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Une interview de Murat Karayılan pour la 1ère fois en français

par MrAzadnews

Publie le samedi 10 mars 2012 par MrAzadnews - Open-Publishing

Voici l’interview donné par Murat Karayilan, Président du conseil exécutif de l’Union des Communautés du Kurdistan (KCK), à ANF.

ANF : Les grèves de la faim, débutés le 15 février continuent. En guise de soutien, les maires BDP ont aussi fait la grève pendant 2 jours. Il y a un fax envoyé d’Imrali par Cumali Karsu à ses avocats. Que pensez-vous de tout cela ?

M.K : à Imrali il y a un système de torture appliqué sur notre Leader Apo (Abdullah Öcalan). C’est un système qui vise tout le peuple Kurde. Face à ça notre Leader et ses compagnons ne baissent pas la tête, ils sont patients et ferme. Tous les Kurdes, les patriotes et les politiciens doivent se battre contre ce système. Pour que la paix règne au Kurdistan, pour que le peuple soit libre, il faut que ce système disparaisse.

JE SALUE LES GREVES DE LA FAIM

Cette grève faite par plus de 400 détenus est un acte important. Nous trouvons juste cette grève et nous la soutenons.

L’IMMOLATION NE PEUT ETRE ACCEPTEE

Le message envoyé par Karsu est bien évidemment important, il reflète aussi le point de vue du Leader Apo. Il apprécie le fait que cette grève se déroule pour sa liberté mais il ne veut pas que des séquelles surviennent chez les grévistes. Il est totalement contre l’immolation. Ce message montre une grande sensibilité.

LES EVENEMENTS FUTUR VONT DETERMINER L’AVENIR DE NOTRE PEUPLE

Il y a un système d’oppression et de persécution envers tout un peuple. La pression fasciste perpetré dans les prisons et dans les rues en est la preuve. Le Kurdistan est une zone de guerre et de tortures. Les prochains jours sont stratégiques pour la liberté du peuple Kurde.

CE SONT LES GREVISTES QUI ONT L’INITIATIVE

C’est leurs choix. L’avis de notre leader est important mais c’est aux grévistes de prendre l’initiative. Mais il ne faut pas seulement faire une grève de la faim. Pour être plus réaliste, il faut faire des manifestations variés et plus actives. Car les gens en diaspora ont les moyens de faire ce genre de manifestations. Il faut que tous les patriotes s’approprient notre Leader et se battent pour sa liberté car la liberté d’Apo est la solution de la question Kurde.

ANF : Lors de la « Conférence de la Langue Kurde Nationale » qui a débuté le 2 mars et qui a duré 3 jours il a été question d’une langue commune. Qu’avez-vous pensez de cette conférence ?

M.K : C’est un travail important. Je salue tous les participants. Sachant qu’il y a une volonté d’assimilation et de disparition de la langue Kurde, ce genre de conférence est très significatif. La langue Kurde se bat contre la politique d’assimilation faite sur le Kurdistan. Si la langue Kurde n’avait pas cette richesse d’antan, il aurait été très dur de conserver cette langue au Kurdistan et plus précisément au Kurdistan du Nord.

IL FAUT CONSERVER TOUT LES DIALECTES

Il a été proposé d’avoir un alphabet commun et des débats ont eu lieu en ce qui concerne la conservation de tous les dialectes. Il ne faut pas prendre exemple sur ce système capitaliste qui préconise le fait qu’il y ait une langue, un pays, un peuple,… Les différents dialectes montrent la richesse de la langue Kurde.

LE PEUPLE KURDE VEUT PARLER SA LANGUE MATERNELLE

Les Kurdes ne sont pas ennemis aux autres langues. Ils parlent aussi la langue du pays dans lequel ils vivent mais il faut en priorité parler sa langue maternelle, c’est un droit légitime. Nulle part dans le monde vous verrez une interdiction de parler sa langue, mais en Turquie oui.

