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pour une autre réforme de l’université et de la recherche

Publie le dimanche 2 décembre 2007 par Open-Publishing

Pour une autre réforme des universités et de la recherche
Actualités du 2 décembre 2007
Sommaire du jour :

1. Annie Vinokur ( Paris 10), "La loi relative aux libertés et responsabilités des universités : essai de mise en perspective" (2 dec.)
2. Jérôme Valluy (Paris 1), "Le mouvement universitaire, les "blocages" et les significations de l’antiblocage" (2 dec.)

3. La fédération SUD éducation appelle les personnels à soutenir les étudiants et les lycéens mobilisés (1 dec.)

4. Mise en ligne de l’Appel de l’université de Paris 13 - Sauvons l’université et construisons ensemble un autre projet ! (1 dec.)
5. Amiens - Nouvelles de l’université : les recours de l’UNI contre les blocages rejetés par le Tribunal Administratif, (1 déc.)

6. Paris 10 - Communiqué des membres du personnel relatif aux violences de vendredi 30 novembre 2007 : "La véritable violence faite à l’ensemble de la communauté universitaire, c’est la LRU." (30 nov.)

7. Section SNESUP Lille 2 Droit contre la stratégie antiblocage du Doyen - Communiqué (30 nov.)

8. Renne : "L’Assemblée générale des étudiants de l’IEP de Rennes a l’immense chagrin de vous faire part du décès de la Recherche Publique Française" (29 nov.)

9. Communiqué FSU-Snesup : FAIRE ENTENDRE LA PAROLE DES UNIVERSITAIRES ! (29 nov.)

10 Jean FABRI (FSU-Snesup) Université : la réforme oui, mais pas celle-là, (29 nov.)

11. Sud Etudiant, "V.Pécresse doit prendre ses responsabilités en abrogeant la LRU !" (28 nov.)

12 Sud Etudiant "Le mouvement appartient à ceux et celles qui le construisent !" (26 nov.)

13. Sud Etudiant "APPEL DE LA COORDINATION NATIONALE ETUDIANTE DE LILLE DES 24 ET 25 NOVEMBRE 2007" (26 nov.)


Annie Vinokur ( Paris 10), "La loi relative aux libertés et responsabilités des universités : essai de mise en perspective" (2 dec.)

Notes de la rédaction

Ce texte d’Annie Vinokur, est à paraître dans le numéro 2 de la Revue de la régulation, Capitalisme, Institutions, Pouvoirs. Compte tenu de l’actualité, nous le mettons en ligne en avant première.

Plan
1. Du mot d’ordre de la quantité à l’impératif de qualité
2. De l’Etat « rameur » à l’Etat « skipper »
3. La transition à la française
3.1. La question de l’efficacité
3.1.1. la LRU et la compétitivité des universités
3.1.2. La LOLF, la LRU et la restructuration de l’offre
3.2. La question de la légitimité

Texte intégral en ligne : http://regulation.revues.org/document1783.html


Jérôme Valluy (Paris 1), "Le mouvement universitaire, les "blocages" et les significations de l’antiblocage" (2 dec.)

Réponse à l’article « Blocages mortifères » (Le Monde, 29.11.07) de Christophe RAMAUX (MdC économie Paris 1, MATISSE) et à sa rediffusion par J.M. Monnier (PU économie Paris 1, MATISSE) de la CGT Paris 1 sur la liste de diffusion interne [ENSP1] des 2150 enseignants de l’université (doc. ci-dessous), liste réservée à l’expression syndicale.

