Washington c/Damas

Français et chrétien, je me considère un ami et de la Syrie et du Liban, et je m’inquiète du fait que notre pays ait pu se joindre aux Etats Unis pour promouvoir au Conseil de Sécurité de l’ONU une résolution d’ingérence dans une affaire intérieure libanaise.

L’article d’Ahmed Cheniki tiré du quotidien d’Oran intitulé "WASHINGTON-DAMAS Tensions entretenues" me semble bien exprimer le choc que j’ai ressenti en apprenant que la France s’est alliée dans cette partie du monde à l’état qui soutient en armes et en financement les envahisseurs sionistes qui occupent non seulement la Palestine mais également une partie de la Syrie. Nous ne pouvons croire à la bonne foi d’un pays qui refuse de reconnaître le droit international, et qui agit comme si son statut actuel, mais bien provisoire, de super-puissance lui permet de se comporter comme seigneur du monde.

Certes, la prolongation du mandat d’Emile Lahoud est - pour en dire le moins - controversée, mais il aurait été bien plus sage pour notre pays de rester totalement en dehors d’une action menée par le grand envahisseur du monde arabe - une action qui ne servirait que les intérêts des énemis de la civilisation qui nous reste chère. Il serait mieux de laisser aux libanais la possibilité de régler entre eux leurs problèmes internes, de préférence en accord avec les voisins syriens. Les deux pays doivent beaucoup plus craindre les menaces provenant de leur voisin sioniste au sud, renforcé par les Etats Unis de leurs nouvelles bases en Irak, que par une prolongation de trois ans du mandat du président du Liban et par la présence sur le sol libanais de forces armées syriennes.

Ahmed Cheniki a raison de craindre ce développement inattendu de la politique de notre pays, et de s’en inquiéter, et je ne peux qu’ajouter ma voix à celles de tous qui déplorent cette initiative malheureuse et injustifiée de la part de notre diplomatie.
Il est temps pour nous de rappeler à notre gouvernement que notre civilisation commune est assiégée par des influences nocives et déstabilisatrices venant d’outre-atlantique. Nous avons le devoir de nous rassembler en unité avec toutes les autres nations centrées sur la Méditerranée pour repousser ces ingérences d’une autre région du monde. Il est également de notre devoir de défendre conjointement notre civilisation dont les racines puisent directement dans nos grandes religions monothéistes - que nous soyons chrétiens, musulmans ou juifs.

Nous devons rejeter toute tentation de suivre aveuglement toute action menée par les Etats Unis, qui ne veulent qu’accroître leur influence dans une région stratégique pour s’assurer un approvisionnement excessif en pétrole. Nous devons également rejeter toute prétention de leur part de vouloir imposer par la force leur forme corrompue de la démocratie sur des pays qui font beaucoup plus qu’eux pour progresser vers une forme de démocratie adaptée à leurs situation et à leurs traditions.