ANF : Que pensez-vous des évènements survenu dans la prison de Pozanti ? Dans les requêtes adressées par les détenus enfants il était dit qu’ils ont été victimes de tortures, d’harcèlements, de viols…

M.K : Cette situation était déjà connue avant ces requêtes. 2 ans avant ce genre de requête avait été fait mais aucune suite n’avait été donnée. Le fait que des anciens détenus se soient adressés à l’Association des Droits de l’Homme de Mersin a mis ce sujet à l’ordre du jour. De plus il a été appris que les dirigeants de cette prison ont été gradés. Le système gouvernemental turc a des failles. Des problèmes avec les enfants sont vécus en prison, certes, mais dans ce cas c’était parcequ’ils étaient Kurdes. Et tout cela sous la direction des directeurs de prisons. Pendant 2 ans, ils ont voulu cacher cette histoire.

ANF : Pourquoi ont-ils voulu cacher les faits ?

M.K : Car c’est une politique d’état. Leur but est de critiquer les enfants, qu’ils aient des problèmes psychologiques, de jouer avec leur dignité. Les mêmes choses ont été vécues à Sêrt (Siirt)et Merdîn (Mardin) avec des détenus filles. C’est l’AKP qui est responsable de tout cela. Les jeunes Kurdes ne vont pas rester silencieux face à ces attaques.

NOUS EN AVONS MARRE DE CES PRATIQUES AFFREUSES

Nous devons dire « STOP ». Nous ne devons pas rester silencieux face à ces attaques fascistes.

ANF : Récemment des maisons de Kurdes Alévis ont été taggués à Adiyaman. D’après vous, c’est le signe de quoi ?

M.K : C’est une autre version de l’attaque coloniale. Ils ont fait la même en 1978 à Gurgum (Maraş) et ont obligé les Alévis à migrer. De nos jours, tous ces Kurdes vivent à l’étranger sous le statut de réfugié. C’est comme ça qu’ils ont pris possession de Gurgum. Ils veulent faire de même pour Adiyaman. Leur but est de faire peur et de faire fuir les Kurdes.

ANF : Le Ministre de l’Intérieur a essayé de protéger les responsables en disant que « c’est l’affaire de deux-trois enfants »…

M.K : Nous avons vu sa réaction une semaine avant lors du meeting de Taksim à İstanbul. Pensez-vous que ce genre de personnalité peut avoir une approche humaine à cette histoire ? Bien sûr que non. Il est clair qu’il fait partie de cette affaire. Il y a une politique d’intimidation des Kurdes et des Alévis.

ANF : Avez-vous un message à faire passer aux femmes Kurdes et aux femmes du monde pour la journée du 8 mars qui est la journée de la femme ?

M.K : Dans notre époque, partout dans le monde, la femme est l’inégale de l’homme. Notre Leader Apo donne beaucoup d’importance à la femme. Il souhaite que de grandes militantes comme Saadet, Ruken, Dicle, Berivan, Azime, Zelal, Beritan, Zilan, Silan, Nuda, Cicek voient le jour. La femme Kurde est la plus grande force dans le combat pour la liberté. Je souhaite une bonne fête à toutes les femmes. Cette année les manifestations vont commencer à Çolemêrg (Hakkari) et Nusêbin (Nusaybin) et vont s’étendre jusqu’à Amed (Diyarbakir).

ANF : Après le 5 et le 8 mars, il y a le Newroz. Que souhaitez-vous dire par rapport à l’importance du mois de mars ?

M.K : C’est un mois important pour les Kurdes. Au Kurdistan, l’hiver est assez rude, le printemps est donc bien accueilli. Traditionnellement, le Newroz est considéré comme une fête de lutte, d’union et de liberté. Le 5 mars 1991 est une date importante car c’est l’avènement à Ranya, au Kurdistan du Sud. Nous commémorons nos martyrs.

Le 16 mars 1991 le régime de Saddam a réalisé le massacre de Halepce. Les pesmerge sont sorti au-delà des frontières du Kurdistan du Sud. De mars 1988 jusqu’en mars 1991, seul le PKK a fait des révoltes armées. Ils ont augmenté la rébellion au Nord.

Le 12 mars il y a le massacre de Qamislo. Suite à ça, tout l’ouest du Kurdistan s’est rebéllé. Vu la situation actuelle, le mois de mars 2012 va être important. L’AKP a déjà commencé à « trouver » des raisons pour affaiblir les célébrations du Newroz. Aucune Kurde ne doit passer à côté de ces manifestations. J’appelle chaque Kurde à y participer

Azadnews

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