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discours de citoyen à Lille (resf)

Publie le jeudi 6 juillet 2006 par Open-Publishing

Prise de parole du RESF 59 62 lors de la cérémonie de parrainage en mairie
de Lille ce mercredi 5 juillet 2006

Le Réseau Education Sans Frontière est né de mobilisations qui se font
faites spontanément autour de jeunes seuls ou en famille dans les écoles.
Ces mobilisations ont eu lieu naturellement parce que tout à chacun s’est
rendu compte que ces personnes sont comme vous et moi, qu’elles aspirent aux
mêmes choses, à vivre tout simplement. Les mots sans papier, clandestins,
illégaux alors ne sont plus des termes abstraits, mais s’appliquent à des
êtres de chair et de sang. Ce sont nos élèves, les copains de nos enfants,
nos voisins… M. Sarkozy a voulu faire du chiffre. Les familles sont des
proies faciles. Ceci a fait cela. Mais ce sont des cas qui ne sont pas en
marge, qui ne sont pas des « bavures », mais des situations dues à la loi,
aux lois successives qui condamnent des milliers de personnes à se cacher.
Ces personnes qui vivent comme traquées en permanence ce sont des familles,
des jeunes majeurs, des enfants, des célibataires, des couples.

La loi CESEDA, durcie à nouveau récemment par M. Sarkozy, a fini par enlever
tout droit, le peu de droit qu’il restait à ces personnes (regroupement
familiale, dix ans de présence).

En matière de politique d’immigration nous sommes rentré dans le règne de
l’arbitraire. Et quand on sait, et on le constate, que la politique menée en
matière d’immigration est comme un laboratoire nous avons de quoi largement
nous inquiéter pour nous mêmes ne serait ce que cela.

La régularisation, un appel d’air ? Non dire cela c’est jouer sur des peurs,
vouloir susciter des peurs. L’histoire récente est là pour le démontrer. Ces
personnes qui migrent sont comme vous et moi. Si elles peuvent vivre dans
leur village, leur ville, leur région ou leur pays, elles le font. Si elles
migrent c’est contraintes et forcées. Elles sont comme avant tout expulsées
de leur pays. Expulsées pour des raisons économiques, politiques. Mais ces
deux facteurs sont trop intimement liés pour les distinguer. Ce qui se passe
à Calais depuis des années est là pour le démontrer. Suivant les mois, les
années ont a, suivant les nationalités présentes, un état du monde.

Face aux mobilisations M. Sarkozy a dégainé la circulaire du 13 juin et plus
récemment son médiateur. Cette circulaire, qui avant tout a pour but de
démobiliser, réglera quelques cas présents, mais sur le fond ne règle
absolument rien. Il nous a déjà fait le coup en annonçant l’abrogation de la
double peine. Parions que d’ici quelques mois une nouvelle circulaire
viendra dire « on va régler la situation ». Non, c’est la loi, les lois
successives qui fabriquent, qui ont fabriqué ces situations. C’est donc la
loi qu’il faut changer.

Politique à la fois humaine et de fermeté a dit M. Sarkozy. Humaine non elle
ne l’est pas de part la loi qui dénie tout droit à ces personnes. Humaine
non elle ne l’est pas car profondément inégalitaire et liberticide.Une
politique dite aussi de fermeté ? Mais ceci est tout simplement démagogique,
car elle est et ne peut être qu’inefficace et M. Sarkozy ne peut être que le
premier à le savoir. Elle a pour seul effet de maintenir des centaines de
milliers de personnes dans l’ombre, la peur, hors du droit et surtout
parfaitement disponible pour le travail au noir. Ce sont ces lois qui
fabriquent des sans papiers. C’est elles qu’il faut combattre avec fermeté,
c’est elles qu’il faut mettre hors la loi.

Cette fermeté, qui n’a et n’aura aucun effet sur le fait que des personnes
en viennent à quitter leur pays, a aussi pour conséquence la mort de
milliers de personnes à nos frontières. elle est criminelle !

Les jeunes majeurs isolés, les familles sont actuellement la partie visible
de tout cela, ils suscitent l’émotion, font prendre conscience de la
situation, des lois en vigueurs ces dernières années. Mais la question va
au-delà de la régularisation des jeunes majeurs isolés et des familles,
comme le montre la manifestation des sans papiers tous les mercredi à Lille
depuis 10 ans,

C’est la régularisation de tous les sans papiers

Et la mise en place d’une autre politique respectant les droits de chacun
et chacune. Une politique tout simplement où l’Homme est au centre.

Dans la déclaration universelle des droits de l’Homme il est dit « toute
personne à le droit de quitter son pays » mais l’on s’est arrêté là. Où
vont-elles ces personnes ? Mais où ont-elles le droit d’aller ? Il faut
prolonger cette phrase, ce droit primordial.

Alors parrainer des personnes sans papiers c’est un acte fort humainement,
de solidarité, de fraternité, mais c’est aussi pour nous, le RESF tout comme
les autres organisations présentent au sein du Collectif Unis contre une
Immigration Jetable, s’engager à combattre ces lois profondément injustes,
liberticides, et agir pour que les lois respectent enfin les droits de
l’Homme les plus élémentaires.