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Villepin humilié, Chirac barricadé, Sarkozy gêné : la droite peine

Publie le vendredi 2 juin 2006 par Open-Publishing
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Villepin humilié, Chirac barricadé, Sarkozy gêné : la droite peine
cf libre belgique

L’atmosphère délétère de fin de règne et le discrédit de la droite menacent le chef de l’UMP y compris.

Tout va bien. C’est en substance le message qu’a essayé de délivrer Dominique de Villepin jeudi. Devant un parterre de journalistes passablement sceptique, le chef du gouvernement a voulu accréditer l’idée que, pendant l’année qui sépare la France des prochaines présidentielles, aucune « pause dans l’action gouvernementale » ne sera de mise. « Je ne dévierai pas du cap fixé par le Président de la République : le travail quotidien au service de nos concitoyens », a-t-il martelé.

L’hôte de Matignon vient pourtant de subir trois échecs cuisants. Les derniers sondages sur les présidentiables ne le créditent plus que du cinquième des intentions de vote de son rival Nicolas Sarkozy. Quelque 200 députés de l’UMP ont boycotté le vote de rejet récent de la motion de censure socialiste. Et cette semaine, les ovations ostensibles des députés UMP au ministre de l’Emploi Borloo ont sonné comme un désaveu de sa propre personne.

Certes, une majorité de Français - plus désorientés que heurtés par l’« affaire Clearstream » - ne souhaite toujours pas que Dominique de Villepin quitte son poste. L’impopularité du chef du gouvernement ne crée pas moins une situation inédite dans les annales de la Ve République, puisque c’est au sein même de sa majorité que des élus en nombre, et non des moindres, plaident désormais publiquement voire pétitionnent pour son départ de Matignon et son remplacement par Jean-Louis Borloo. Lors de sa nomination il y a un an, le Premier ministre était censé incarner un renouveau mobilisateur. Désormais, il personnifie la fin de règne sclérosée et passive de la chiraquie. Le discrédit du pouvoir en place est tel qu’il rend inaudible y compris les bonnes nouvelles, tel les bons chiffres du chômage de ces derniers mois.

Le chef de l’Etat subit pareillement une cote de défiance (plus de 80 pc de l’opinion) à laquelle jamais depuis son élection ni même aucun de ses prédécesseurs à l’Elysée n’avait été confronté. Jacques Chirac est décrit par les analystes comme coupé du monde et barricadé, vieilli, dans son château. L’illustrerait bien, selon cette thèse, sa décision récente de gracier l’ex-ministre et champion olympique Guy Drut, qui a été critiquée y compris par les plus fidèles soutiens de l’Elysée comme le président de l’Assemblée Jean-Louis Debré.

Cette atmosphère délétère préjudicie également aux sarkozystes. Leur chef de file voulait mettre 2006 à profit pour décliner son programme présidentiel, mais les conventions ad hoc de l’UMP passent totalement inaperçues par rapport à ses hésitations nombrilistes sur son maintien ou non au gouvernement. Et sa cote de popularité personnelle hier inoxydable peine à ne pas être entraînée à son tour, avec toute la droite, vers les bas fonds. Signe que les choses vont mal : dès la semaine prochaine, Nicolas Sarkozy se replongera dans son terrain de prédilection de l’insécurité. Mais là aussi, il peut être aux abois : les chiffres de la délinquance n’ont jamais été aussi mauvais que depuis son retour à l’Intérieur.

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