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Voilà comment les colons de la vallée du Jourdain exploitent les travailleurs palestiniens
Publie le samedi 31 décembre 2005 par Open-PublishingDes centaines de travailleurs palestiniens sont durement exploités par leurs employeurs, les colons israéliens, dans la vallée du Jourdain. C’est ce qui ressort des entretiens que nous avons eus ces dernières semaines avec un grand nombre de travailleurs palestiniens. La zone agricole de la vallée du Jourdain comprend une vingtaine de colonies, chacune cultivant ses propres plantations. Les conditions de travail varient de l’une à l’autre et les employeurs ne respectent pas les lois du travail en usage dans l’Etat d’Israël et ignorent tout aussi parfaitement les lois palestiniennes du travail. On notera que pour pouvoir travailler dans une colonie, les travailleurs palestiniens sont tenus de posséder un permis d’entrée délivré par l’administration. Si bien que, si elle le voulait, l’administration pourrait aisément inspecter leurs conditions de travail ou leur niveau de salaire. Il n’y a, répétons-le, nulle application des lois du travail et, en réalité, ni droit ni juge.
Le salaire quotidien est beaucoup plus bas que le salaire minimum (légal) israélien et tourne autour de 50 à 60 shekels [9,20 à 11,00 €] par journée de 8 heures de travail, dans toutes les colonies. Si on travaille une heure supplémentaire, on reçoit 10 shekels [1,84 €] en plus. Personne ne reçoit de feuille de paie. Les employeurs, contre les arrêts des tribunaux israéliens du travail concernant les travailleurs palestiniens dans les colonies, considèrent que les travailleurs palestiniens n’ont pas de droits tels qu’indemnités, jours de congé ou de maladie etc.
Les travailleurs palestiniens sont en général employés à la culture du raisin, des dattes et des rosiers. Un petit nombre est employé à la culture des légumes. Une partie non négligeable de cette production est destinée à l’exportation. Et le client d’un supermarché de Grande-Bretagne ou de Belgique qui achète un produit agricole « israélien » n’est pas conscient de l’exploitation scandaleuse des travailleurs palestiniens et il n’est pas non plus conscient qu’il ne s’agit pas d’une production agricole israélienne mais de produits agricoles provenant de territoires sous occupation. Le raisin est commercialisé dans les pays occidentaux via les sociétés « Arava » et « Agresco ». Les roses Rimonis et Carcuma sont essentiellement commercialisées aux Pays-Bas.
Un des travailleurs palestiniens avec lesquels nous avons discuté a dit être employé dans l’agriculture depuis 15 ans dans la même localité. Selon ses dires, son salaire n’a pas changé avec les années : 50 shekels par jour ; il travaille de 6h du matin à 14h et il est l’un des six travailleurs permanents que le propriétaire de l’entreprise emploie tous les jours de l’année. D’autres sont employés selon les « saisons » ou pour un temps limité. Les travailleurs palestiniens s’occupent aussi des pulvérisations et des traitements, sans vêtements adaptés ni masques. Un travailleur qui a demandé un masque à son employeur a essuyé un refus. Un des travailleurs a rapporté avoir été congédié après avoir été blessé à l’œil pendant son travail. Autrement dit, la région occupée de la vallée du Jourdain est une zone d’exploitation des travailleurs, comparable à la zone qui avait été établie dans les territoires de Gaza avant le retrait israélien.
Salwa Alenat milite au sein de l’association de défense des droits des travailleurs « Kav La’Oved » [cf. www.kavlaoved.org.il hébreu et anglais]
(Traduction de l’hébreu : Michel Ghys)
HaGada HaSmolit, 11 décembre 2005