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"rafles mondaines franco-ethniques" chez Eric Besson

Publie le jeudi 12 novembre 2009 par Open-Publishing
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Source : http://passouline.blog.lemonde.fr/

Foin de notre devoir de réserve !

Franchement, j’avais l’intention de faire l’impasse sur cette lamentable polémique lancée par Eric Raoult, député UMP et maire du Raincy. Je n’imaginais pas qu’une idée aussi grotesque puisse faire boule de neige : réclamer d’un écrivain, fût-il lauréat du prix Goncourt, qu’il s’en tienne à un “devoir de réserve” qui l’empêcherait, comme la romancière Marie NDiaye l’a fait dans une interview, de juger la France de Sarkozy ”monstrueuse” et les ministres Hortefeux et Besson itou :“Pour moi, ces gens-là, ils représentent une forme de mort, d’abêtissement de la réflexion, un refus d’une différence possible”. Un devoir de réserve ! A un artiste ! Comme s’il s’agissait d’un fonctionnaire de l’Etat ! On croit rêver. D’autant que le député a publiquement demandé au ministre de la Culture de se prononcer, ce dont M. Mitterrand se garde bien. Bref, je comptais oublier les mauvaises manières de l’épais crétin de Seine-Saint-Denis lorsque j’ai reçu, pas plus tard qu’hier, un courriel personnel plein de bonnes manières celui-là, de la part d’Eric Besson, justement. Foin de mon devoir de réserve vis à vis d’une missive d’ordre privé, voici l’invitation que me faisait tenir sa conseillère :

“(…) Au nom d’Éric BESSON, ministre de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Développement solidaire, nous vous invitons à réserver votre soirée du 16 décembre 2009 pour un « Dîner Citoyen » réunissant les femmes et les hommes nourris de la relation unique entre la France et le Maroc. Français d’origine marocaine, Marocains de France ou, comme Éric BESSON, Français nés au Maroc, ce dîner rassemblera des personnalités de tous horizons et de tous bords politiques, issues du milieu artistique, sportif, politique, associatif, économique ou académique. Vous êtes l’un des éminents représentants de cette communauté franco-marocaine et nous espérons donc avoir le plaisir de vous retrouver le 16 décembre (…)

Déjà que l’expression “dîner citoyen” est de celles qui me coupent l’appétit en attendant pire, j’étais prêt ce soir-là à me réfugier plutôt auprès des clodos du Macdo. Dans un premier temps, je me suis frotté les yeux. C’est vrai, je demeure très attaché au Maroc où je suis né, où j’ai grandi, jusqu’à mon adolescence, et à son peuple. Mais qu’en sait-il, le ministre ? Je suis français et républicain. Le reste ne regarde que moi. Qu’est-ce qui lui permet de m’enrôler dans une improbable “communauté franco-marocaine” dont j’apprends l’existence ? Si ce n’est du communautarisme light, qu’est-ce donc ? Et si détestais le Maroc, au point de renier toute attache autre qu’administrative, au nom de quoi se permettrait-il de m’y rattacher d’office ? J’ignore même quel ministre au juste m’invite à être le probable commensal d’Elisabeth Guigou, Dominique de Villepin, Jean Reno, Gad Elmaleh, Arthur, Guy Forget, Jean-Charles de Castelbajac et quelques autres : le ministre de l’Immigration ? celui de l’Intégration ? ou celui de l’identité nationale ? à moins qu’il ne s’agisse de celui du développement solidaire, ce qui me permettrait au moins d’apprendre ce que cela recouvre.

Vous imaginez la conversation à table avec mes “compatriotes” : ah le protectorat, c’était le bon temps ! et quelques verres plus tard, on s’interrogerait sur notre marocanité refoulée… Eric Besson est natif de Marrakech mais il a fait ses études chez les jésuites agriculteurs près de Rabat comme personne, puis au lycée Lyautey de Casablanca comme tout le monde. Mais à quoi cela rime, en plein faux-débat sur l’identité nationale instaurée en lieu et place du défunt roman national, de nous réunir sous l’égide du ministre entre anciens de là-bas ? Un dîner franco-tunisien avait inauguré la série au printemps. Pour les franco-sénégalais, c’était en septembre. Ironie de l’histoire : l’historien Pap NDiaye, frère de la romancière, qui y était convié, n’y avait pas donné suite (quelle famille !). Pour les Algériens, on doit déjà afficher complet mais ils ne couperont certainement pas à un excitant discours de Jean Daniel sur “Camus et moi”. Et après, ceux d’Indochine regroupés entre natifs ? A quoi riment ces rafles mondaines franco-ethniques ? Au fait, comme l’invitation était polie, j’ai répondu de même. En la déclinant pour cause de voyage à l’étranger. Ce qui est vrai. Si j’avais été dans-mon-pays-la-France à ce moment-là, qui sait, j’aurais peut-être accepté. Au cas où j’y aurais retrouvé mon identité. Juste pour vous raconter la soirée par le menu. Au mépris de tout devoir de réserve.

