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VIOLENCE SCOLAIRE ET POLICE PEDAGOGIQUE

Publie le mardi 17 janvier 2006 par Open-Publishing
7 commentaires

Les notables de l’Education Nationale sortent le grand jeu pour étouffer les effets de plus en plus visibles de la violence à l’école.

Au niveau pédagogique :

Au "Colloque International sur la Violence à l’Ecole", la solution est déjà trouvée : il ne s’agit pas de s’opposer aux causes qui provoquent la violence, comme tout esprit doué de raison pourrait l’imaginer.
Non, la soution proposée est de "mieux former les enseignants aux situations conflictuelles".
Pour ces experts des pseudo-sciences de l’éducation, la violence est une donnée, un environnement, auquel les enseignants doivent s’adapter, même dans un contexte de pénurie de moyens !
Ces spécialistes de très haut niveau envisagent de transformer la mission d’enseignement du service public en celle d’amortisseur social des chocs du libéralisme.

Le patronat leur en sera reconnaissant : il a un grand besoin de paix sociale, au moment où il a besoin de parachever le démantèlement du droit du travail et de la protection sociale.

Et l ’Etat ?
En exigeant des professeurs qu’ils jouent désormais le rôle de flics "compréhensifs" et pleins de sollicitude, il pourra ainsi transférer le coût de la violence générée par la société capitaliste et normalement pris en charge par l’appareil répressif de l’Etat (police, justice, pénitentiaire, protection de l’enfance, éducation spécialisée) sur une Ecole où les enfants des milieux populaires n’apprendront plus rien, mais seront bien gardés.

Au niveau pédagogique, le comble du grotesque est atteint avec Mme Mondel-Montat, formatrice à l’IUFM de Bordeaux et experte en pseudo-sciences de l’Education.
Citons l’experte : (Libération16/01/06)
"Les stagiaires IUFM sont des candidats à la réussite depuis le début de leur scolarité. L’univers de l’échec et de la difficulté leur est tout simplement étranger". Et de dénoncer, avec une sagacité inouie : "les professeurs n’ont pas les mêmes codes sociaux que les élèves".

Il semblerait, à lire Mme Mondel-Montaya, qu’elle n’ait jamais été confrontée à passer les concours de recrutement de l’Education Nationale...Si la difficulté est inexistante, n’est-il pas permis de se demander à quel talent inné doit-elle sa place de "formatrice" à l’IUFM ?

Au niveau administratif :

L’exemple de l’agression du LP d’Etampes est éloquent : "la hiérarchie n’est pas en cause, mon général" pourrait résumer le rapport de l’Inspection au ministre.
Les menaces de viol, les insultes subies pendant des semaines par notre collègue d’Arts plastiques ne pouvaient donc, en aucun cas laisser présager un passage à l’acte !
La hierarchie a eu bien raison de ne pas sanctionner l’élève après les menaces de viol, puisque, selon elle, l’enseignante "n’avait pas demandé de sanction". Même si l’enseignante n’avait effectivement pas demandé de sanctions, le travail minimum pour une direction -féminine ! - avertie à de nombreuses reprises n’était-il pas de désamorcer le conflit ?
Mais non, personne n’a commis aucune faute :
C’est donc à la fatalité qu’il faut imputer la causalité de la dégradation dans les établissements scolaires !

Le paradoxe apparent réside dans le fait que la délinquance de rue est soulignée avec emphase par le gouvernement alors que la délinquance scolaire est niée avec obstination, par ce gouvernement, et par les précédents gouvernements qu’ils soient de droite ou de "gauche".

POURQUOI ?

L’amplification médiatique et politicienne de la violence de rue répond à une évidente motivation électoraliste du gouvernement.
En revanche le déni de la violence scolaire répond à une double préoccupation :
- Respecter le dogme du contrôle des dépenses publiques, surtout lorsqu’il s’agit de l’Etat social et non de l’Etat pénal.
- Discréditer le service public d’éducation, pour mieux le démanteler ensuite, selon les orientations de l’ Union Européenne pour qui l’Education est un marché (ou un "service d’intéret général") mais en aucun cas un service public.

N’est-il pas temps que la colère monte et que la défense des services publics, de tous les services publics, s’organise ?

Messages

  • L’auteure a parfaitement posé le problème.

    La pédagogie "officielle" a une lourde responsabilité dans la dégradation des conditions d’enseignement.

    Par exemple, une telle pédagogie, partant d’un bon sentiment, demande aux enseignants d’expliquer leur notation. Certains élèves en profitent pour tenter de négocier la notation, à l’infini. Cela peut aller jusqu’aux menaces et aux violences.

    Mais ce qu’il faut retenir de l’affaire d’Etampes est l’incroyable hypocrisie, l’ignoble veulerie de la hiérarchie administrative de l’EN.

    B. Moreau, enseignant.

    • La cause la plus profonde de l’expression de cette violence, n’est-elle pas dans les discours anti-fonctionnaires et anti-enseignants déversés par des ministres et leurs gouvernements ?

      Quand des milliers d’élèves pour qui, la violence et l’insécurité sociales sont le lot quotidien, entendent des ministres décriés les enseignants, n ’est-ce pas là, les encourager à déverser leur frustration sur les enseignants ?