Par Jérôme Valluy (MdC science politique Paris 1)
02.12.2007
Contrairement à mes collègues « syndiqués » C. Ramaux (MdC économie Paris 1 / MATISSE) et à J.M. Monnier (PU économie Paris 1, MATISSE) je ne pense pas que la stigmatisation des actions de « blocage » des universités par les étudiants soit le reflet de valeurs démocratiques. En effet, la démocratie que nous connaissons aujourd’hui est le résultat de plus de deux siècles de révolutions et de mobilisations sociales qui ont exercé des contraintes sur la société pour la faire progresser. Or le « blocage », sous des formes diverses et variées, à toujours fait partie du répertoire d’action dans ces luttes progressistes qui bénéficient aujourd’hui à tous : personne ne conteste le principe des manifestations de rue qui pourtant, et inévitablement, « bloquent » la circulation routière. De même, toute action de grève dans la fonction publique a nécessairement pour effet de « bloquer » l’accès des usagers à certains services publics (transports, communication, écoles, etc.). Chaque fois que des enseignants font grève ils réalisent un « blocage » en interdisant à la totalité de leurs étudiants ou élèves de suivre des enseignements : peut-on admettre ce pouvoir de blocage des enseignants et le refuser aux étudiants ? La CGT et d’autres syndicats seraient-ils aujourd’hui contre le droit de grève des enseignants ? Il serait très étonnant qu’après avoir contribué au blocage du pays tout entier, au moment des grèves dans les transports publics, des syndicats puisse répondre positivement à ces deux questions. Si les réponses sont négatives, il faut alors reconnaître que la stigmatisation, par certains collègues, des « blocages » étudiants est, politiquement, de nature réactionnaire.

L’opinion publiée par Le Monde et rediffusée par la CGT Paris 1 est d’autant plus séduisante pour les pouvoirs en place (le gouvernement, les présidences d’université…) qu’elle se présente comme une opinion de gauche voir d’extrême gauche, donc plus difficile à rejeter par les étudiants. Pourtant, ils doivent savoir que c’est un geste classique des anciens socialistes, communistes ou trotskystes, faisant avancer aujourd’hui la deuxième moitié de leur carrière universitaire, installés dans les institutions et ayant acquis des positions de pouvoir dans l’appareil universitaire et/ou syndical, de disqualifier toute forme d’opposition ou de perturbation au nom et à l’aune des seules vraies luttes sociales qui sont celles auxquelles ils ont participé dans leur jeunesse. Les collègues précités font ainsi de leurs luttes de jeunesse à la fois un geste titanesque et un moment irénique où la mobilisation sociale aurait pu se faire sans contraintes ni violences, de manière intellectuelle et délibérative, portée par la seule force argumentative des militants engagés. Non seulement cette reconstruction de l’histoire des luttes étudiantes est sociologiquement fausse (et pour tout dire d’une niaiserie pitoyable), mais elle est aussi méprisante à l’égard des nouvelles générations d’étudiants. Ceux-ci sont implicitement présentés comme des décérébrés incapables de soutenir des débats de fond sur les enjeux politiques de la réforme contestée, obnubilés par le « blocage » et incapables même de choisir lucidement les moyens adéquats pour agir efficacement en fonction de la conjoncture historique et politique dans laquelle ils se trouvent. Ce discours d’anciens combattants revendiquant pour leur génération le monopole de la science et de la vertu militantes et refusant aux suivantes de choisir les moyens qu’elles jugent adaptées à leur situation est une autre dimension de cette réaction « de gauche ».

