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capitalisme et socialisme

Publie le vendredi 1er février 2008 par Open-Publishing
3 commentaires

Capitalisme – Socialisme.
Ces deux modèles de société ont depuis le 19e siècle déterminé les enjeux de changement, alimenté les différentes idéologies et structuré le paysage politique que nous connaissons encore de nos jours. Avec une spécificité française qui a, certainement pour des raisons historiques et culturelles, poussé les oppositions jusqu’à l’antagonisme. La lutte des classes « version française » s’est vite transformée en opposition systématique avec parfois un amalgame entre classes et couches socioprofessionnelles qui a conduit à des impasses.

Le capitalisme est avant tout déterminé par la propriété privée des moyens de production et donc du capital selon Marx. Par opposition, le socialisme c’est la propriété collective des moyens de production. Le modèle soviétique, entre autres, a interprété cela par l’étatisation, la planification…, ce qui n’était rien d’autre qu’un capitalisme d’état. Est-ce que l’effondrement de ce système s’est réalisé sous les coups de boutoirs de la grande bourgeoisie internationale ? Pas du tout, il s’est effondré de lui même par son incapacité à répondre aux aspirations et aux défis d’une société moderne porteuse de valeurs de solidarité, de liberté et de démocratie idéologiquement incarnée par « le Socialisme ».

Cet effondrement a produit un véritable traumatisme dans le courant dit "révolutionnaire". Plus de modèle, prise de conscience de la réalité de la société soviétique et des crimes staliniens. (Un bémol quand même, il est vrai qu’il reste encore chez un certain nombre de communistes un brin de nostalgie, le deuil du modèle est difficile à faire ). Bref, ce fut un véritable désastre identitaire du projet communiste qui depuis laisse le champ libre aux libéraux et aux réformistes. Je pense que cela a affecté toute la gauche et pas uniquement le PCF et a engendré une crise de tous les partis de gauche. Tout simplement parce que ce modèle était la référence même si certains s’en démarquaient.

Doit-on en déduire, au vu du désarroi des partis de gauche en matière d’alternative politique pour une autre société que le projet communiste est mort, que Marx est enterré à jamais ? Je me pose la question, mais sans certitude.

Aujourd’hui les partis de gauche se noient dans des slogans de justice sociale et de liberté qui ne suffisent pas à construire une véritable alternative, d’ailleurs ils sont même repris sans vergogne par la droite qui se renforce de l’absence de projet à gauche. Quant aux alter-mondialistes, leur discours manifeste plus d’un anti-libéralisme que d’une alternative au capitalisme d’une part et d’autre part, leur action déserte la sphère politique nationale accréditant l’idée que les choix des gouvernements nationaux ne déterminent plus le système. N’y aurait-il pas d’autre alternative qu’une adaptation au capitalisme ? L’état peut-il à lui tout seul dompter la logique du capital qui s’internationalise ? La mise en place d’éléments supranationaux de régulation peuvent-ils suffire ?

D’ailleurs, autant le projet communiste avait centré son action sur la nation et plus particulièrement sur l’entreprise, là où se créent les richesses et se structurent les rapports sociaux, autant les objectifs des anti-libéraux sont essentiellement macro-économiques. Les processus en œuvre dans l’entreprise aujourd’hui sont absents de leur analyse et leur discours.

Pour moi, l’orientation adoptée par le PCF d’agir au cœur du processus de production reste d’une grande actualité. Par exemple : la privatisation d’EDF, aura t-elle lieu ? Cela tient-il à un choix politique ? C’est une grave erreur ; le processus de privatisation est en œuvre depuis la fin des années 1970. EDF a fait depuis l’objet de diverses réorganisations qui ont conduit à une séparation des activités et dans le même temps à réduire l’emprise des salariés sur l’entreprise. Les dernières en date, sous couvert d’une démarche qualité et la mise en œuvre d’une relation clients/fournisseurs, ont préparé les conditions de la privatisation au prix d’aberrations organisationnelles et de pertes d’efficacité. La décision politique ne viendra qu’entériner et légaliser un processus qui est pratiquement arrivé à son terme. De plus, la droite et le PS ont légitimé ces choix. Or l’absence de l’éclairage politique sur ces processus à l’œuvre dans l’entreprise n’a pas permis l’action des salariés contre ces réorganisations et s’est traduit par une délégation de pouvoir vers les politiques.

Cette société est verrouillée par le pouvoir économique. Le pouvoir politique sert les orientations libérales et régule les problèmes sociaux en fonction des rapports de forces. La conquête du pouvoir politique suffit-elle à ouvrir une véritable alternative ?

Ne faut-il pas y associer la conquête du pouvoir économique notamment par un développement de l’action des salariés dans l’entreprise et donc un développement de la démocratie économique ? Cela a pourtant été la démarche du PCF.

