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"la nuit sécuritaire" 7 FEVRIER
Publie le mercredi 4 février 2009 par Open-Publishing4 commentaires
Samedi 7 février, de 14 h à 19 h
"La Parole Errante à la Maison de l’Arbre",
9 rue François Debergue
93100 - Montreuil-sous-Bois,
Metro Croix de Chavaux.(métro ligne 9).
Après le discours du président à Antony (2 décembre 2008),
Après la mise en place d’une pétition largement reprise par les médias (dont la Une de Libération du 15 décembre) : "La nuit sécuritaire"
Après la participation de "la nuit sécuritaire" à l’Appel des Appel (31 janvier 2009), réunissant les mouvements concernant : information, culture, justice, médico-social, éducation, recherche et université, hôpital et soin « somatique », soin psychique et santé mentale.
Nous voilà 18 000 signataires de "la nuit sécuritaire"
La prochaine étape, c’est le meeting du 7 février. Une première salle était réservée à l’hôpital Ste Anne à Paris, mais l’enjeu devait être trop important, et la direction a annulé notre réservation.
Ils avaient raison : nous sommes déjà plus de 1 000 inscrits ! Nous devons encore être plus nombreux pour montrer notre determination.
Lors de ce meeting, les interventions porteront sur nos pratiques, notre conception du soin, et surtout dégager des pistes d’actions concrètes pour la suite.
La sortie du rapport Couty il y a quelques jours voudrait concrétiser l’intégration de la psychiatrie dans le projet de loi HPST. Une première conséquence en serait la disparition brutale du secteur, pour des motifs d’uniformisation de l’organisation des spécialités médicales, sans soucis pour la spécificité du soin en psychiatrie. Notre réaction doit être rapide : le projet de loi est annoncé pour avril !
Vous recevrez dans quelques jours les grandes lignes du programme du meeting.
En attendant, pour vous inscrire, CLIQUEZ ICI
Samedi 7 février, de 14 h à 19 h
"La Parole Errante à la Maison de l’Arbre",
9 rue François Debergue
93100 - Montreuil-sous-Bois,
Metro Croix de Chavaux.(métro ligne 9).
LA NUIT SECURITAIRE
Le 2 décembre 2008, dans une enceinte psychiatrique hospitalière, se saisissant d’un crime pourtant très rare commis par un patient diagnostiqué comme schizophrène, le président Sarkozy a annoncé un plan pour la psychiatrie aux conséquences dévastatrices.
Dans ce discours, les fondements même de la psychiatrie ont été attaqués avec la plus grande brutalité, celle qui amadoue pour mieux exécuter.
Il aura suffi d’un fait divers dramatique pour relancer une politique de la peur dont le projet de centres de rétention de sûreté tout comme les soins sans consentement en ambulatoire sont le parachèvement.
En amalgamant la folie à une pure dangerosité sociale, en assimilant d’une façon calculée la maladie mentale à la délinquance, est justifié un plan de mesures sécuritaires inacceptables.
Alors que les professionnels alertent régulièrement les pouvoirs publics non seulement sur les conditions de plus en plus restrictives de leur capacité de soigner, sur l’inégalité croissante de l’accès aux soins, mais aussi sur la mainmise gestionnaire et technocratique de leurs espaces de travail et d’innovation, une seule réponse leur a été opposée : attention danger, sécurisez, enfermez, obligez, et surtout n’oubliez pas que votre responsabilité sera engagée en cas « de dérapage ».
Un pas vient d’être franchi, l’heure est trop grave pour que la résignation l’emporte.
Que peut signifier cette prétendue méconnaissance, en réalité cette volonté délibérée d’ignorer les réalités de la psychiatrie ?
Il y a les faits, il y a les chiffres : le rapport de la Commission « Violence et santé mentale » dénombre qu’en 2005 sur 51 411 mis en examen dans des affaires pénales (crime ou délit) 212 ont bénéficié d’un non-lieu pour irresponsabilité mentale, c’est à dire 0,4 % des crimes et délits ! Mais en revanche, la prévalence des crimes violents contre les patients psychiatriques est 11,8 fois plus importante que par rapport à la population générale. La proportion des vols à leur encontre est 140 fois plus importante !
