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apprendre pour comprendre : 12 décembre 1970

Publie le dimanche 12 décembre 2010 par Open-Publishing
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Il y a quarante ans, le 12 décembre 1970, un article de la presse française révélait le Procès de Burgos dans lequel 16 inculpés, militant dans le mouvement pour l’indépendance du Pays Basque, risquaient la peine de mort par garrotage. 6 condamnations à mort (commuées en prison à vie) et 752 années de prison furent prononcées.

Au moment où une camarade basque, Aurore Martin, est menacée d’être extradée en Espagne où elle risque jusqu’à 12 ans de prison pour appartenance à une mouvance indépendantiste non interdite de ce côté de la frontière coloniale qui sépare le Pays Basque, il est important de rappeler l’histoire…

Libérez-les ! est solidaire avec la camarade Martin et de tous les prisonniers politiques basques !

« De notre envoyé spécial

"Franco, assassin !" "Liberté... Liberté !" Pour la première Ibis depuis la fin de la guerre civile, le cri a retenti un peu partout ces jours derniers dans les villes d’Espagne, sur les fourgons de police en flammes, sur une barricade de Saragosse, sur les pavés jonchés d’éclats de verre à Barcelone. Le procès des seize nationalistes basques devant une cour martiale de Burgos a d’un seul coup, dressé dans les rues contre la Garde civile une opposition éparse qui n’avait jusqu’alors imaginé, pour protester, que de se murer silencieusement dans les églises (…)

Car, pour la première fois, des hommes enchaînés, accusés du meurtre d’un policier, ont pu, publiquement, plaider leur cause, dénoncer la police, les tortures subies, la dictature. Pour la première fois, sous la pression de l’Eglise, dont deux prêtres figuraient parmi les inculpés, la cour martiale ne se cachait pas derrière le huis clos. Les journalistes, espagnols et étrangers, qui se pressaient dans la salle austère et minuscule de la capitainerie générale, de Burgos, ont entendu les seize autonomistes dire : "Bien sûr, nous avions tout avoué. Mais nous nions tout. Nous aurions avoué n’importe quoi..." Un des deux prêtres, le père Etxabe Garatazelai, 37 ans, a raconté : "Ils m’avaient assis, à moitié nu, sur une table, les mains liées derrière la nuque, et me rouaient de coups quand je tentais de m’allonger." "Mon mari était, lui aussi, aux mains de la police, dit une jeune femme, Mme Itzier Aizpurua, professeur de piano, 27 ans. Ils m’ont dit qu’il ne leur serait pas difficile de le pendre, ou de le jeter dans la cage de l’escalier..." Cela a duré le temps de deux audiences. Puis le juge colonel les a fait taire. Mais déjà, en dépit du silence de ses journaux, du mutisme de sa télévision, toute l’Espagne le savait.

D’un coup s’effaçait, comme un masque que l’on arrache, le visage que tentait de se donner un gouvernement prodigue de prospérité nouvelle et de promesses de liberté. »