Je pense que les alternatives qui nous sont proposées aujourd’hui sont limitées à une adaptation du capitalisme. Alors je m’interroge, la pensée communiste centrée sur l’action au cœur du processus de production était-elle complètement erronée ? Je pense que non, par contre l’entreprise a changé et l’absence d’analyse de ces changements a conduit le PCF à une impuissance dans sa stratégie d’action.

Messages

  • Les 3 derniers alinéas de ce texte sont particulièrement pertinents, dans un texte très intéressant.

    Pour moi c’est clair : la bataille est sur le terrain de la production de richesse, la lutte pour le pouvoir de la population pour diriger son propre destin ce sont les travailleurs qui contestent le pouvoir patronal au concret.

    C’est l’organisation des travailleurs à renforcer.

    Pour moi il n’y a pas d’équilibre entre bataille électorale et bataille dans les entreprises pour leur fonctionnement démocratique , l’une est au service du renfort de l’autre, pas l’inverse.

    La bataille électorale n’a de sens que pour renforcer ou créer les organisations démocratiques des travailleurs pour se défendre et diriger dans les entreprises. La bataille électorale n’est pas une fin en soi .

    • Je ne crois pas à l’autogestion demain ou au communisme d’après demain si ce n’est comme une utopie mobilisatrice mais je crois que penser le socialisme est possible.

      Ce qui signifie penser un autre Etat que l’actuel, celui qui garantie toujours plus de profits pour les entreprises privées notamment les sociétés anonymes côtées en bourse est possible. Un tel Etat ne doit pas simplement réguler la sphère capitaliste dominante de la société par quelques mesures qui finalement laissent sa logique centrale intacte. Un état socialiste démocratique va bcp plus loin en aidant la démocratisation dans les entreprises publiques et celles qui seront demeurées privées. Il enclenchera surtout la démocratie économique hors de l’entreprise via l’intervention citoyenne dans la planification dans les choix de production et de distribution.

      Christian DELARUE Altermondialiste

      POUR UNE ALTERDEMOCRATIE UN ETAT ECO-SOCIALISTE
      www.blogg.org/blog-44839-billet-pour_une_alterdemocratie_un_etat_eco_socialiste-730607.html
      chrismondial blog

    • Je crains qu’on ai un désaccord fondamental. Notes bien que celui-ci ne pose pas trop de problèmes pour beaucoup de luttes.

      Mon engagement ne part pas d’une croyance mais d’une volonté d’aller vers une société où les gens aient le plus de controle possible sur leur propre existence, et ça passe à mon sens par la bataille sur le terrain essentiel de leur quotidien, du travail aux autres aspects de la vie.

      C’est un désir de liberté individuel et collectif. Ce désir se retrouve assez communément dans une fraction des travailleurs mais connait de redoutables ennemis , le manque de confiance en soi des travailleurs, l’absence d’outils organisationnels nécessaires et un adversaire résolu et manœuvrier.

      Là dedans le lieu qui est en même temps le important pour l’existence, celui qui permet à la société de fonctionner économiquement et qui est en même temps le plus despotique est bien l’entreprise.

      Penser que ce problème soit contournable (on déserte et on ne fait que de l’alter ailleurs ) ou qu’on puisse le traiter (éventuellement) par en haut n’a pas trop de sens , car c’est penser que le pouvoir soit neutre, que l’état soit neutre et puisse mener bonne politique ....

      Je pense plutôt que les tentatives massivement par en haut, qui théorisent le "par le haut" ("on va prendre les bonnes mesures"....) mènent à nomenclatura, à rester dans le capitalisme ou au pire à la boucherie.

      Les coopératives nous montrent que l’autogestion est possible malgré un environnement très défavorable. Leur existence même est une démonstration que l’autogestion est + possible qu’une bonne politique de gauche par en haut.

      Les coopératives sont , avec leurs contradictions, justes des démonstrations éclatantes de la supériorité et la faisabilité de l’autogestion.

      L’actualité de ce mode de gestion et du fait que les travailleurs en soient capables ne fait donc aucun doute (malgré encore une fois des conditions exécrables pour ce type de gestion, du point de vue des banques, de la pression du capital, des pressions exterieures et intérieures dues au capitalisme pour reconstruire des inégalités et des bureaucraties ou de la bourgeoisie dedans).

      Un certain nombre d’expériences sur le net montrent que des formes avancées d’auto-organisation démontrent une efficacité bien souvent supérieure aux formes verticales d’organisation.

      Le communisme est donc bien d’actualité (c’est à dire que le société a capacité de le secréter). les travailleurs sont de plus en plus tout à fait capables, collectivement, de gérer au moins aussi bien que le capitalisme.

      La généralisation du principe d’autogestion et d’auto-organisation se heurte en permanence à un point dur , l’entreprise capitaliste, le pouvoir de la bourgeoisie, et l’état que cette classe s’est donnée pour dominer jusqu’à physiquement une société, c’est donc là la question de la révolution qui se pose.

