Accueil > Une militante énergétique
de Christophe Bys
A 41 ans, Virginie Gensel est depuis la semaine dernière la première femme élue secrétaire générale de la puissante fédération Mines-énergie de la CGT. Elle surveillera la séparation d’EdF GdF Services, sera en alerte sur les retraites et négociera le renouvellement des compétences dans le nucléaire, papy-boom oblige.
Les propos de la nouvelle secrétaire générale de la fédération CGT Mines-énergie, Virginie Gensel, sont tout aussi pugnaces que ceux de Bernard Thibault, le numéro un du syndicat. « Nous poursuivrons la bataille du service public nationalisé, de pair avec le combat pour les revendications des salariés », a-t-elle prévenu dans une interview donnée à « L’Humanité », le 22 mars. « Virginie a des idées très claires, qu’elle confronte avec ce qu’elle vit dans son quotidien ou à la fédération », confirme Agnès Naton du bureau national de la CGT.
Son action en faveur de la parité en est la preuve. Les camarades lyonnais, sa ville d’origine, en savent quelque chose. Finies les réunions s’éternisant jusqu’au milieu de la nuit. Pas question de sacrifier sa vie de femme ou de mère pour monter dans la hiérarchie. Comme de nombreuses femmes aujourd’hui, Virginie Gensel refuse de choisir. Voilà les membres du comité exécutif prévenus. Les patrons du secteur aussi : le plafond de verre pourrait bien exploser sous les coups de bélier de cette militante passionnée. Chez Manpower, où elle a occupé son premier emploi à 21 ans, son chef l’appelait « l’avocate des pauvres ». Avec le temps, elle n’a pas changé, à en croire une autre valeur montante de la CGT, Mohammed Oussedik : « Très combative, elle n’aime pas la langue de bois. C’est une fille franche, avec des convictions. Cela ne l’empêche pas d’être ouverte au débat ». Bien sûr, le temps où la CGT cogérait quasiment EdF ou GdF est révolu. Mais dans les industries électriques et gazières, la fédération énergie (70 000 adhérents revendiqués) reste traitée avec un prudent respect par le gouvernement et les patrons du secteur.
En tout cas, Virginie Gensel n’est pas une inconnue des cégétologues patentés. Elue, en 2003, secrétaire générale adjointe de la CGT Mines, il était écrit qu’elle en prendrait un jour la tête. Le temps que le secrétaire général en place, Frédéric Imbrecht, accomplisse deux mandats. Les jeux de l’amour et du hasard ont fait le reste : elle succède à celui qui est devenu entre-temps son compagnon. Le couple vient d’accueillir une petite fille, née le 23 mars, d’où l’absence de Virginie Gensel au Congrès de Montpellier où elle a été élue jeudi 24 mars.
Fille d’un agent EdF et d’une mère gardienne d’immeuble, elle rejoint EdF à 26 ans, armée d’un BTS action commerciale. Elle adhère à la CGT presque par hasard. « Je n’ai pas hérité d’une culture syndicale ou politique. En revanche, je ne conçois pas d’être adhérente sans m’engager », confie-t-elle dans la bio fournie par la CGT. Un engagement quasi permanent. Pendant ses loisirs, elle apprécie la littérature et notamment l’auteur de polars Didier Daeninckx pour « sa défense farouche des humbles et sa volonté de faire éclater coûte que coûte les vérités, même quand elles ne sont pas bonnes à entendre ». Un programme ?
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