temps de travail. droits aux repos compensateurs... tout est montré du doigt, tandis que la responsabilité des colossaux prélèvements financiers et boursiers sur les richesses créées est totalement occultée.
C’est cette campagne permanente de mystification que la secrétaire nationale du PCF a entrepris de dénoncer dans le discours de clôture de l’assemblée extraordinaire de son parti, qui se tenait le week-end dernier à l’Arche de la Défense, à côté de Paris. Un militant communiste, salarié de la RATP engagé dans le mouvement sur les retraites et outré de voir ses collègues traités de « privilégiés », avait appelé tous ses camarades à une campagne de vérité sur l’argent qui existe dans le pays. Message reçu, la responsable communiste a annoncé le lancement d’une campagne de longue haleine qui fasse la vérité sur les richesses créées par le travail, celles qui sont accaparées par les prédateurs financiers, soustraites à l’investissement productif utile, une campagne qui décline les exigences populaires en matière de salaires, de retraites, de minima sociaux, de protection sociale, de formation, et mettent les pieds dans le plat pur l’utilisation actuelle de tout l’argent disponible.
Cette campagne si elle est effectivement menée dans la durée peut bousculer bien des idées reçues que le patronat s’acharne depuis des années à transformer en prétendues évidences. Le rôle des marchés financiers, des immenses fonds de capitalisation boursière, des énormes profits réalisés par les groupes du CAC 40 (près de la barre des 100 milliards d’euros), est sans cesse minimisé, alors que gît là un considérable potentiel de réorientation économique et sociale pour le pays. A l’inverse, les cotisations sociales, qui financent la solidarité des protections sociales, tandis que les revenus financiers s’en exonèrent presque totalement, sont sans cesse transformées en accusées. Or chaque fois que le cadeau d’une cotisation sociale supplémentaire est fait au patron sous prétexte d’élever le salaire ou l’emploi, c’est dans la poche des financiers (actionnaires, banquiers ou assureurs) que finit cet argent. Il faut rétablir la vérité sur ce hold-up permanent. L’année 2008 peut être une année de transparence utile si elle sert à faire la lumière sur ce point obscur de l’idéologie sarkozyste.
Messages
1. Une campagne de verité sur l’argent, 16 décembre 2007, 21:35
Il faudrait déjà que tu explique cela à ton ami Bernard Thibault