Il y a enfin dans cette position « antiblocages » et dans celle qui s’exprime minoritairement dans les AG en faveur d’une discussion immédiate sur les futurs statuts des universités – ce qui reviendrait implicitement à accepter le cadre juridique de la loi LRU et à proclamer ainsi l’échec du mouvement demandant son abrogation – un diagnostic erroné sur le déroulement de ce mouvement universitaire. Il est vrai que certaines universités sont bloquées depuis près de cinq semaines et que certains collègues syndiqués ont pu se sentir isolés durant cette première phase du mouvement… jusqu’à considérer aujourd’hui que le mouvement est achevé au double sens du terme. Cette analyse ne tient pas compte de la structure des opportunités politiques qui s’offre au mouvement et qui évolue avec lui, semaine après semaine : durant cette première phase de cinq / six semaines, le mouvement a subit une conjonction de facteurs défavorables dont certains disparaissent depuis quelques jours : · la grève des transports paralysait les déplacements nécessaires au développement du mouvement notamment dans les grandes villes ; · les luttes sociales dans d’autres secteurs (régimes spéciaux, fonction publique,…) ont détourné les regards du monde universitaire ; · l’inféodation officielle des mass médias au pouvoir exécutif et au vœux du Président de la République de ne pas relayer les protestations étudiantes, a exclu le mouvement de toute médiatisation objective ; · les intérêts électoraux à court terme du parti socialiste, jouant sa survie dans les prochaines élections municipales, l’ont amené à se positionner contre le mouvement et a entraîner ceux qui sont aujourd’hui dépendants de lui ou qui veulent faire carrière chez lui, notamment l’UNEF ; · la réforme favorisant une sorte de bonapartisme de gouvernance des universités au profit des Présidents et, indirectement, des mandarins qui pourront composer avec eux font de ces acteurs les fers de lance du gouvernement dans la répression des oppositions à cette réforme… ceci souvent, dans les AG, en l’absence des plus gradés d’entre nous : les « Professeurs d’Université » (PU) dont les fins de carrières sont moins menacées et qui laissent les étudiants, Doctorants, ATER, Moniteurs et Maîtres de conférences assumer l’essentiel de la mobilisation pour défendre une conception de l’université dont les PU ont pourtant eux-mêmes bénéficié depuis des décennies.

Pour l’ensemble de ces raisons, les enseignants et les lycéens ont tardé à se mobiliser et ne le font que depuis cette semaine… et cela grâce aux blocages étudiants qui ont permis de maintenir le mouvement jusqu’à aujourd’hui. Une nouvelle phase du mouvement commence. La paralysie du mouvement par la grève des transports disparaît cette semaine, notamment depuis le 26 novembre. Les blocages étudiants ont forcé les enseignants à s’informer sur cette loi et ses conséquences, ce qui explique la tenue des premières assemblées générales d’enseignants le mardi 27 novembre et la première réunion interuniversitaire d’enseignants à Jussieu le jeudi 29 novembre. L’embargo médiatique décrété par le gouvernement commence à être légèrement contrebalancé par les médias libres de l’Internet qui, depuis le début de la semaine, organisent la diffusion des informations que les télévisions, la presse nationale et régionale refusent de publier. Les mass-médias étrangers, qui ne dépendant pas du gouvernement français, commencent aussi, en faisant simplement leur travail, à compenser la subordination politique des médias français. On peut donc considérer que le mouvement universitaire est entré cette semaine dans une seconde phase de son déroulement : c’est peut être là son véritablement commencement marqué par l’engagement croissant des enseignants et par celui des lycéens. Si ces deux engagements se confirment la semaine prochaine (3 - 7 décembre 2007), le mouvement peut atteindre son objectif d’abrogation de la loi LRU par suspension de sa mise en œuvre et d’ouverture d’un chantier national pour une autre réforme, progressiste, de l’université.

Il reste néanmoins un facteur incertain dans cette configuration : le comportement des enseignants syndiqués et / ou les plus gradés, c’est-à-dire de ceux qui participent avec le plus de privilèges, d’une manière ou d’une autre, au système de gouvernance interne à l’université, (surtout si ce système se transforme dans le sens de la loi LRU). Selon qu’ils s’aligneront sur l’orientation du gouvernement et des présidents d’université ou qu’ils rejoindront les lycéens, étudiants et enseignants mobilisés, ils pèseront – au moins dans une certaine mesure – sur l’issue du mouvement. A cet égard les focalisations de certains sur la levée des blocages étudiants ressemblent, dans ce contexte sensible de démarrage (en deuxième phase), à une entreprise de casse symbolique et politique de la même nature que l’appel aux forces de l’ordre contre les étudiants. De même la précipitation à vouloir négocier les statuts d’université avant que les pouvoirs en place n’aient été contraints à reculer par un rapport de forces ressemble à certaines stratégies syndicales déjà observées, ces dernières semaines, au bénéfice de quelques dirigeants professionnels de syndicats et aux détriments des mouvements sociaux. Cependant, ces catégories de personnels sont quantitativement minoritaires dans le monde universitaire : la quasi-totalité des enseignants précaires et peu gradés sont statutairement menacés par cette réforme, et une grande partie des plus gradés le sont aussi lorsque leur spécialité pédagogique et scientifique ne relève pas des critères de financement politiquement favorisés par le gouvernement. On peut donc penser que la mobilisation enseignante va se prolonger dans la dynamique impulsée par les étudiants (http://www.sud-etudiant.org/), certains syndicats enseignants (http://actu.fsu.fr/), les collectifs « Sauvons la recherche » (http://www.sauvonslarecherche.fr/) et « Sauvons l’université » (http://www.sauvonsluniversite.com/).

