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Une compétition se joue hors champ...
Publie le jeudi 5 octobre 2006 par Open-Publishing9 commentaires
de Denis Sieffert
Pendant que les caméras s’attardent lourdement sur les candidats socialistes et sur certaine plus que sur d’autres , une compétition se joue hors champ. Elle oppose ceux qui convoitent plus discrètement l’investiture à gauche de la gauche. Enfin, pas tout à fait hors champ ! Deux au moins de ces silhouettes ne sont pas inconnues des médias : l’une trapue, l’autre gracile.
On sait depuis longtemps déjà qui est José Bové, et on découvre peu à peu la frimousse et le sens de la répartie de Clémentine Autain, qui était notre invitée dans le numéro de la semaine dernière. Entre le paysan pacifiste, disciple de Jacques Ellul, et l’apparentée communiste, il y a deux cultures de gauche. Mais Clémentine nous disait justement qu’elle avait peu à peu fait mouvement vers les « différentes sensibilités » du collectif pour une candidature unitaire de la gauche antilibérale.
On imagine que l’écologie n’était pas dans le patrimoine génétique de la jeune communiste. Pas plus qu’il n’était dans celui de deux autres candidats, Patrick Braouezec, député communiste de Seine-Saint-Denis, et Yves Salesse, le président de la Fondation Copernic, véritable laboratoire à idées de cette gauche antilibérale. Mais l’acquis l’emporte à présent sur l’inné. Le débat sur le nucléaire entre écolos et représentants du parti communiste témoigne d’ailleurs d’avancées spectaculaires. Au point que les étiquettes parlementaires ou municipales retardent parfois sur les évolutions idéologiques. Et que la vieille ligne de fracture productivistes-antiproductivistes n’est plus toujours aussi dévastatrice.
Les médias avaient peut-être enterré un peu vite ce rassemblement né du « non » au référendum européen de 2005. Le fil n’est pas rompu. Et c’est même de ce côté, où les dogmes ont pourtant la réputation d’être sacrément ancrés, qu’il y a le plus de remises en cause idéologiques personnelles. Et c’est de ce côté que les chances sont les plus fortes de voir poindre à moyen terme une représentation politique conforme à la nouvelle réalité, avec un mouvement de gauche, antilibéral sans être d’un étatisme autoritaire. Mais pour que la mayonnaise prenne, il faudrait que les logiques d’appareils en l’occurrence ceux du PCF et de la LCR ne soient pas plus fortes que la volonté unitaire. Ce n’est pas gagné. C’est le moins que l’on puisse dire. Marie-George Buffet, pour le PCF, et plus encore Olivier Besancenot, pour la LCR, ont déjà solidement pris position dans la posture de candidats qui ne demanderaient plus rien à personne. Il y a peu de chances que ces organisations fassent marche arrière. Mais il n’y a pas que la logique d’appareil.
Un autre piège tendu par les institutions de la Ve République est béant. La personnalisation et son corollaire, la médiatisation (on dit maintenant la « pipolisation »), guettent au coin de la rue. C’est pourquoi, s’il existe une chance de faire bouger les lignes, ce n’est peut-être pas en hâtant une compétition potentiellement destructrice. C’est au contraire en recréant la dynamique qui avait fait le succès de la campagne pour le référendum européen. Laparticipation de tous à des meetings communs constituera à cet égard un indice. Il s’agit pour cette mouvance d’accepter sa diversité, et de ne pas céder d’un pouce sur la logique qui était la sienne en 2005 : d’abord les idées, le projet et l’élan collectif, et ensuite seulement la personnalisation. Un candidat a sans doute un coup d’avance : José Bové. Son atout n’est pas tant sa notoriété que sa posture en dehors, pour ne pas dire « au-dessus », des partis. Mais la présidentielle, hélas, est moins propice dans notre pays au débat d’idées qu’un référendum européen. C’est toute la difficulté. Prochain rendez-vous des collectifs, les 14 et 15 octobre.
