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lettre de mai à Obama

Publie le lundi 2 mai 2011 par Open-Publishing
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Monsieur le Président Obama

The White House

1600 Pennsylvania Avenue N.W.

Washington DC 20500

Monsieur le Président,

Comme chaque mois depuis votre élection en novembre 2008, je vous écris au sujet des cinq patriotes cubains Gerardo Hernández, Antonio Guerrero, Fernando González, Ramón Labañino, et René González emprisonnés dans votre pays depuis presque treize ans.

En rédigeant ma précédente lettre, j’ignorais encore que Jimmy Carter était attendu à Cuba avec son épouse Rosalynn le 28 mars pour une visite privée non gouvernementale de trois jours.

Les paroles de cet ex président des Etats-Unis, prix Nobel de la paix 2002, au sujet des cinq Cubains nous ont redonné un peu d’espoir. Elles ont été prononcées lors de la conférence de presse qu’il a tenue à la fin de son voyage à Cuba :

« …Je crois que la rétention des cinq cubains n’a pas de sens, les tribunaux états-uniens et aussi les organisations de droits de l’homme dans le monde ont eu des doutes. Maintenant, ils en sont à 12 ans passés en prison et j’espère que dans un futur proche ils seront libérés afin de rentrer dans leurs foyers (…) »

Faisant allusion aux deux petits avions de l’organisation « Hermanos de la Rescata » abattus le 24 février 1996 par la force aérienne cubaine, causant la mort de quatre pilotes, l’ex Président a ajouté :

«  …Des fonctionnaires cubains m’ont dit qu’ils avaient signifié très clairement au Président des Etats-Unis qu’on ne pouvait permettre le survol de la capitale par des appareils, et qu’ils se devaient de protéger la souveraineté de Cuba. Ainsi, quoique il s’agisse là d’un fait sérieux, très sérieux, j’ai des doutes sur ces longues condamnations infligées à ces personnes. Mais quand je rentrerai, je pense avoir une conversation avec le président Obama. Ceci est ma déclaration publique, j’ai déclaré auparavant la même chose à d’autres leaders nord-américains, et nous avons parlé en faveur de la libération des Cinq. Une des raisons, qu’ils soient ou non coupables, c’est qu’ils ont effectué un long séjour en prison, plus de 12 ans. En fait, s’ils sont coupables, ils ont déjà été suffisamment châtiés… »

Le jugement de 2001 à Miami a condamné lourdement Gerardo Hernandez, lui faisant porter sans preuve aucune la responsabilité de ce drame. L’Accusation elle-même a reconnu qu’elle n’avait aucune preuve pour inculper Gerardo à ce sujet. Condamner d’homicide une personne sans preuve est une grave atteinte aux droits de l’homme.

Dans une requête du 16 mars 2011, Gerardo Hernandez a fait à la Cour un serment écrit très bien argumenté pour réfuter cette responsabilité. Malheureusement, le 26 avril, nous apprenions que le gouvernement que vous représentez, Monsieur Obama, dans un document présenté par le procureur Caroline Heck Miller, avait demandé à la cour fédérale de Miami que soit rejetée la sollicitude d‘Habeas Corpus présentée par Gerardo. C’est ce même procureur qui avait inculpé Gerardo à Miami et qui avait refusé en 2005 de poursuivre Luis Posada Carriles !

La justice de votre pays a des dérives de plus en plus mafieuses comme nous l’avons encore vu avec le procès de Luis Posada Carriles. C’est avec indignation que nous avons appris le 8 avril que Luis Posada Carriles avait été absous à El Paso des onze charges qui pesaient sur lui, et ce, en dépit de tous les témoignages, documents et preuves multiples qui auraient dû l’accuser.

