Accueil > le sadisme social, obstacle à une vie décente
Je suis très inquiète de voir passer si peu de billets parlant du revenu garanti inconditionnel alors que jeudi 24 juin dernier, environ 2 millions de salariés syndiqués, chômeurs, retraités, sans papiers, hommes et femmes, sont descendus dans les rues en France afin de revendiquer le droit à une vie décente au moment où leur contrat de travail s’achève, ainsi que le droit de déterminer eux-mêmes la date à partir de laquelle commencerait leur "vie de riches" (ou de pauvres, c’est selon). Prendre sa retraite, s’est un moment symbolique fort, c’est le moment de devenir - enfin - une personne libre, affranchie de l’état de soumission à l’argent. Les manifestants ont très clairement fait comprendre que "gagner sa vie au sueur de son front" pendant 40 ans, c’est une peine suffisante.
Car on sort du purgatoire à la ménopause, l’énergie vitale se trouve diminuée, car usée par sa mise au service des autorités divinisées, institution, usine, société, famille, couple toutes ces longues années durant.
En bon parents, nous avons préparé nos enfants très tôt à l’expulsion du paradis familial (ou enfer, cela dépend), en leur vendant l’obtention d’une bonne note, du bac, du contrat de travail comme bien suprême, comme la voie du salut et le sens de la vie. Sauf que les jeunes ne sont pas dupes, ils savent qu’ils ne vont pas travailler parce qu’ils aiment le travail, non, ils vont travailler parce qu’ils sont obligés de gagner de l’argent pour vivre. Que ce soit l’argent de poche pour un travail fait à la maison ou la paye à la fin du mois à l’usine, c’est du pareil au même. Et quand ils signent leur premier contrat de travail, ils sont contents parce qu’ils ont réussi à contenter les deux autorités dans leur vie que sont les parents et le patron. _ Et nous sommes contents, parce que nos enfants nous imitent et nous obéissent. Ce à quoi nous nous heurterions, ce serait leur désobéissance bien que nous leur dissimulons soigneusement la vraie nature du piège pour lequel nous les préparons : le maintien de nos idéaux (verticaux). Car ce que nous leur cachons, c’est surtout le nom de la chose par laquelle nous refermons ce piège : les jeux subtils et invisibles du sadisme social. Ces jeux bien pervers visent à nuire à l’autre tout en affirmant le contraire, doublent la soumission contractuelle par une soumission relationelle, infligent de la souffrance à l’autre par des promesses vagues ou non tenues, par des faits accomplis, des silences et du faux semblant pour éviter la confrontation et la mise à plat des conflits sociaux, tout en gardant à l’oeil la promotion personnelle et financière etc.. Ce sont des jeux appris dès tout petit, maternelle, primaire, collège, lycée, et simplement transposé plus tard dans l’univers du travail salarié. Les plus éclairés vont se syndiquer pour se défendre contre ses effets néfastes mais ils sont très peu en nombre à y réussir.
La discussion sur la retraite et sur l’âge de la retraite est une discussion sur le rôle de l’argent et de son lien, non pas avec le temps du travail, mais avec l’âge de la vie. Pourquoi ne pas analyser les autres liens entre l’argent et l’âge de la vie ? Les cotisations, les assurances-vie, les allocations ? On sortirait rajeunis ...
angela anaconda