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atmosphère délétère actuelle de fin de règne (la france vue de belgique)
Publie le jeudi 22 juin 2006 par Open-PublishingLes « regrets », sans excuses, de Villepin (libre belgique)
BERNARD DELATTRE
Le Premier ministre se corrige, au lendemain du vif incident qui l’avait opposé à François Hollande. Il a des circonstances atténuantes, mais son image est touchée et sa précarité encore renforcée.
Tout cela peut-il durer ?
E n aucun cas, je n’ai voulu me livrer à des attaques personnelles, que je condamne. Si certains mots vous ont personnellement blessé, je les regrette et je les retire. » Vingt-quatre heures après l’incident qui l’avait opposé à l’Assemblée au leader du Parti socialiste François Hollande, au cours duquel ce dernier, après une question sur EADS, avait été trois fois accusé de « lâcheté » par le chef du gouvernement, Dominique de Villepin s’est quelque peu corrigé mercredi. En démocratie, a-t-il convenu, chacun -l’opposition y compris, donc- « a sa place et a son rôle à jouer » et mérite « écoute, dialogue et respect ».
L’hôte de Matignon ne s’est toutefois pas excusé. Et s’est octroyé des circonstances atténuantes en rappelant que, ces derniers mois, lui-même n’avait « pas été épargné par les attaques personnelles, la calomnie, les mensonges », « les jeux stériles, les provocations inutiles et les sous-entendus qui portent la rumeur ». Le PS a acté a minima ses regrets. Son chef de file à l’Assemblée rappelant sournoisement qu’ « il n’y a pas dans cet hémicycle des courageux et des lâches. Il n’y a que des élus qui ont eu le courage d’affronter le suffrage universel » -façon de tacler à nouveau le Premier ministre, qui n’a, lui, jamais été élu.
(...) Mais cet incident n’est clos qu’en apparence. Le coup de sang de Dominique de Villepin enracinera sans doute encore un peu plus dans l’opinion son image d’homme hautain, exalté, sanguin jusqu’à en devenir violent. Ce n’était pas le moment, alors qu’il doit déjà affronter des sondages de popularité historiquement médiocres. Il a aussi, jusqu’à la caricature, rappelé l’affaiblissement du Premier ministre et sa mise en minorité dans son propre camp, au point qu’on se demande vraiment comment tout cela pourra encore durer pendant dix mois. Il a enfin mis à nouveau en lumière l’atmosphère délétère actuelle de fin de règne, le caractère interminable et stérile d’un chiraquisme agonisant, déchiré à belles dents de son propre intérieur.