Via Paz, pour info.

Messages

  • « Le mur invisible érigé entre Anjouan et Mayotte tombera autant qu’est tombé le mur de Berlin »
    Une cérémonie sobre mais significative. C’est ainsi qu’on peut qualifier la célébration de la journée maore, ce jeudi à Moroni, où les administrations étaient fermées pour cette occasion.
    C’est qu’en fait, depuis trois ans, le 12 Novembre est férié dans l’archipel. Cette journée est dédiée à la revendication de Mayotte, cette île de l’archipel des Comores qui est resté sous administration française depuis 1975. « Le 12 novembre 2009 se trouve à la croisée des chemins », ont estimé les membres du comité maoré, une structure de la société civile comorienne qui milite pour la réintégration de Mayotte dans l’ensemble comorien, dans un communiqué publié à Moroni depuis le 3 novembre.
    C’est presque cette même déclaration qui sera lue par Idriss Mohamed, ce jeudi, lors de son discours au palais du peuple où s’était réunis plus de 300 personnes pour cette célébration. « Au delà des apparences qui ferait croire à un blocage, voire à une intégration définitive de Mayotte dans la France, une solution de la question de l’île comorienne de Mayotte s’esquisse dans une lame de fond qui devient de plus en plus perceptible pour les plus avertis », indique le comité Maoré dans sa déclaration.
    « Il est temps de mettre un terme aux drames presque quotidiens qui se déroulent, devant nos yeux, dans le bras de mer qui sépare Anjouan de sa soeur Mayotte », a déclaré Idi Nadhoim, le vice président comorien en charge de l’agriculture, de l’élevage, de la pêche et de l’artisanat, assurant l’intérim du président Sambi qui se trouve à l’étranger, lors de son discours.
    Faisant le parallèle entre la chute du mur de Berlin dont on commémore cette année le 20 ème anniversaire et le visa Balladur, ce « mur invisible érigé entre Anjouan et Mayotte », cette haute autorité comorienne a estimé que celui-ci « tombera autant qu’est tombé le mur de Berlin ». Il a d’ailleurs repris un passage du discours du président Sarkozy à l’occasion des cérémonies commémoratives dont voici la teneur : « La chute du mur de Berlin sonne aujourd’hui comme un appel, un appel à nous tous à combattre les oppressions, à abattre les murs qui, à travers le monde divisent encore des villes, des territoires, des peuples ». Des propos qui ont été vivement applaudi par l’assistance.
    « Le peuple de l’Union des Comores espère que cet appel résonnera de tous son poids sur tous les dirigeants du monde et que son écho transpercera tous les murs de l’oppression », a mentionné le vice président Idi. « Nous osons croire que le mur invisible érigé entre Anjouan et Mayotte, sous lequel reposent les restes de dizaines de milliers d’innocents et qui forme aujourd’hui le plus grand cimetière marin au monde, tombera autant qu’est tombé le mur de Berlin », a-t-il encore lancé. La célébration de la journée Maore, cette année, intervient après l’échec des négociations engagées au sein du Gthn, le référendum sur la départementalisation de Mayotte et la proposition du président Sambi du système « Un pays, deux administrations ». Lancée lors d’un récent discours prononcé par le chef de l’Etat comorien à la tribune des Nation unies, cette offre se veut être un début de solution à cette épineuse question qui obère les relations entre les Comores et son ancienne puissance colonisatrice, la France.
    Par cette annonce, le président Sambi propose à la France de reconnaître la souveraineté entière de l’Union des Comores sur l’ensemble de son territoire tout en continuant à administrer Mayotte. Cette proposition "traduit une haute perception des rapports de force, des concessions inévitables et une solution progressive qui permettra une véritable réconciliation nationale des îles comoriennes et une page nouvelle dans les relations amicales entre les Comores et la France", estime le comité Maore, dans un communiqué. Cette organisation propose, d’ailleurs, un débat national sur le sujet.La cérémonie qui s’est déroulée hier jeudi au palais du peuple de Moroni a été marquée par un hommage rendu au patriote maorais Kamar Eddine Ahamada, un militant de l’unité nationale décédé en France le 29 octobre 2009. Cet homme part "sans la reconnaissance des représentants officiels de la partie pour laquelle il s’est tant sacrifié", ont déploré ses amis du front démocratique.
    Faissoili Abdou
    Source : http://wongo.skyrock.com/