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Vague de répression sur la gauche irakienne

Publie le vendredi 23 décembre 2005 par Open-Publishing

Alors que les forces d’occupation se félicitent de leurs succès dans la « démocratisation de l’Irak », une vague de répression est en train de s’abattre sur la gauche irakienne.

Akram Faleh Khattab et Basim Khamees, deux militants du Parti communiste-ouvrier de gauche en Irak (PCOGI, http://www.socialismnow.org ), ont été pris en otage le 7 décembre au matin. Ils se trouvaient dans le local de ce parti à Bagdad lorsqu’ils ont été attaqués par un groupe d’hommes armés et masqués. Depuis, ses camarades sont sans nouvelles.

Le mois dernier, Maitham Najah, un autre militant de ce parti, avait été assassiné dans le quartier de al-Sifina à Bagdad, et sa famille a été obligée de quitter son logement son la pression d’un groupe islamiste. Cet assassinat n’est pas isolé, puisque le 28 juin déjà, Ansar Abdulameer Mahd, ingénieur électricien à Dyala et membre de l’Union communiste en Irak (UCI, http://www.cuiraq.org), avait été assassiné devant chez lui, après avoir reçu de nombreuses menaces.

La répression prend d’autres formes. Le 15 décembre, c’est le local du Parti communiste-ouvrier en Irak (PCOI, http://www.wpiraq.net ) à Nassiryah (Kurdistan) qui a été incendié, suite à une manifestation organisée par le Conseil suprême de la révolution islamique en Irak (CSRII), qui siège actuellement à l’assemblée et dispose de plusieurs ministres. Le chef de la police locale, lui-même membre de ce parti, encourageait les manifestants avec l’aide des hauts-parleurs des véhicules de police.

Rappelons qu’en juillet 2004, les dirigeants du CSRII) avait nié toute implication dans l’assassinat du poète Mohammed Abdul Rahim, militant du PCOI. A Suleymania (Kurdistan), trois militants du PCOI, Zemnako Aziz, Kameran Latif et Saed Mustaf, ont été arrêtés alors qu’ils distribuaient des tracts dénonçant la corruption du gouvernement régional, dirigé par l’Union patriotique du Kurdistan (UPK).

Ceci intervient alors même que le Parti communiste-ouvrier d’Irak venait de proposer à l’UPK parti du président irakien Jalal Talabani de mettre un terme à la tension qui existe entre ces deux formations depuis 1991. Il demandait également la restitution de ses biens saisis voici cinq ans par les forces armées de l’UPK. La répression menée par l’UPK contre le PCOI avait déjà causé de nombreuses arrestations, et plusieurs cas de tortures et d’assassinats avaient dénoncés par les organisations de défense des droits de l’être humain.

Au mois de mai 2005, Rebwar Arif, président de la Fédération internationale des réfugiés irakiens et militant du PCOI, avait été arrêté arbitrairement à la suite d’un meeting, puis relâche suite à une campagne d’urgence lancée par Amnesty International. Le parti présidentiel ne semble pas avoir pardonné le rôle joué par les communistes-ouvriers dans le déclenchement de l’insurrection des conseils ouvriers de mars 1991.

Ces trois partis (PCOGI, UCI, PCOI) ont en commun d’être opposés à l’occupation américaine et de défendre les droits des femmes, la laïcité et les idées socialistes. C’est pourquoi ils sont attaqués par les islamistes du CSRII et les nationalistes kurdes de l’UPK, piliers du soutien à l’occupation, et par les milices fondamentalistes. La victoire électorale annoncée des mouvements réactionnaires soutenus par les USA fait craindre une répression accrue dans les mois à venir.
Les idées de gauche sont également menacées sur le web, puisque les responsables du site « Discussion moderne » ( http://www.rezgar.com/ ), l’un des plus importants forums de discussion progressiste en langue arabe, ont reçu des menaces et leur site a été attaqué par des pirates informatiques à plusieurs reprises. C’est donc toute la gauche irakienne qui est aujourd’hui menacée et qui a besoin, plus que jamais, du soutien de la gauche mondiale.