Jérôme VALLUY
MdC science politique Paris 1

Documents annexes :


Message original --------
Sujet : [ensp1] transfert de message
Date : Fri, 30 Nov 2007 18:30:48 +0100 (CET)
De : jean-marie.monnier@univ-paris1.fr
Pour : : ensp1@listes.univ-paris1.fr

Chers collègues,
Christophe Ramaux ne disposant pas d’un accès à la liste ensp1 m’a demandé de transmettre sur cette liste le texte (version intégrale) d’un article qu’il a signé dans le journal Le Monde.

L’accès aux listes générales est en effet limité, en particulier aux élus des Conseils centraux.

En tant qu’élu sur la liste CGT, il me semble normal et justifié de faire en sorte que la démocratie puisse jouer pleinement, dans la diversité des opinions, dès lors que celles-ci s’inscrivent précisément dans le respect des règles démocratiques.

Je souhaite cependant préciser, pour qu’il n’y ait aucune ambiguité, que le texte de Chritophe Ramaux ne reflète pas les positions de la CGT. En d’autres termes, les propos tenus dans ce texte n’engagent que leur auteur et pas la CGT.


Point de vue
Blocages mortifères, par Christophe Ramaux

LE MONDE | 29.11.07 | 13h41

Il y a bien des raisons de s’opposer à la loi relative aux libertés et responsabilités des universités (LRU). L’enseignement supérieur français marche sur la tête. La France ne souffre pas d’avoir trop d’étudiants. Elle n’en a pas assez et se trouve en dessous de la moyenne des pays de l’OCDE. Elle souffre d’une architecture globale entièrement à revoir, entre ses différents pôles (université, IUT, grandes écoles, etc.). Elle ne souffre pas de l’absence de sélection : mais de trop de sélection organisée dans des premiers cycles totalement sous-dotés.

Loin de remédier à ces maux, la loi LRU va les amplifier, en organisant la course à la concurrence entre universités. L’autonomie suppose de la délégation de pouvoir. La loi organise son exact opposé en concentrant dans les mains des seuls présidents un pouvoir exorbitant, notamment en matière de recrutement des enseignants. En guise de "responsabilité", la coterie et le clientélisme ont de beaux jours devant eux.

Et le mouvement étudiant ? Il faut avoir le courage, comme enseignant mais aussi comme syndicaliste, de dire ce qu’on en pense. Il y a encore peu, les mouvements étudiants respectaient une règle simple : travail de sensibilisation, convocation d’assemblées générales, vote démocratique de la grève lorsque ces assemblées étaient suffisamment significatives. Mais pas de blocage, afin de prendre justement le temps de convaincre ceux qui ne le sont pas de la justesse du mouvement. Un joli travail de titan : passer dans chaque TD et chaque amphi, pour convaincre, avant que le cours ne commence, les étudiants de se mettre en grève, en pariant sur la force des arguments.

Les mouvements étudiants étaient de belles écoles de politisation, de citoyenneté. Ils sont devenus l’exact opposé. Avec le blocage, les étudiants ne discutent plus que d’une chose : du blocage ! Exit tout débat sur le fond. Que l’administration en rajoute en fermant certains jours les campus et ce qui devait advenir advient : la fac devient une fac fantôme. Où ne passent plus ceux qui habitent loin (à quand un travail de sociologues sur la sous-représentation flagrante des jeunes des classes populaires dans cette forme d’action ?) Où ne passent plus que les plus radicaux lancés dans la surenchère (le "traître" est aisément repérable : c’est celui qui appelle au déblocage) et quelques étudiants excédés qui, par défense du service public, en arrivent parfois à adhérer à... l’UNI !