Des nouvelles de Politis
Après des semaines de travail, et les derniers jours de rédaction en présence d’un avocat, nous croyions le plan de reprise de Politis ficelé et bien ficelé et de nature à assurer le développement de ce journal auquel nous consacrons tant d’énergie et pour lequel nous recevons tant de marques de sympathie (il va sans dire que le « nous » représente évidemment ici toute l’équipe). C’était vendredi 29 septembre en début d’après-midi. Dans la soirée, Thierry Wilhelm, principal artisan de ce plan dont il se proposait d’assurer le financement, m’a fait savoir qu’il souhaitait me rencontrer « avant lundi matin ». Dimanche à 15 heures, il m’annonçait, contre toute attente, sa décision de ne plus « intervenir dans Politis ». Et cela pour des raisons personnelles. Nous étions très précisément à vingt-quatre heures de l’heure limite du dépôt des offres. On ne peut que respecter cette décision de la part d’un homme qui accompagne Politis, comme actionnaire minoritaire, depuis huit ans. Nous en déplorons cependant la brutalité et les délais, qui fragilisent notre journal à l’extrême. D’autres pistes existaient que nous n’avions pas poussées plus avant. Nous les reprenons aujourd’hui. Pendant toute cette période, le soutien de nos lecteurs nous sera évidemment précieux. Merci à tous. D. S.
mercredi 4 octobre 2006
Sauvez Politis !
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Messages
1. > Une compétition se joue hors champ..., 5 octobre 2006, 12:26
Oui bien sûr il faut sauver Politis mais Politis pourrait faire un effort !
Quand je lis cet edito, je sens toute mon énergie pro politis s’envoler !!!
Comment peut on être aussi grossier dans l’analyse des conflits qui animent les collectifs ? GROSSIER dans le sens ’" je ne cherche pas à comprendre et je renvoie les gens dos à dos" exactement comme font les médias de la pensée unique.
On attend mieux d’un vrai journal de gauche. Même l’Humanité est bien plus subtil dans l’analyse des différents concernant l’union et bien moins partisan surtout .
Francesca
1. > Une compétition se joue hors champ..., 6 octobre 2006, 23:04
ton sectarisme est vraiment fatigant
2. > Une compétition se joue hors champ..., 5 octobre 2006, 13:44
L’éditorial de Denis expose une situation au sein du rassemblement anti-libéral certes rapide mais à laquelle je souscris tout en tirant des conséquences différentes.
Je suis de ces communistes presque cinquantenaires qui avec le temps sont devenus sensibles aux thèses écologistes. La notion de décroissance qui m’aurait fait monter sur mes ergots (rouges) me semble aujourd’hui un thème nécessaire de débat. Politis a joué un grand rôle dans mon évolution. De même, des débats de société sur le féminisme, l’immigration, la diversité des orientations sexuelles, les conséquences de l’esclavage et de la colonisation m’ont emmené bien loin de mes opinions d’origine. Et je constate que bien d’autres communistes sont dans mon cas.
Je me souviens avec quelle hargne le jeune communiste que j’étais dans les années 70 critiquait le mouvement du Larzac comme une diversion du combat de classe. Je pourrai dire comme Clémentine Autain que je me suis ouvert aux différentes sensibilités des mouvances alternatives.
José Bové a joué un rôle dans cette évolution. Mais d’autres aussi comme Maya Surduts. Et au sein du PCF, Roger Martelli, Claude Aufort (moins connu), Henri Krazucki (trop souvent oublié) et d’autres. Et des inconnus, des obscurs, des sans-grade comme me le disait une bibliothécaire de CE qui a fort contribué à ma formation politique. Mais précisément, parce que l’un des enjeux des campagnes à venir est de réussir une union féconde de tous les courants antilibéraux et alter-mondialistes, la plus visible des candidatures de rassemblement doit « donner à voir » ce qui est novateur.
Deux conditions me semblent devoir s’imposer.
– La première est de mener une campagne collective, dans le respect de toutes les sensibilités de notre rassemblement et unitaire dans sa démarche. Il s’agit par là de combattre la dérive monarchique de la Vème république et la pipolisation de la vie politique. Il faut mettre en question le mythe gaullien de « la rencontre entre un homme et un peuple » et ouvrir concrètement le chantier d’une nouvelle république.
– La seconde est d’avoir un nom sur le bulletin de vote qui symbolise notre démarche. Et là, vraiment, l’idée avancée par Denis que José Bové « a un coup d’avance » me semble être l’argument le plus mauvais à présenter. Tout comme l’argument lu dans L’Huma selon lequel MGB est la seule garante que la candidature ne servira pas à un destin personnel est insultante pour les autres candidats.
Il est délicat lorsqu’on respecte les militants de dire ce qui empêche l’une ou l’un d’eux d’être le porte-voix et le porte-drapeau du mouvement. Qu’ils ne m’en tiennent pas rancune !