Nous, soignants en psychiatrie, n’acceptons pas que la plus haute autorité de l’État répande de tels propos, qui laisseraient croire que les personnes atteintes de troubles psychiques font bien plus souffrir la société que celle-ci ne les aliène. Nous n’acceptons pas non plus que ces citoyens soient jetés en pâture à la vindicte populaire pour maintenir de manière forcenée, irresponsable, le ferment de la peur.
« La politique de civilisation » annoncée est une politique de « rupture » du lien car elle tente de bafouer les solidarités sociales qui ont permis de sortir du grand enfermement de la folie. Il n’y a pas d’exercice possible de la psychiatrie sans respect constant des valeurs de la République : celles qui en énonçant le respect de la séparation des pouvoirs permettent à la démocratie de rassembler solidairement afin de ne pas exclure les plus démunis.
Devant tant de « dangerosité » construite, la psychiatrie se verrait-elle expropriée de sa fonction soignante, pour redevenir la gardienne de l’ordre social ?
Nous, citoyens, psychiatres, professionnels du soin, du travail social, refusons de servir de caution à cette dérive idéologique de notre société.
Nous refusons de trahir notre responsabilité citoyenne et notre éthique des soins dans des compromissions indignes et inacceptables.
Nous refusons de voir la question des soins psychiques réduite à un pur contrôle sécuritaire criminalisant outrageusement la maladie mentale.
Nous refusons d’être instrumentalisés dans une logique de surveillance et de séquestration.
Pour maintenir la fonction soignante en articulation permanente entre le singulier et le collectif, nous refusons l’aveuglement d’une supposée culture de l’efficacité immédiate concernant des problèmes qui n’existent que peu.
Dans le champ de la psychiatrie, des actions s’opposent à la normalisation des enseignements (sauvons la clinique), des pratiques prédictives (pas de zéro de conduite), des dérives scientistes assignant à la psychiatrie le devoir de prévoir l’avenir (non à la perpétuité sur ordonnance, politique de la peur).
Nous soutenons et accompagnerons toute perspective de regroupement de ces initiatives car elles vont toutes dans le même sens : défendre et soutenir la dignité des patients qui nous sont confiés ou qui se confient à nous.
Faudrait-il que nous entrions en résistance par la désobéissance civile, pour soutenir la possibilité d’une psychiatrie au service des sujets en souffrance, respectueuse du sens de leur existence, et non une psychiatrie servant au maintien de l’ordre sécuritaire stigmate de l’asservissement de la population par la peur ?
« Il faut de la crainte dans un gouvernement despotique : pour la vertu, elle n’y est point nécessaire, et l’honneur y serait dangereux. » Montesquieu
Contact : elie.winter@free.fr
Meeting de "La Nuit Sécuritaire" du 7 février
Un meeting pour élaborer ensemble
Chers signataires,
En moins d’un mois, vous avez déjà été plus de 15 000 à soutenir le texte de « La nuit sécuritaire ».
Les « 39 » qui ont été à l’origine de cet appel se sont réunis le 9 janvier pour envisager les suites possibles de ce mouvement de protestation dont l’ampleur même nous a surpris et confortés dans notre engagement. L’écho médiatique donné à notre initiative est remarquable dans sa durée et son intensité, et témoigne de son impact dans la société : la révolte des soignants, fondée sur leur pratique et leur expérience, pose la question de la place de la folie dans la culture c’est-à-dire celle de la manière de vivre ensemble.
Les paroles de peur et de haine, la confusion entre maladie et criminalité entretenue par l’exploitation éhontée de faits divers ont cette fois été massivement dénoncées. Ce refus déterminé de soignants a été reçu avec soulagement par beaucoup. D’où l’apparent recul du Président de la République, qui a tenu après-coup des propos lénifiants, mais sans rien retirer à sa précédente déclaration.
Notre collectif n’est ni un syndicat, ni une association. Il est composé de soignants en psychiatrie qui, quel que soit leur statut ou leur mode d’exercice, ne peuvent plus tolérer la dégradation et la mise en cause de leur travail. C’est sur cet engagement que nous voulons nous fonder pour étayer notre refus, pour regagner cette dignité mise à mal dans notre travail quotidien.
