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Viva Zapatero !" : une charge féroce contre le système Berlusconi

Publie le mercredi 21 décembre 2005 par Open-Publishing
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de Jacques Mandelbaum

Voici un document qui a fait beaucoup de bruit en Italie depuis le mois de septembre, où sa sortie en salles, après sa présentation non officielle à la Mostra de Venise, a d’ores et déjà attiré quelque trois cent mille spectateurs et tourne à l’événement politique. Il s’agit d’une sorte de libelle à la Michael Moore appliqué à la réalité berlusconienne. Son auteur, Sabina Guzzanti, est une humoriste italienne qui caricature à la télévision le milieu politique italien. L’une de ses bêtes noires est le premier ministre, dont elle se fait ordinairement la tête pour mieux se la payer.

Tant et si bien que le couperet finit par tomber : une série d’émissions qu’elle présente sur la troisième chaîne publique (RAI 3) est purement et simplement interdite après la diffusion de la première, le 16 novembre 2003. Ce film est une réponse à cet acte de censure, avec pour cible principale le système Berlusconi.

Propriétaire du plus grand groupe de télévision privé et maître des nominations à la tête de la télévision publique, le premier ministre, qui est par ailleurs une des premières fortunes mondiales, contrôle d’autant plus efficacement la liberté d’expression dans le pays que les médias ou les personnes qui lui résistent se voient souvent traînés en justice pour des sommes faramineuses qui placent ses opposants en position de faiblesse avérée. Des médias aux ordres, une opposition inconséquente, un pays muselé : tout le monde en prend ici pour son grade.

Mêlant micros-trottoirs et témoignages de journalistes refusant d’entrer dans le moule, Sabina Guzzanti signe donc un vrai film d’intervention, d’une féroce efficacité. On connaît les vertus (révolte et dénonciation) et les limites (absence de contradicteurs, illustration d’une thèse donnée comme la seule vérité) du genre. Ainsi, on pourrait par exemple soupçonner la réalisatrice de se retourner bien tardivement contre un média de longue date converti en Italie au côté le plus obscur du divertissement et de la bouffonnerie. De même, rien n’indique dans son propos qu’elle puisse concevoir qu’un certain type de satire spectaculaire puisse participer de l’aliénation qu’elle prétend dénoncer.

D’un autre côté, on ne peut nier à son film une vraie force de protestation, ne serait-ce qu’en vertu de certains témoignages. Michele Santoro et Enzo Biagi, ex-journalistes de la RAI, Furio Colombo, ex-directeur de L’Unita, Feruccio Bortoli, ex-directeur du Corriere della serra, tous ces hommes qui ont eu personnellement à souffrir du pouvoir berlusconien ne sont pas loin de nous décrire une Italie en proie à un Etat totalitaire qui se dispense d’autant plus aisément de violenter ses adversaires qu’il réduit à néant leur liberté d’expression. Si tel est bien le cas, les urnes, qui ont tout de même porté Silvio Berlusconi au pouvoir, devraient quant à elles parler lors des prochaines élections législatives italiennes, qui ont lieu en mai 2006.


Documentaire italien. (1 h 20.)

 http://www.lemonde.fr/web/article/0...

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