Triste mouvement où les arguments, l’enthousiasme et l’humour, cèdent la place à l’animosité, quand ce n’est pas à la violence pure. Le blocage, cette invention récente, n’a que trop duré. Et c’est d’abord aux syndicalistes de le dire. Pour sauver l’idée même de mouvement social, à vocation majoritaire, à l’université.

Christophe Ramaux est économiste, maître de conférences à l’université Paris-I.


La fédération SUD éducation appelle les personnels à soutenir les étudiants et les lycéens mobilisés (1 dec.)

Réunie à Lille le 25 novembre, la coordination des AG des universités en lutte a lancé un appel à la mobilisation interprofessionnelle, étudiante et lycéenne le 4 décembre.

Elle exige le retrait de la loi LRU, le retour aux 37,5 annuités de cotisation pour tous, l’annulation des suppressions de postes dans la fonction publique, particulièrement dans l’Education nationale, et exprime son soutien au mouvement des sans-papiers.

La fédération SUD éducation en soutien à ces revendications entend œuvrer à la généralisation de la lutte.

Elle s’oppose également à la suppression des BEP.

Il est de la responsabilité des personnels de l’Education nationale de ne pas laisser les étudiants et les lycéens mener seuls un combat essentiel pour nous tous.

La répression brutale dont ils sont victimes est une raison supplémentaire de nous associer à ce combat.

La fédération SUD éducation appelle donc les personnels à soutenir les étudiants et les lycéens mobilisés, en participant à la grève et aux manifestations le mardi 4 décembre, et en organisant des AG pour construire un mouvement d’ampleur dans la durée.


Mise en ligne de l’Appel de l’université de Paris 13 - Sauvons l’université et construisons ensemble un autre projet ! (1 dec.)

à l’initiative du comité de mobilisation des personnels de Paris 13 est maintenant en ligne sous forme d’une pétition électronique à l’adresse : http://www.univenlutte.lautre.net/petitions/index.php?petition=5

Appel de l’université de Paris 13

Nous, enseignants, chercheurs, et personnels administratifs de l’université de Paris 13, nous déclarons opposés à la loi Libertés et Responsabilités des Universités, dite d’ « Autonomie ». Nous ne nous reconnaissons pas dans le soutien quasi sans faille de la Conférence des
Présidents des Universités (exprimé au mépris des nombreuses motions des conseils condamnant cette loi). Certes, l’université est en crise et le statu quo ne saurait nous satisfaire, mais loi LRU n’apporte pas de réponses aux difficultés réelles de l’université. Plus grave encore, elle en créera de nouvelles : elle accroît les inégalités entre les établissements et s’attaque à la notion même de service public de l’enseignement supérieur et de la recherche. Nos critiques s’articulent autour de trois axes :

CONCENTRATION DES POUVOIRS : la loi LRU offre au président d’université un arsenal de dispositions qui renforcent ses pouvoirs. Démocratie et collégialité sont menacées par la réduction du rôle du Conseil Scientifique et Conseil des Etudes et de la Vie Universitaire, qui ne seront plus que « consultés ». Le recrutement ne sera plus assuré par des commissions de spécialistes mais par des comités de sélection ad hoc désignés par le président, et dont les membres n’émaneront plus exclusivement du champ disciplinaire concerné. Censés remédier au « localisme » qui affecte beaucoup de recrutements actuels, ces comités de sélection ne feront pourtant que renforcer les logiques de clientélisme tout en perdant en légitimité scientifique et en collégialité. Le président aura en outre un droit de veto sur les décisions finales de ces comités.