Dans votre pays qui se dit champion de la lutte contre le terrorisme, il n’est pas normal de voir cet ancien membre de la C.I.A., poseur de bombes, assassin, tortionnaire, trafiquant de drogue sortir de son procès blanc comme neige et fêté en héros à son retour à Miami.
Voici ce que nous écrivait le 9 avril dernier, après ce verdict, l’un des Cinq, Antonio Guerrero, pas particulièrement surpris :

« … Nous, les Cinq, nous savons bien ce qu’est un jugement face à un jury de 12 personnes dans ce pays. Le nôtre a duré plus de 7 mois. Je ne peux nier que dans cette salle nous ayons ressenti avec une grande force qu’il n’était pas possible que ce jury nous déclare coupables de charges que nous n’avions jamais commises. Nous avons été innocents, dans tous les sens du terme. Nous avons vu défiler des témoins amenés par la défense ou par l’accusation, et tous d’une façon ou d’une autre au bout du compte, ont renforcé notre solide argumentation qui démontrait qu’aucun d’entre nous n’avait commis d’activité d’espionnage contre ce pays, et que Gerardo n’avait rien à voir avec le drame des petits avions abattus. Mais ce jury n’était là ni pour écouter ni pour délibérer sur quoi que ce soit ; ce jury avait déjà un préjugé du fait d’ avoir vécu durant des années dans une ville où dire du bien de Cuba est presque un délit ou l’assurance de perdre son emploi ou de subir un préjudice physique ; ces jurés malgré les instructions qui leur avaient été données, rentraient chez eux où leurs familles avaient lu les nouvelles que des journalistes payés par le gouvernement élaboraient en vue de créer un état d’opinion contre nous. Ces jurés ne pouvaient être étrangers à la « parfaite tourmente » décrite en 93 pages par les trois juges qui analysèrent notre premier appel direct pendant plusieurs années et demandèrent l’annulation de notre jugement… »

Votre gouvernement se devrait d’extrader Posada Carriles au Venezuela où il est accusé de l’assassinat des 73 personnes décédées dans l’explosion du vol 455 de la Cubana, en 1976. Les Cinq ont été arrêtés en 1998 après la remise à des agents du FBI par Cuba, d’informations précieuses. Elles comportaient dossiers, enregistrements, vidéos, audio de conversations téléphoniques de Posada Carriles en Amérique Centrale d’où il a organisé la vague de plasticages contre Cuba, etc. Nos cinq courageux Cubains avaient justement pour mission d’empêcher les actes terroristes, tels ceux de Posada Carriles, à l’encontre de leur pays.

Les Cinq sont en fait prisonniers politiques d’un pays dont le gouvernement s’acharne depuis plus de cinquante ans, par tous les moyens et dans tous les domaines, contre Cuba. Le blocus est dénoncé par la communauté internationale, mais combien connaissent, par exemple, le programme « Cuban Medical Professional Parole » mis au point en 2006 par les Etats-Unis ? Quelques 37000 coopérants médicaux cubains interviennent dans 77 pays au profit des populations les plus démunies. Ce programme est destiné à favoriser la désertion au sein de ces coopérants. Blocus, terrorisme, guerre médiatique, corruption, et j’en passe, tout est bon ! A quand les bombardements pour faire plier Cuba ?

Je préfère terminer sur une note plus optimiste, et croire que l’ex Président Jimmy Carter aura su être convaincant, et que son entrevue vous aidera à prendre rapidement une mesure qui rendra enfin la liberté qu’ils méritent aux cinq Cubains C’est une condition nécessaire à une amorce de relations meilleures entre vos deux pays attendue par plus de douze millions de Cubains, et qui savent que oui, vous pouvez cela.

Recevez, Monsieur le Président, l’expression de mes sentiments humanistes les plus sincères.

PS :un document important est joint à cette lettre.

Jacqueline Roussie

Copies à : Mesdames Michelle Obama, Nancy Pelosi, Hillary Clinton, Janet Napolitano Messieurs Harry Reid, Eric Holder, Pete Rouse, Donald Werrilli, John F. Kerry et M. l’Ambassadeur des USA en France.

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