José a pour lui ses engagements connus au Larzac, à la Conf, dans le forum social... Il peut même être le vote-sanction de certains parce qu’il n’a pas peur de désobéir et d’affronter les flics. Mais est-ce un vote sanction que nous recherchons ou un vote de construction ?
Marie-Georges a pour elle son évolution personnelle de son adhésion au PCF en 1969 à la campagne contre le TCE où elle est apparue comme la cheville ouvrière des prises de paroles communes du « non de gauche ». Elle a pour elle la force, la culture, l’abnégation des dizaines de milliers de militants et l’implantation des élus communistes. Mais elle est également comptable de l’histoire du parti et notamment de sa tendance – certes, je veux y croire, passée et révolue – à instrumentaliser les luttes pour rassembler autour du parti-guide.
Et l’on pourrait continuer. Patrick Braouzec avec sa connaissance de la réalité des banlieues et son ouverture d’esprit ; Yves Salesse avec son parcours atypique, l’animation de la fondation Copernic…
– Je reste sur mon choix fondamental : je ne voterai que si le candidat est celui du rassemblement. Et je voterai pour le candidat désigné par consensus quel qu’il soit. Cet engagement me semble autoriser l’expression d’une préférence. N’en étant pas à mon premier texte sur ce site, les habitués savent que je suis de ceux qui ont interrogé Clémentine et l’ont – modestement - poussé à la candidature.
J’ai bien lu dans L’Huma que le PCF ne souhaite pas renouveler l’expérience du soutien à une candidature hors-parti comme, lorsqu’en 1965, il avait cru ainsi dépasser les oppositions entre lui-même et la SFIO. J’ose espérer que l’auteur de ce propos ne comparait pas sérieusement Clémentine avec François Mitterrand ! Que le Parti d’alors ait cru pouvoir soutenir l’ancien ministre de l’intérieur puis de la justice de gouvernements qui menaient la guerre au peuple algérien est un fait historique. Si l’argument « plus jamais ça » vise une ou des candidats à l’investiture de l’Alternative unitaire, cela mérite des excuses publiques !
Revenons en au fond :
Les luttes et les votes de ces dernières années ont montré que
– l’alternance entre la droite dure et le social-libéralisme mou ne conduisent qu’à la montée des idées d’extrème-droite et leurs promesses de misère accrue,
– la campagne référendaire et le poids du non de gauche en 2005 ont ouvert le champs des possibles,
– l’engagement des partisans du non à "rester ensemble au delà du 29 mai pour construire une véritable alternative politique" a levé des espoirs immenses dans toutes les couches de notre peuple.
Nous avons besoin, notre pays a besoin qu’une alternative anti-libérale se concrétise. Les élections à venir - présidentielles, législatives et municipales - sont l’occasion de concrétiser ce rassemblement.
Pour y parvenir, l’intérêt du pays, de son peuple doit passer avant les intérêts de parti (ou de ligue). Une candidature neuve, entourée d’un collectif représentatif de cette alternative peut casser le bipartisme dans lequel on veut nous enfermer. Elle participerait d’un regain des luttes populaires et du goût de faire de la politique.
Nous devons une réponse aux électeurs de gauche qui ont voté « non » en mai 2005 mais également à ceux - et j’en connais qui par ailleurs sont des syndiqués convaincus - qui ont voté « oui » faute d’avoir le sentiment qu’il y aurait une suite au « non » anti-libéral !
Aurions-nous une ou un meilleur porte-drapeau au service de cette alternative que Clémentine ? N’est-elle pas celle qui est le mieux à même d’animer un collectif de porte-paroles représentatif de la richesse de l’alternative unitaire ? Et n’est-elle pas à même de personnifier - puisque cela passe aussi par là - ce mélange de raison et de passion qui font les grands combats populaires ?
gib
1. > Une compétition se joue hors champ..., 5 octobre 2006, 15:17
Mais c’est qui CLÉMENTINE ??
la majorité des Français ne savent pas qui elle est . Moi même,je sais juste qu’elle fait partie de l’équipe de Delanoé et franchement cela n’a rien de "motivant".
Préférer une inconnue à josé Bové c’est courir à la catastrophe
– "José a pour lui ses engagements connus au Larzac, à la Conf, dans le forum social... Il peut même être le vote-sanction de certains parce qu’il n’a pas peur de désobéir et d’affronter les flics. Mais est-ce un vote sanction que nous recherchons ou un vote de construction ?"
