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Université : le gouvernement veut passer en force la masterisation
Publie le jeudi 28 mai 2009 par Open-Publishing1 commentaire
Université : le gouvernement veut passer en force sur la masterisation
Le gouvernement veut passer outre l’opposition des universitaires à ses réformes. Alors que la commission Marois-Filâtre, chargée de déminer l’épineux dossier de la réforme de la formation des enseignants, doit rendre ses conclusions le 15 juillet, les projets de décrets (notamment celui-ci et celui-là) instaurant la « masterisation » devaient être présentés en comité technique paritaire ministériel (CTPM), mercredi 27 mai. Les textes ont été publiés en catimini à la veille du week-end de l’Ascension.
Si la cadence est la même que pour la réforme du statut des enseignants-chercheurs – promulguée pendant les vacances de Pâques –, ils pourraient donc être examinés par le conseil d’Etat dans la foulée et être promulgués avant fin juin. « C’est un véritable putsch, le passage en force des passages en force de ces derniers mois ! », proteste Pascal Maillard, professeur de littérature française à l’université de Strasbourg, et membre du collectif de l’Appel de Strasbourg, très mobilisé contre la masterisation.
La Coordination nationale des universités et le collectif Sauvons l’université dénoncent ce nouveau geste de « mépris » du gouvernement. La ronde des obstinés tournera devant le ministère de Xavier Darcos à 14 heures. Le Snesup envisage de boycotter la réunion du CTPM. Et de leur côté, les quatre directeurs des écoles normales supérieures devraient publier une lettre de protestation contre les décrets.
Que contiennent ces décrets ? Exactement ce que les opposants à la masterisation dénoncent depuis le début de leur mobilisation à l’automne dernier : en plus de réussir le concours de recrutement dans l’éducation nationale, les futurs enseignants devront obligatoirement obtenir un master pour devenir fonctionnaires stagiaires. Ce qui retarde d’autant la rémunération des futurs profs, jusqu’ici rémunérés dès leur deuxième année de formation. Ce décalage permettrait à l’Etat d’économiser 480 millions d’euros, selon le calcul de l’Unef.
Mais les décrets vont plus loin encore, en supprimant le bénéfice du concours aux étudiants qui échoueraient à obtenir leur master après un redoublement. « C’est un événement majeur dans la fonction publique française, la remise ne cause de la nature pérenne de la réussite à un concours », estime Pascal Maillard.
La portée de ces textes réglementaires est très importante car ils « modifient les conditions de recrutement, d’affectation, de titularisation et de déroulement de carrière » de « tous les corps enseignants : professeurs des écoles, certifiés, agrégés, professeurs en lycée professionnel, d’éducation physique et sportive, et le corps des conseillers principaux d’éducation », note la FNEC FP (FO) qui demande le retrait des projets de décrets de l’ordre du jour du CTPM.
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Messages
1. Université : le gouvernement veut passer en force la masterisation, 28 mai 2009, 08:40
l’« école, l’université… l’éducation !
Adresse à la CPU. Autonomie des universités ou gestion napoléonienne des universités ? - SLU
par Sorbonnard, le 28 Mai 2009 à 08 : 27 , site sorbonne en lutte
Rubrique : La lettre des 6 présidents d’Université à Sarkozy
Après le recours systématique ces dernières semaines à une utilisation exorbitante des recteurs en les transformant en des préfets en mission pour encadrer brutalement les formes de validation du second semestre, voilà donc qu’une nouvelle fois, le gouvernement nous offre une superbe illustration de sa conception napoléonienne de “ l’autonomie ” des universités et des universitaires. Xavier Darcos et Valérie Pécresse choisissent ainsi de passer en force sur un dossier majeur du conflit en cours : la question de la formation et du recrutement des enseignants.
Au mois de décembre dernier, le président de la république avait déclaré – dit-on – qu’il était nécessaire de pratiquer la concertation à une condition : ne tenir aucun compte des avis des personnes qui se prêtaient à ce jeu-là. Ce qui vient de se passer ces derniers jours dépasse à cet égard l’imagination la plus débridée. Les ministres concernés avaient annoncé, non sans quelque contradiction d’ailleurs, qu’étaient mis en place d’un côté une série de “ groupes de travail ” avec les syndicats mais aussi, de l’autre côté, une commission co-présidée par un président d’université et un recteur (commission comprenant par ailleurs une autre présidente d’université chargée spécifiquement de ce dossier au sein de la CPU). Bien sûr, le calendrier imposé était une nouvelle fois à la hauteur de la précipitation et de l’agitation qui règnent dans notre pays depuis deux ans, puisque tous les travaux devaient être conclus d’ici au 15 juillet, mais enfin cela ressemblait encore à un ersatz de négociation pour quiconque voulait bien y croire.
Las, depuis quelques jours les choses sont claires y compris pour celles et ceux qui prêtaient encore quelque crédit à la volonté d’écoute du gouvernement. Alors que la commission programmée n’a pas encore été mise en place, sont rendus publics, soumis aux comités techniques paritaires consultatifs et annoncés pour passage au Conseil d’Etat, les textes des projets de décrets mettant en place l’année transitoire et faisant passer en force la logique de la “ mastérisation ” ministérielle de la formation et des concours d’enseignants dont on avait annoncé que sa mise en place était reculée d’un an pour permettre de consulter sérieusement (enfin ! ) celles et ceux qui devraient la mettre en œuvre.
L’autonomie de gestion sous surveillance rectorale montre ainsi son vrai visage. Personne ne saurait désormais l’oublier. L’honneur de la CPU serait d’en tirer toutes les conséquences et de retirer ses deux représentants d’une commission dont l’inutilité est désormais patente