      Les entreprises, les temples du fric, de la production de richesses ne peuvent être contournés, sinon tu perds tout. Penser que par en haut on les fera bouger ne me parait pas réaliste. Ca ne marche pas. Sans pouvoir démocratique alternatif sur le lieu du travail je ne vois pas trop ce qui pourrait se faire.

      Penser qu’on va faire de l’altermondialisme ou de l’alter je ne sais pas trop, sans traiter cette question, c’est parler avec de nouveaux mots, le langage de l’étatisme, de l’espérance dans une voix très électoraliste.

      Tu parles d’un autre état, mais comment le construire ? sur quelles bases physiques ? De la démocratie participative ? Mais mon maire de droite en fait déjà, il appelle cela des débats dans les quartiers, et fait après ce qu’il veut.... rien de nouveau là dedans mais rien de bien efficace (notes qu’il vaut mieux cela que rien, mais c’est encore sous tutelle de l’état ancien).

      Ca ne signifie nullement un autre état. Un autre état c’est un état qui a une nature différente de celui actuel , passer de l’un à l’autre ne se fait pas ainsi, ne s’est jamais fait ainsi (notes que j’ai bien conscience également que, pour l’instant aucun chemin n’a été parcouru jusqu’au bout,....).

      Tu passes par dessus la question de l’apparition d’un nouvel état et tu indiques, somme toute, que finalement c’est cet état nouveau qui va aider à la démocratisation (donc l’autogestion ? non c’est trop ?) mais on reste toujours assis par terre pour savoir comment cet état nouveau peut se créer ....

      De Allende à Mitterand on a vu bien des tentatives de transformation "par en haut" de l’état en indiquant qu’un jour les travailleurs, etc, .... mais qu’en attendant les entreprises seront nationalisées. On a vu. Mais on n’a pas fait un pas en avant.

      La base physique d’un état nouveau, précisément, c’est l’organisation démocratique dans les entreprises qui peut lui donner corps et chair. Non pas que cela se résume à cela, mais cela me parait être la seule colonne vertébrale qui puisse lui donner corps . Non pas que ce type de démocratie doit être exclusif et maltraitant vis à vis des autres, voir même opposé, mais c’est celui-ci qui lui donne sens pour restructurer l’ensemble de la société dans un sens plus respectueux de l’humanité, des hommes et femmes réels , ainsi que l’environnement supportant le tout.

      Pas d’état nouveau sans dire comment il peut être nouveau. Et surtout, bonté, ne pas me dire qu’il est nouveau parce qu’il va démocratiser la société, ça c’est pas du nouveau, c’est de l’ancien qui a échoué.

      Et ça ne résoudra pas le problème de savoir comment le construire.

      Alors ? Arriver aux élections et changer l’état ? Sans poussée décisive de structures d’auto-organisation aptes à booster résolument je ne vois pas ce qui serait fait. je pense + que c’est l’état qui changera les hommes qui l’occuperont (ou les broyera) plutôt qu’eux qui changeront l’état.

      Une chose parait établi actuellement c’est l’impasse d’une stratégie de changement qui, en fait, loin de permettre de changer le monde et l’état, abouti à l’inverse : L’état a transformé les élus et les dirigeants en quelque chose qui ressemble en diable à la droite et au principe de domination bourgeois.

      Les forces de la gauche en sont là, et depuis plusieurs dizaines d’années ce n’est pas tant les alliances qui comptent mais de faire en sorte que celles-ci soient indépendantes le mieux possibles des principes corruptifs de l’ancien état, ce ne sont pas les plus magnifiques programmes qui comptent mais la rapidité avec laquelle le mouvement concret de l’état transforme les transformateurs en nomenclaturistes puis en bourgeois bon teint, renouvelant avec avantage le personnel politique de la classe bourgeoise .

      Le PS a été completement dévoré à ce compte, le PCF éparpillé en multiples morceaux.

      Même des forces nouvelles, alternatives , ont été soumises à de puissantes tentations pour qu’elles soient dévorées et absorbées par les multiples bastringues de comités et missions qu’inventent sans cesse la machine d’état et ses maitres (souvent instinctivement) pour désarmer.

      Les Verts par exemple ont accompli en un temps effroyablement court au nirvana nomenclaturiste. Je parle ainsi mais je n’ai pas de mépris mais une inquiétude sur l’ampleur et l’efficacité d’un état que certains voulaient transformer.

      Les verts furent une espérance très intéressante, celle-ci a été noyée en peu d’années dans le dispositif capitaliste.

      Rassembler ceux qui partagent, en plus d’un héritage commun sur pas mal de terrains de justice sociale, un regard plus moderne sur les phénomènes de nomenclaturisation , sur les dangers du socialisme par en haut qui finit toujours en capitalisme, me parait un bon objectif, une bonne tentative.

      Rassembler et tourner cela pour construire par en bas solidement et pour ensuite centraliser l’organisation démocratique dans les entreprises et dans les quartiers me parait le meilleur moyen d’aller vers un état nouveau.