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de la pensée élyséenne sur les "personnes en état de pauvreté"....

Publie le mercredi 11 juillet 2007 par Open-Publishing
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Blog correspondant paris/libre belgique

10.07.2007
Un objectif, ou l’autre
Le Président Sarkozy vient donc de fixer comme objectif à Martin Hirsch de réduire la pauvreté d’au moins un tiers en cinq ans. Cet objectif chiffré figure dans la lettre de mission que le chef de l’Etat a adressée hier à l’ex-patron d’Emmaüs, reconverti Haut commissaire aux Solidarités actives.

La petite main du service de presse de l’Elysée qui a transmis cette lettre aux journalistes a oublié de désactiver, avant l’envoi, la fonction « Suivi des modifications » figurant sous l’onglet « Outils » du document en format Word. Cette étourderie informatique permet, du coup, de suivre les derniers cheminements de la pensée élyséenne.

Ce n’est pas inintéressant. Ainsi, on s’aperçoit qu’il arrive au Président de succomber au politiquement/lexicalement correct. Dans la dernière version de son texte, les pauvres sont rebaptisés « personnes en situation de pauvreté ». Un peu comme Christine Boutin parle des « personnes homosexuelles » ou comme les balayeurs de rues sont appelés « techniciens de surface ».

On voit aussi que Nicolas Sarkozy sait faire preuve de modestie : une phrase particulièrement ambitieuse (« Nous souhaitons qu’aux yeux du monde, la France renoue avec son idéal de réussite au service de la solidarité ») a été prudemment supprimée.

On voit surtout que le cœur même de son texte a fait l’objet d’une dernière modification. L’avant-dernière version de sa lettre de mission, en effet, parlait de réduire la pauvreté non d’un tiers mais « de moitié en cinq ans ».

Un tiers ou une moitié ? On croyait naïvement que ce genre d’arbitrage politique majeur se réglait à l’issue d’une négociation-marathon en bonne et due forme, dans un bureau, entre deux hommes, en présence de nombreux experts et sur base d’innombrables rapports. Mais non, l’activation d’une simple fonction informatique suffit semble-t-il à régler l’affaire.

La France compte aujourd’hui 7 millions de pauvres. Ce nombre aurait-il été réduit de moitié, il en serait resté 3,5 millions en 2012. Mais non : après le passage de la touche « Delete » et le rabaissement de cet objectif à un tiers, il en restera finalement, en gros, 5 millions.

Un simple trait de plume informatique, une seule ligne rouge bien propre sur l’écran de l’ordinateur précédée d’un « Supprimé » en grasses a donc condamné 1,5 million de personnes à vivre 5 années de plus dans la rue. L’informatique, si désincarnée, c’est décidément merveilleux.

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