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qui sont les sondeurs (trouvé sur le web)

Publie le jeudi 27 décembre 2007 par Open-Publishing
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Qui sont les sondeurs ?

1. Les instituts de sondage

En France, les sondages politiques constituent une vitrine de luxe pour les grands instituts. Parmi leurs diverses activités, ils contribuent le plus à leur notoriété tout en représentant une faible part de chiffre d’affaire. Ces instituts se consacrent en effet d’abord aux études marketing et commerciales. Ainsi, le groupe Taylor Nelson Sofres, côté à la Bourse de Londres et présent dans quinze pays, est spécialisé dans les tests auprès de consommateurs (en particulier dans l’industrie automobile, la santé et les télécoms) et dans la mesure de l’audience télévisuelle.

Chiffre d’affaire total des six principaux instituts de sondages en France (en M€ : millions d’euros) et part des sondages politiques (%).

A côté de ces grands groupes existent une grande quantité de petites entreprises de moins de six salariés (un peu moins d’un millier en France), souvent éphémères, qui sous-traitent leurs services auprès des grands groupes (dont leurs employés sont souvent issus) ou s’orientent souvent vers le marketing ou le conseil. La croissance dans ce secteur, explosive depuis trois décennies (le chiffre d’affaire total passe de 70 MF en 1970, à 548 MF en 1984, chiffre réalisé en 1994 par les trois plus grands groupes) a semblé se stabiliser et même reculer au milieu des années 90 (baisse annuelle de 1 % du chiffre d’affaire total). Le développement apparent ne serait plus dû qu’à la prolifération de petits instituts par scissions successives.

A l’exception de l’IPSOS et du CSA, qui sont majoritairement la propriété de leurs fondateurs, les grands instituts appartiennent à des groupes financiers et industriel. Ainsi le groupe SOFRES, qui possède Louis-Harris France, est détenu à 51 % par FIMALAC (Financière Marc Ladreit de Lacharrière), BVA par Pébereau, et l’IFOP appartient à 52 % à Laurence Parisot (Parisot est le 2ème constructeur mondial de meubles). Une interaction problématique apparaît donc entre les instituts et les médias que possèdent aussi ces groupes financiers, susceptibles d’orienter le débat autour de leurs intérêts. Hormis les scrutins, aucun élément extérieur à ces groupes ne vient perturber la scène des échanges publics fondés souvent sur l’analyse de sondages, donnée brute « scientifique » dont s’alimentent nombre d’analystes, d’éditorialistes, et de reporters.

En France, les instituts ne sont pas officiellement affiliés à un parti ou à un candidat, comme c’est le cas aux Etats-Unis : la directrice de l’IFOP souligne qu’en politique et contrairement au marketing, « nous ne signons pas de clause de non-concurrence »[1]. Cela n’en présente pas moins un danger pour l’exercice de la démocratie, comme on a pu le voir en Russie ou en Italie. En Russie, le mouvement Russie démocratique a créé son propre centre de recherches sociologiques, « Rossika » ; le parti Républicain a créé le centre « Ecoute » ; et plusieurs journaux édité par des contres de sociologie ont adopté des positions partisanes. Le faussage du jeu démocratique s’est également manifesté de façon flagrante en Italie lors de la campagne législative de 1994. Durant toute la campagne, l’institut Diakron, appartenant à la holding Finninvest - propriété de Silvio Berlusconi - a crédité Forza Italia de 10 % de voix de plus que le score du parti après le passage aux urnes. Si ce gonflement du score semble avoir attiré quelques voix (10% des électeurs de Forza Italia… selon un sondage), il a surtout permis à Berlusconi de se présenter à l’avance en vainqueur et de traiter avec ses alliés en position de force[2]. Pendant son passage au gouvernement, Berlusconi commanda un sondage par jour à Diakron, le présentant comme un observatoire de la vie civile, et confirmant donc son lien étroit avec cet institut[3].