RECOURS AU FINANCEMENT PRIVÉ : la loi LRU l’encourage par le biais de fondations qui géreront des dons d’entreprises privées ou de particuliers, des réductions d’impôts étant accordées pour un montant représentant 60 à 66% des dons. Dans le même temps, le
budget 2008 confirme le désengagement de l’Etat : les montants alloués au Crédit Impôt Recherche augmentent massivement afin de financer la recherche privée, aucune création de postes n’est envisagée. Que ce soit par ces réductions d’impôts ou par le Crédit Impôt Recherche, l’Etat laisse ainsi des intérêts privés répartir, sans aucun contrôle, une partie significative du budget de la nation consacré à l’enseignement supérieur et la recherche. Ce choix de financement signifie pour nous que derrière l’annonce d’autonomie financière des universités se profile en fait la menace d’une perte d’autonomie scientifique et pédagogique face à la logique utilitariste des investisseurs privés. La course à ces financements privés instaurera par ailleurs une mise en concurrence d’établissements - et de formations entre elles en leur sein - alors que tous n’ont déjà pas au départ les mêmes atouts. Ceci accentuera donc la hiérarchisation, au lieu de tendre à rétablir une équité ainsi qu’oeuvrer à une unification des moyens des formations post-bac (Classes préparatoires/grandes écoles, universités, IUT, BTS).

REMISE EN CAUSE DES STATUTS DES PERSONNELS : la loi LRU renforce un processus déjà amorcé pour les personnels BIATOS :
individualisation des carrières, arbitraire du pouvoir hiérarchique à travers l’instauration de primes et modulations de service (après une évaluation sujette à caution). La loi élargit également les possibilités de recrutement de non-fonctionnaires (en CDD ou CDI) et
par là même augmente la précarisation des personnels, notamment des BIATOS, mais aussi des enseignants-chercheurs désormais. Les présidents en mal de soutien financier ou cherchant à compenser les sommes dépensées pour attirer les « meilleurs » ne manqueront
pas d’être tentés par ces possibilités nouvelles, ou alors d’externaliser certains services de manière à diminuer la masse salariale au profit du budget de fonctionnement.

Ensemble, nous refusons l’université qui nous est proposée. Nous voulons une université avant tout publique et offrant les mêmes chances de réussite à tous. Pour cela, l’Etat doit s’engager à la financer à la hauteur des autres pays de l’OCDE. Nous ne rejetons ni la
professionnalisation ni la nécessité d’entretenir des liens avec le monde du travail mais selon nous, l’université ne doit pas assujettir ses missions aux demandes fluctuantes des investisseurs privés et des employeurs. Elle doit rester un lieu de diffusion des savoirs et de la
connaissance, de développement de la recherche, ainsi qu’un lieu d’émancipation intellectuelle et de promotion sociale.

En conséquence, nous nous engageons et appelons nos collègues de tous statuts à participer activement à la mobilisation, aux côtés des étudiants. Nous appelons également à la reprise d’assises de l’enseignement supérieur dans tous les établissements, afin d’associer étudiants et personnels à la réflexion sur les missions de l’université et ses nécessaires évolutions. La réforme de l’Université ne peut en effet s’envisager qu’après un large débat impliquant les communautés scientifiques, et au-delà l’ensemble de la société française.

Sauvons l’université et construisons ensemble un autre projet !
http://www.univenlutte.lautre.net/petitions/index.php?petition=5


Amiens - Nouvelles de l’université : les recours de l’UNI contre les blocages rejetés par le Tribunal Administratif, (1 déc.)

1- Le tribunal administratif d’Amiens a rejeté hier les cinq recours déposés par les étudiants du syndicat UNI qui protestaient contre le blocage de l’université. Pour rappel les cinq pôles de l’université (Staps, Lettres-SHS, Droit-Eco, Sciences-Maths-Info, Arts) sont toujours bloqués.

2- Le congrès des 3 conseils de l’université, réunis jeudi 29 pour débattre de la LRU, a adopté (31 pour, 5 contre, 11 nppv et 2 abstentions) une motion contre la loi LRU, le congrès exprime également ses inquiétudes sur "la redéfinition du mode de gouvernance de l’université, le mode de désignation du président et l’affaiblissement du rôle du CS et du CEVU par rapport à un CA réduit..." Le congrès exprime aussi son attachement aux "statuts d’établissement public de l’université et à ce que tout cela implique en termes de financement, de recrutement des personnels et des mission