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les pieds dans le plat

Publie le mardi 17 juillet 2007 par Open-Publishing
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Tribune de discussion

Les pieds dans le plat

Je n’ai pas apprécié le débat de la fête du Travailleur Catalan « sauvé » in extremis par les réflexions de MGB (cf. L’Humanité du 2/07).

Le déroulement de ce débat n’est pas le seul exemple de l’auto-satisfaction-justification que continue à afficher sereinement des communistes ou de la crainte de s’exposer en déclarant qu’il « faut faire du neuf » sans s’y risquer soi-même.

J’ai conscience que je n’ai pas de « réponses inédites » mais je peux au moins mettre les pieds dans le plat :

1-C’est incroyable le nombre de communistes qui font référence aux fondamentaux : repères de classes, mouvement ouvrier, lutte anticapitaliste, alternative révolutionnaire. Mais, si on ne le traduit pas dans les conditions actuelles d’une société profondément bouleversée par la mondialisation capitaliste, cela reste de l’incantation. Si l’on ne tient pas compte que le modèle social qui rassemblait hier le salariat par delà ses différences n’a plus cours aujourd’hui ont fait tout au plus dans la nostalgie révolutionnaire.

2- Et que dire de la question du communisme. On a pu entendre au débat de la fête du TC une intervention « sur le communisme est une belle idée ». En moins lyrique, on se revendique ici et là « de la force propulsive du communisme ». Mais comment est-il possible de continuer à ne pas voir que le seul communisme que l’histoire ait connu a été non seulement un échec mais une tragédie, de surcroît meurtrière ? Comment ne pas constater le rejet symbolique de ce mot (je dis bien ce mot) ? Comment ne pas reconnaitre que l’image négative du communisme continue à nous coller à la peau ? Alors changement de nom ? Pour moi, la question est posée.

3- Beaucoup vantent l’expérience passionnante du Die Linke en Allemagne mais semblent ignorer le rôle très important joué par des syndicalistes parmi les plus responsables. Alors que chez nous, l’alpha et l’oméga du syndicalisme, c’est la charte d’Amiens de 1906. Au nom de quoi, nous avons une CGT qui se contente de « voir quelles forces politiques se penchent sur ces questions (celles de la transformation de la société) ». Cette « neutralité » pèse énormément dans le déficit de confrontations entre toutes les forces, politiques, syndicales, associatives, intéressées à sortir de l’impasse sociale et politique. Idem du côté de la FSU et de ATTAC.

4- En l’état du débat on ne peut pas exiger qu’une opinion soit émise avec tous ses attendus mais il faut au moins avancer quelques justifications. Par exemple, MGB déclare au CN du 22 juin que nous avons à « dégager du sens à toutes nos propositions, a mobiliser des forces intellectuelles, théoriques au service de la définition de lignes forces pour une contre-offensive idéologique ». Dans l’Huma du 7 juillet, Patrice Bessac va plus loin : « Le programme des collectifs antilibéraux (…) n’a pas su formuler les réponses nécessaires pour le XXIe siècle. » Les antilibéraux regroupés dans « Maintenant la gauche » ne disent pas autre chose : « nous n’avons pas été au bout de la réflexion en termes de projet et pas seulement de catalogue de propositions. » Ils doivent avoir raison, mais, si on a suivi de près les avancées du PCF sur les questions comme la 6ème république, l’écologie et l’environnement, les énergies, l’économie équitable, les migrants, les questions économiques ; si on a travaillé sur les 125 propositions puis sur le programme de MGB à l’élection présidentielle, on ne peut manquer de s’interroger. Il faut qu’ils nous en disent plus.

5- En tout état de cause pour aller plus loin nous ne le ferons pas tout seul ni en prétendant le faire autour de nous. Il y a un besoin vital de confrontations. J’ai déjà évoqué le manque à gagner du côté syndical et associatif au moins ne faut-il pas se limiter du côté des forces politiques de gauche. Nous ne pouvons pas dire aujourd’hui avec certitude si tout le PS va basculer vers le libéralisme, pas plus que si la LCR s’enfermer définitivement dans un radicalisme strictement protestataire (il est vrai que c’est bien mal parti avec son projet de création d’un nouveau parti anticapitaliste et cette affirmation à notre encontre : « quant a la direction du parti communiste, elle n’offre aucune perspective indépendante du PS et s’enferme dans sa propre crise. ») C’est pourquoi, je continue à exprimer mon désaccord avec la décision majoritaire de la direction fédérale de ne pas proposer aux partis de gauche sans exception d’avoir un stand à la fête du TC.

6- Pour ces confrontations, nous pouvons jouer un rôle incitateur à condition de ne pas continuer à considérer que tout dépend de nous. Cela s’est traduit la « surestimation, pointée par MGB au CN du 22 juin, de notre capacité à transformer la dynamique du « NON » en une adhésion populaire à un projet véritablement alternatif. » J’en vois qui vont se précipiter pour gommer purement et simplement qu’il y ait bien eu « une dynamique » et qu’après tout ce Non ne relèverait, comme l’affirme Communisme du 21ème siècle, que « d’une exaspération poussant à dire « non » au système politique appelant à voter « oui ». Une exaspération au contenu politique transcendant les frontières traditionnelles séparant les différents électorats. ».

7- Sans nul doute, un autre exemple de cette « surestimation » à l’occasion de l’épisode du rassemblement antilibéral. Il faudra bien y revenir en détail, d’autant que l’on aimerait en savoir plus sur ce que MGB a voulu dire toujours à ce CN du 22 juin : « Soyons franc : si nous avons défendu ma candidature pour des raisons de fond, derrière ce débat pointait aussi pour nous comme pour tout nos partenaires en permanence la question du lendemain de la présidentielle, de l’éventuelle recomposition. ». Peut-être y a-t-il là une amorce d’analyse sur la manière dont nous avons géré cette aventure, de notre signature à l’arraché de l’appel antilibéral du 11 mai 2006 jusqu’au forcing final (fatal ?) de décembre, en passant par notre incroyable légèreté sur le « double consensus », nos illusions persistantes sur les intentions réelles de nos partenaires, notre réaction panique à la révélation du piège dans lequel nous nous étions laissés prendre.

Roger Hillel, militant-journaliste au TC (hebdomadaire communiste des Pyrénées-Orientales) rh.illel@free.fr

Messages

  • Tu dis que la seule (la seule !) expérience du communisme a été une expérience meurtrière. C’est un racourci un peu léger je trouve.
    Parce que :
    1. si cette expérience s’est, effectivement, réclamée du communisme, peut-on sérieusement affirmer qu’elle l’était vraiment ?
    2. Si, effectivement, le soviétisme a sombré dans le cauchemar, cela signifie-t-il que tout ce qui fut fait au nom du communisme en URSS n’était pas authentiquement communiste ? En clair : n’y a-t-il eu que des échecs dans l’expérience soviétique du communisme ?
    3. L’action du PCF, je pense en particulier aux municipalités, mais aussi de tous les Partis communistes, des militants communistes, est loin, très loin d’avoir été "meurtrière". Pourtant, tous se sont réclamés du communisme, et incarnent une forme de communisme. La forme soviétique n’a donc pas le monopole de l’expérience de communisme. Si bien qu’on ne peut dire qu’il n’y a eu qu’une expérience communiste, d’une part, et d’autre part qu’elle ne saurait se réduire à l’archipel du goulag, aussi marquant, aussi honteux ait-il pu être.