Car il faut aller plus loin et retrouver des espaces de paroles et d’échanges d’où doivent sortir des actes. Aujourd’hui, dans de nombreux appels, il est question de refus d’obéissance.
Il s’agit pour nous :
– de refuser la logique sécuritaire contreproductive en luttant contre la banalisation des mesures de contention,
– de promouvoir une formation digne de ce nom des psychiatres et des infirmiers,
– de sortir de la tyrannie comptable destructrice du temps nécessaire à l’écoute et au travail thérapeutique,
– de dénoncer une dérive vers l’obligation juridique et administrative aux dépens du cadre humain qu’il nous faut soutenir et réinventer dans bien des domaines.
Le deuxième temps de notre action contre la résignation et l’indifférence sera un meeting où tous les soignants en psychiatrie sont conviés afin de mettre en commun nos analyses et nos déterminations et faire émerger d’autres formes, d’autres propositions pour soutenir et amplifier cette dynamique.
Nous invitons tous les syndicats et partis politiques à venir s’y exprimer
Samedi 7 février, de 14 h à 18 h
"La Parole Errante à la Maison de l’Arbre",
9 rue François Debergue
93100 - Montreuil-sous-Bois,
Metro Croix de Chavaux.(métro ligne 9).
NB : le meeting était initialement prévu à l’hôpital Ste Anne, mais la direction a annulé notre réservation sans explication...
Merci de vous inscrire UNIQUEMENT si vous souhaitez réellement venir. CECI N’EST PAS UNE PETITION DE SOUTIEN AU MEETING MAIS UNE INSCRIPTION CONCRETE NOUS AIDANT A PREPARER L’ORGANISATION.
SI VOUS ETES INSCRIT ET QUE VOUS NE POUVEZ FINALEMENT PAS VENIR, MERCI D’ENVOYER UN MAIL A
ELIE.WINTER@COLLECTIFPSYCHIATRIE.FR POUR PREVENIR.
Messages
1. "la nuit sécuritaire" 7 FEVRIER, 4 février 2009, 14:18
’tin j’ai eu peur ,quand j’ai vu le titre je me suis mépris...
j’ai cru qu’il s’agissait d’ un stage d’initiation au pilotage du berger allemand ou un truc dans le genre ... ;
Makhno
2. "la nuit sécuritaire" 7 FEVRIER, 5 février 2009, 08:06, par FAUT QU’çA CHANGE
Où peut-on lire le rapport COUTY ?
J’aimerais savoir exactement ce qui est préconisé par cette commission.
Dans le livre "Histoire d’une schizophrénie - Jérémy, sa famille, la société" publié aux éditions Frison-Roche Anne Poiré établit un état des lieux qui montre qu’il faut que la psychiatrie évolue.
Mais dans quelle direction se dirige cette branche de la médecine ?
J’aimerais vraiment savoir où on peut trouver ce rapport Couty, dont les médias parlent peu... et qui contient peut-être aussi des propositions intéressantes. Car aller vers le patient n’est pas forcément une mauvaise idée, ça peut éviter des situations de non-assistance à personne en danger, dont parlent beaucoup de familles, non ?
1. "la nuit sécuritaire" 7 FEVRIER, 5 février 2009, 14:17, par Cortopsy
à la source, si j’ose dire...sur le site du ministère, ou de l’UMP, car y’a toujours bertrand, bizarre non ?
http://www.sante.gouv.fr/htm/actu/31_060323.htm
2. "la nuit sécuritaire" 7 FEVRIER, 5 février 2009, 22:52, par Serge Klopp cadre de santé chargé des questions de psy commission santé PCF
Juste deux mots par rapport à vos interrogations.
certes il est essentiel d’aller vers les patients. Jusqu’a présent d’ailleurs mon métier de soignant était fondé sur la relation et les liens tissés, chaque fois singuliers entre le patient et le soignant. Cette relation dans sa continuité aboutissant à construire une histoire.
Or le rapport Couty prévoit entre autre de substituer la notion de continuité des prises en charge à celle de continuité des soins.
Ce qui n’est plus de même nature...
pour en savoir plus et pour échanger, je vous donne rendez vous samedi à la Maison de l’Arbre