      Ces discours idéologiques, anti-fonctionnaires ont uniquement pour but de piller les services publics dans l’intérêt d’entreprises capitalistes.

      Le pillage de l’Education nationale profitent aux écoles privées. Les transferts de fond public aux écoles privées sont largement responsables de la dégradation matériel des écoles publiques dans les quartiers pauvres et populaires.
      C’esta idéologique que l’on retrouve pour les autres secteurs publics. Les gouvernements pillent
      C’est le même schém et détruit les services publics pour mieux pérorer sur la supérorité du privé, du capitalisme.

      L’exemple du pillage des ressources de la sécurité sociale au profit du Medef est le plus abouti. En 2004, les patrons se voient accordés un cadeau de 21 milliards d’euros. Les mises en faillite frauduleuse participent du même fonctionnement. La finalité est claire : démanteler le système de protection sociale au profit des assurances privées. Comme avant 1945, la protection sociale sera pris en charge uniquement par les salariés. JackPot, Bingo, Milliardaires, les capitalistes jubilent devant tant de facilité et d’opportunisme politique et syndicale.

      Où sont les protestations syndicales contre les écoles privées et leur réseau type Jeanne d’Arc ? Y compris de simples campagnes de protestation et de réponses ?

      Elles sont nulles car les hommes qui dirigent les centrales réformistes ont soutenu les politiques de démantèlement de l’Education nationale au profits d’école privés.

      Ce pillage ne peut s’arrêter. Les politiques sécuritaires de plus en plus violentes sont le corrolaire des limites d’une intensification d’un pillage exponentielle, en raison de ressources publiques limités. Dit plus simplement. La violence du pillage capitaliste est inversement proportionnelle à la quantité des ressources publiques encore disponibles.

      Sarkozy et LePen sont les hommes de la situation pour institutionnaliser cette violence économique. Ce sont des hommes de mains qui ne demandent qu’à exercer franchement cette violence , y compris contre des hommes de leur propre camp qui tergiverseraient.

      Si nous changeons encore d’échelle, pour passer au monde, nous avons là tous les ingrédients d’un confrontation militaire généralisée.

      Mohamed

    • Je suis globalement d’accord avec Mohammed, et notamment pour dénoncer les syndicats qui cautionnent le fincement par l’impot de l’école privée.

      La décision est prise au plus au niveau économique et politique de démanteler le service public d’éducation : c’est l’objectif.

      L’idéologie pédagogiste, portée par le Ministère, l’Inspection, les IUFM, et même certains syndicats enseignants (SGEN-CFDT, UNSA-SE, et dans une moindre mesure le SNES et le SNUIPP) vise à démanteler les programmmes, les statuts des personnels, et le prinicpe du droit à la même instruction publique sur tout le territoire : c’est le moyen d’atteindre l’objectif.

      G. Paul

    • désolée pour la faute d’orthographe à Mohamed.

    • En tant que parents, ce qui m’inquiète le plus dans ces nouveaux contrats, c’est qu’on livre nos jeunes inexpérimentés à l’arbitraire total du patron, au chantage de toute sorte et y compris sexuel

       http://bellaciao.org/fr/?page=artic...

    • Question ouverte :

      Certains syndicats enseignants comme le SGEN-CFDT, le SE-UNSA, ou évidement le syndicat majoritaire des chefs d’établissement ne font-ils pas AUSSI partie de cette police pédagogique ?

      Le SNES, el SNUIPP et leur obssession à porter des "revendications" enseignantes construites au sein de leurs appareils bureaucratiques mais certainement pas dans les salles de professeurs, ("travailler en équipe, temps de concertation") n’ont -il pas AUSSI une responsabilité en faisant diversion alors que les véritables revendications des enseignants sont :

      1- Défense des statuts et service défini en minima horaire dans la discipline (ce qui n’exclut pas une réduction de travail HEBDOMADAIRE)
      2- Augmentation des salaires d’au moins 10%
      3- Recrutement massif de personnels statutaires non enseignants pour les problèmes de discipline des élèves.
      4- Restitution des prérogatives des enseignants aux conseils de classe.
      5- Abrogation de la reduction fiscale pour cours particuliers
      6- financement privé des écoles privées

  • Bonjour,

    Violences à l’école ??

    Si, concernant les violences, on posait les vrais problèmes, serait-il incongru qu’on puisse espérer trouver les bonnes réponses ?

    7% des personnels victimes de gestes ou propos sexuels non désirés.( soit plus de 90000)

    21% des pratiques de harcèlement en milieu éducatif du fait de la seule hiérarchie.

    Viol : En France
    48000 femmes de 20 à 59 ans victimes de viol

    10000 plaintes.

    Moins de 1500 affaires jugées aux assises.

    Soit :

    97% de violeurs JAMAIS poursuivis pour leurs actes.

    85% d’affaires classées sans suite ou frappées de non lieu.

    Et le ministre de l’EN demande aux victimes de porter plainte. Hypocrisie.

    Pour plus de détails et les sources de ces données consultez le lien ci-dessous, les liens qu’il contient ....surfez .

    http://forums.france2.fr/france2/Ed...

    Merci de votre lecture et vos recherches.