Accueil > des gros consommateurs d’intermittents

des gros consommateurs d’intermittents

Publie le mardi 26 septembre 2006 par Open-Publishing

Les animateurs-producteurs sont de gros employeurs d’intermittents du
spectacle, en raison de la "saisonnalité" des émissions signées entre
eux et les chaînes (de septembre à juin). Nombre d’intermittents sont
confrontés à la multiplication de contrats précaires, à un
détournement de leur statut (sous-traitance, travail au noir...). Des
animateurs-producteurs ont été traduits devant les tribunaux par des
employés, mais la loi du silence s’applique souvent, et des
intermittents affirment qu’une "liste noire" circule chez les
employeurs.

En avril, suite à une plainte d’ex-salariés en CDD, Jean-Luc Delarue,
PDG de la société de production Réservoir Prod. et animateur de "Ça
se discute" (France 2), a été condamné par le tribunal correctionnel
de Paris à 2 000 euros d’amende avec sursis, pour ne pas avoir fait
bénéficier ses employés en CDD d’une mutuelle. La loi d’amnistie du 6
août 2002 l’a relaxé de la plupart des charges : embauche de salariés
en CDD pour un emploi durable, entrave à l’exercice des fonctions
d’un inspecteur du travail. Pour M. Delarue, le recours aux "CDD
d’usage" dans ce secteur était autorisé par la loi, du fait de la
précarité du métier de producteur. La législation permet de
multiplier les CDD dits "d’usage" pour des emplois temporaires, ce
qui permet surtout de ne pas créer d’emplois permanents...
"Nous dépendons des diffuseurs, avec qui nous renouvelons, ou pas,
nos contrats à chaque fin de saison", explique Marc-Olivier Fogiel,
PDG de PAF Productions, qui travaille pour M6. Sa société (70
personnes dont la moitié en CDD), n’a été traduite en justice que
deux fois en six ans. La dépendance vis-à-vis des chaînes a été
fatale à Karl Zéro. L’arrêt du "Vrai journal" par Canal+ a obligé sa
"Société du spectacle" à licencier 30 personnes et a fait perdre de
la valeur à l’entreprise.

Les chaînes ne s’en soucient pas. En payant très cher les animateurs-
producteurs, elles se dégagent des litiges sociaux liés aux émissions
qu’elles commandent. Cela n’empêche pas les syndicats d’attaquer les
chaînes dont France 3, grande pourvoyeuse d’intermittents.

Renaud Donnedieu de Vabres, ministre de la culture et de la
communication, a reçu en juin les dirigeants de l’audiovisuel public
pour un "point d’étape" sur le recours aux intermittents. Rappelant
qu’ils devaient être "exemplaires et irréprochables", il s’est
félicité que l’intermittence soit passée de 27 % à 16 % sur France 2
et de 25 % à 15 % sur France 3, de 2002 à 2005. Ce ratio devrait
baisser de 8 % à France Télévisions, cette année.

"Il y a des abus, mais moins qu’on ne le croie", tempère Jacques
Peskine, délégué général de l’Union syndicale des producteurs
audiovisuels (USPA). A la commission mixte paritaire de la production
audiovisuelle, il a proposé d’introduire un contrat intermédiaire
entre CDD et CDI, plus souple pour les entreprises de l’audiovisuel.
Mais en pleine crise du contrat première embauche (CPE), sa
proposition n’a guère eu de succès.