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lettre ouverte de la cimade à sarkozy

Publie le mardi 20 juin 2006 par Open-Publishing

La Cimade a dénoncé, dans une lettre ouverte à Nicolas Sarkozy publiée mardi, "l’évolution grave imprimée" par le ministre de l’Intérieur à la politique d’éloignement des étrangers et au dispositif des centres de rétention.

Une délégation de la Cimade (service oecuménique d’entraide), composée notamment de son président Patrick Peugeot et de plusieurs de ses intervenants dans les centres de rétention, s’est rendue, à la mi-journée, place Beauvau pour remettre cette lettre.

"Nous sommes témoins quotidiennement dans les centres de rétention administrative de faits et de pratiques avilissants", écrit notamment dans cette lettre Patrick Peugeot.

Il fait aussi remarquer à M. Sarkozy que "les engagements pris", en janvier 2004, par son directeur de cabinet auprès du président de la Cimade de l’époque, Jacques Stewart, de "limiter la capacité d’accueil des centres à 100 ou 120 personnes maximum (....) n’ont pas été tenus".

Au cours d’une conférence de presse, Patrick Peugeot a dénoncé "la création d’un véritable camp pour étrangers aux portes de Paris, à Vincennes" qui, après son extension entamée le 12 juin, devrait atteindre 280 places.

Il a aussi dénoncé l’ouverture de deux centres importants, l’un à Marseille (140 places depuis le 6 juin), l’autre à Toulouse (126 places depuis le 19 juin) spécialement aménagés pour y accueillir des familles avec enfants.

"Outre le fait que les enfants sont protégés contre l’éloignement du territoire et que leur privation de liberté est prohibée par la Convention internationale des droits de l’enfants, le placement des enfants en rétention est traumatisant", écrit Patrick Peugeot dans sa lettre.

Sept centres de rétention, en France, accueillent des enfants, a précisé Marie Henocq de la Cimade, ajoutant que cette présence des enfants dans les centres a été validée par une décision du Conseil d’Etat en date du 12 juin.

De nombreux intervenants dans les centres ont témoigné de "l’inhumanité" des conditions de séjour des mineurs.

Les centres de rétention comptent aujourd’hui un total de 1.400 places et devraient atteindre le chiffre de 2.700 places en 2008.

Laurent Giovannoni, secrétaire général de la Cimade, a dénoncé "les dégâts considérables engendrés par la politique du chiffre de Nicolas Sarkozy de reconduite aux frontières".

Les intervenants de la Cimade ont souligné que la demande d’asile, "droit constitutionnel reconnu par la loi", "n’existe pas dans les faits", de très nombreux demandeurs ne pouvant remplir dans le temps imparti de cinq jours leur dossier, qui doit obligatoirement être formulé en français, à charge pour eux de payer un interprète.