Bové est un espoir,on sait que l’on peut lui faire confiance.Son combat ne se résume pas à sauver ses fromages.C’est un homme ENGAGÉ.Qui l’a démontré,qui a risqué et fait de la prison pour nous défendre tous ...!!!!
Désolée entre une gamine et un homme aguerri,le choix est vite fait.
Une candidature de MGB a peut-être moins de chance parce que je ne suis pas sure que les Français voteraient pour une communiste .. ??
j’ai rien contre la petite Clémentine mais la situation est vraiment dramatique.
Elle a le temps de se préparer à une éventuelle candidature mais pas pour 2007.
Nous n’avons pas le temps,nous tous.
Ce ne sont que quelques pensées d’une électrice qui ne voudrait pas être obligée de voter NUL.Ces bulletins là ne sont pas pris en compte.
Josie
2. > Une compétition se joue hors champ..., 5 octobre 2006, 16:21
Merci de tout lire :
« Je reste sur mon choix fondamental : je ne voterai que si le candidat est celui du rassemblement. Et je voterai pour le candidat désigné par consensus quel qu’il soit. »
Par ailleurs, vous noterez qu’à chaque fois que Clémentine est citée, de nombreux commentaires suivent ; ce qui me fait penser qu’elle n’est pas une inconnue dans les milieux anti-libéraux, associatifs, alternatifs, syndicaux et alter-mondialistes.
Avant d’être la tête de liste d’union dans le XVIIème arrondissement contre la ci-devant Panafieu, elle a fait bien d’autres choses,en particulier à la tête de Mix-Cité, mouvement féministe mixte pour l’égalité des sexes.
Pour en savoir plus : Le blog de Clémentine Autain
3. > Une compétition se joue hors champ..., 5 octobre 2006, 16:45
Quand on aura voté dans les collectifs, on saura qui de Durand ou de Dupont sera l’élu(e).
4. > Une compétition se joue hors champ..., 5 octobre 2006, 17:04
Pour la (bonne) mémoire des uns et des autres, le choix de l’AG du 10 septembre a été fort justement de prendre une décision par consensus. Précisément pour s’obliger mutuellement à trouver la meilleure solution, celle qui va dans le sens de la construction d’une alternative anti-libérale unitaire. Le processus est nouveau et difficile à mettre en oeuvre mais c’est le prix de la réussite. L’enjeu le vaut bien, non ?
Le titre de l’éditorial de Politis ne va pas dans ce sens. Et c’est bien dommage. La sélection des meilleurs par la promotion de tous est un principe bien plus progressiste que la compétition.
gib
5. > Une compétition se joue hors champ..., 6 octobre 2006, 11:42
Pour ce qui est de l’écologie et de l’environement,je ne peux que conseiller à tous ceux qui ne connaissent pas les positions du PCF sur ces sujets d’aller sur son site www.pcf.fr et sur les commissions environnement ça vous aprendra surement beaucoup de choses.*
Mais ce qui nous differencie fondamentalement des Verts,c’est que nous considérons qu’une société libérale est incompatible avec la préservation de l’environnement et que celui çi commence à l’INTERIEUR DE L’ENTREPRISE.
Tout le reste doit se débattre avec tous et il est temps de sortir des discussions de spécialistes,des anathémes pour laisser la parole à la population.
Jean Claude des Landes
6. > Une compétition se joue hors champ..., 6 octobre 2006, 23:03
Pardon, je n’ai pas l’habitude d’intervenir dans les forums mais je trouve que votre façon de parler est totalement insultante. Clémentine n’est pas une gamine. Elle est une jeune femme. 33 ans ce n’est pas vieux mais ce n’est plus l’enfance. Ce que je sais c’est que les jeunes ont été à la pointe des luttes anti-libérales (CPE), alter mondialistes, anti guerre, contre les discrimaniations ( act-Up et les banlieues). Nous pourrions peut-être leur faire confiance et ne plus parler de ceux qui ont moins de cinquante ans sur ce ton. Ce serait la moindre des choses pour des hommes et des femmes qui veulent changer le monde. Au fait, ils avaient quel age les ministres à la Libération ? Pour inventer des réponses neuves - et on en a besoin - la jeunesse est un atout.