Accueil > pourquoi nous soutenons les listes communistes autonomes

pourquoi nous soutenons les listes communistes autonomes

Publie le samedi 6 mars 2004 par Open-Publishing

Régionales

Pourquoi nous soutenons les listes autonomes du PCF et la liste de Marie-George Buffet et Claire Villiers en Ile de France

Dominique Cornet (adhérent PCF, président de l’Association populaire d’entraide)
Raymond Debord (responsable du site http://www.le-militant.org)
Benoit Guérard (militant de l’Association populaire d’entraide)

Après le désastre de la candidature Hue à la présidentielle et son nouveau recul aux législatives qui ont suivi, le PCF est profondément divisé sur la tactique électorale à suivre. Malgré une forte poussée de la gauche au congrès (plus de 40 % des voix) et une certaine "autocritique" de la part de la direction, les pressions électoralistes demeurent fortes. Elles s’expriment aujourd’hui par le choix fait de listes d’union avec le PS dès le premier tour dans 16 régions sur 22. Ce choix, qui permettra sans doute de "sauver" un nombre important d’élus régionaux, implique en contrepartie une satellisation définitive du Parti communiste par le PS et son cantonnement au rôle de petite force d’appoint comme le sont le Parti radical de gauche, le Mouvement républicain et citoyen et pour partie les Verts (bien que de fortes hésitations existent chez ceux-ci comme en témoigne le changement de majorité à leur dernier congrès). Du point de vue des couches ouvrières et populaires autrefois représentées par le PCF, du point de vue des luttes sociales dont les élus communistes étaient les relais, du point de vue de l’existence d’une perspective de changement, cette reconduction pure et simple de la "gauche plurielle" avec un Parti socialiste incapable de tirer le moindre bilan de sa politique anti-sociale sous Jospin est une impasse totale.

Dans ce contexte, le vote LO-LCR peut être tentant. Pourtant, ce bloc s’enferme dans une posture à la fois opportuniste et sectaire. Elle est opportuniste parce que basée sur des considérants principalement électoralistes, l’objectif étant de toute évidence de réussir à renouveler le score du 5 avril dernier et de passer la barre des 10 % permettant de se maintenir au second tour. Elle est sectaire dans la mesure où ces deux forces n’ouvrent aucune perspective de fusion qui permettrait aux travailleurs de s’engager dans un parti plus crédible que chacun des groupes pris isolément. Elle est également sectaire parce que LO-LCR ne développent aucune autre politique vis à vis du reste de la gauche que l’ultimatum lancé à leurs électeurs de se rallier aux "révolutionnaires". Aucune démarche n’a été effectuée pour proposer un accord au PCF et rien n’est entrepris en direction des éléments de gauche du PS voire des Verts.

Une nouvelle fois, LO-LCR font des rodomontades et annoncent qu’ils ne voteront en aucun cas pour la gauche, sauf si le FN menace. (Il est vrai que contre le FN la LCR et le PCF avaient même voté… Chirac !). Ce faisant, ils répondent par une gesticulation sectaire au problème que les « révolutionnaires » sont encore largement minoritaires, y compris dans les couches qu’ils prétendent représenter politiquement. N’avoir que l’ultimatum de voter pour eux à proposer à l’écrasante majorité du salariat illustre bien le repli sectaire de petites forces qui ne se sentent pas prêtes à partir à la conquête de la majorité de la population. Sinon elles auraient une stratégie, une tactique et des propositions à formuler aux autres forces de gauche, y compris au Parti socialiste.

A l’inverse, le PCF se cramponne à une politique de désistement inconditionnel qui risque de maintenir son indentification avec le PS et surtout va l’empêcher de peser sur les contradictions qui s’y expriment. Battre la droite c’est bien, mais il faut aussi battre la politique de droite, quel que soit celui qui la mène. Alors oui, il faudrait faire monter les enchères avec Hollande, Fabius et tous ceux qui se refusent à la moindre auto-critique après le désastre des années Jospin. Mais il faut savoir aussi tendre la main aux partisans de Montebourg, Peillon, Emmanuelli, Mélanchon… En Ile de France, la liste du PCF s’est ouverte à la gauche des chevènementistes (qui a rompu après la présidentielle). Il faut aller dans ce sens, y compris avec certains Verts partisans de l’autonomie.

Dans huit régions, le PCF se présentera indépendamment du Parti socialiste. C’est bien sûr le minimum qu’on puisse attendre de lui alors qu’il prétend vouloir tirer le bilan de l’expérience désastreuse de la « gauche plurielle » et refuser de la renouveler. Cette démarche doit naturellement être soutenue et l’intérêt bien compris des salariés est que les listes communistes autonomes réalisent le meilleur score possible. Le monde du travail a besoin d’une représentation électorale et malgré la crise profonde dans laquelle il est plongé, le PCF est le seul parti disposant d’une assise solide dans la société (mais aussi à être vécu comme "le parti de la classe ouvrière" dans l’inconscient collectif) à pouvoir prétendre la fournir. Celà ne signifie pas que le PCF, parti à l’électorat viellissant et coupé des secteurs clefs de la population (la jeunesse d’ascendance immigrée) comme des "nouveaux" mouvements sociaux doive se contenter de gérer sa (petite) rente de situation. Au train où vont les choses, entre restructurations industrielles et "érosion naturelle" il ne resterait plus rien de ce que fût le communisme français d’ici cinq ou dix ans. Il est donc légitime et juste de s’ouvrir justement à ceux qui veulent lutter mais ne se reconnaissent pas dans un parti qu’ils ont toujours connu affaibli. Les listes communistes autonomes comprennent souvent des militants politiques ou associatifs "non communistes" et c’est tant mieux. De ce point de vue l’expérience de la région parisienne avec la liste "Gauche Populaire et citoyenne" conduite par Marie-George Buffet et Claire Villiers (du mouvement de chômeurs AC !) est tout à fait passionnante. Le seul regret qu’on aura est que cette volonté unitaire n’ait pas été jusqu’à proposer l’union à LO-LCR qui ont aussi une assise électorale, même si elle est plus fluctuante.

La liste "Gauche Populaire et citoyenne" cherche maladroitement à se démarquer de celle de LO-LCR en prenant une posture gestionnaire, ce qui est évidemment un mauvais choix. Pour autant, comment ne pas remarquer l’incapacité des forces se voulant révolutionnaires à formuler des propositions immédiates et concrètes en faveur des habitants d’Ile de France ? Même s’il est incontestable que les élections régionales auront une dimension nationale et que nombre d’électeurs voudront s’en saisir pour sanctionner Raffarin, peut-on faire l’impasse sur toute programme pour la région ?

Depuis longtemps, nous préconisons de rassembler, y compris sur le terrain électoral, la gauche populaire et sociale. Aujourd’hui, cette option passe nécessairement par le vote pour les listes communistes autonomes et par celui pour la liste Buffet-Villiers en Ile de France. C’est la voie de la défense des acquis - et l’existence d’un parti communiste en est un, quelques soient ses tares -, mais aussi, de manière balbutiante, celle du renouveau. Sans illusions mais sans hésitations nous choisissons de l’emprunter et invitons ceux qui souhaitent ancrer la lutte sociale dans le réel à faire de même. Ailleurs, dans 16 régions, une fraction de l’électorat voudra sanctionner la droite sans amnistier la "gauche plurielle" et choisira le vote LO-LCR. Comment ne pas la comprendre ?