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Tours : 4 familles sans papiers, expulsées d’un hôtel, organisent une conférence de presse

Publie le mercredi 9 juin 2010 par Open-Publishing

CONFERENCE DE PRESSE
ORGANISEE PAR LES 4 FAMILLES EXPULSEES LE 1ER JUIN DE L’HOTEL COMTE

SILENCE ON EXPULSE !
L’impensable est arrivé ! Les familles hébergées par l’Entr’Aide Ouvrière à l’hôtel Comté ont été mises sur le trottoir le mardi 1er juin vers 21 h, sous une pluie battante. Ce sont des hommes, des femmes et 4 enfants âgés de 1 à 17 ans. Ils n’ont plus rien que leur misère, leur peine, leur angoisse !
Depuis plusieurs jours, la gérante de l’hôtel agitait le bâton de la peur à l’encontre des trois familles restantes dans cet hébergement. L’une d’elles a quitté les lieux dans la nuit de dimanche, tellement l’angoisse était forte. Elles ont toutes reçu de la part de la préfecture d’Indre-et-Loire des Obligations à Quitter le Territoire Français (OQTF) ; autrement dit, les pandores peuvent les arrêter, les placer en rétention et les expulser vers les contrées qu’elles ont fuies. Nous condamnons l’attitude de cette gérante. Elle a utilisé la peur du gendarme pour que les familles partent.

Mais comment cette ignominie a-telle pu se commettre ? Le Directeur général de l’EAO, dans un courrier daté du 1er avril, informait les familles des dispositions prises à leur encontre par les responsables de l’association. « Vous venez de recevoir un courrier vous informant de la fin de prise en charge de votre hébergement et vous demandant de libérer les lieux pour le 1er avril 2010.
« De ce fait, notre association ne dispose plus de crédits pour financer la poursuite de votre hébergement. Afin de vous permettre de chercher des solutions alternatives, nous vous accordons un délai jusqu’au 7 avril 2010, pour libérer votre hébergement.
« Passé ce délai, l’association pourrait être amenée à engager une procédure judiciaire à votre encontre. »
Ainsi l’EAO laissait 6 jours à des familles sans ressources, totalement démunies, sans papiers, pour qu’elles trouvent un autre lieu d’hébergement, les moyens pour se nourrir et subvenir à leurs besoins, sinon elles risquaient d’être poursuivies judiciairement !
Le 9 avril, nouveau courrier de l’EAO, toujours signé par le Directeur général. Cette fois les familles sont informées qu’elles devront se rendre à « ... un rendez vous avec l’Office Français de l’Immigration et de l’Intégration (OFII)... afin de vous présenter les mesures d’aide au retour dans votre pays d’origine qui peuvent vous être proposées. » Les familles ont refusé cette proposition. On vient donc de franchir une nouvelle étape : l’EAO collabore avec la préfecture, et plus globalement avec le gouvernement, pour que des personnes d’origine étrangère retournent dans leur pays. Le Ministre de l’immigration et de l’identité nationale pourrait remercier l’EAO pour cette collaboration à sa politique en partie fondée sur la fallacieuse « aide au retour » !
Enfin, le 28 avril, l’EAO informait les familles, qu’elle venait « de résilier la Convention la liant avec l’hôtel LE COMTE ... » De la sorte, l’EAO se déchargeait totalement du problème et laissait à la gérante de cet hôtel le soin d’expulser elle-même les familles. Conduite irresponsable et révoltante de la part d’une association qui clame « TOUS ENSEMBLE CONTRE L’EXCLUSION ».

Certes, l’EAO connaît de graves problèmes budgétaires en raison de la politique de casse du social décidée par l’Etat, et que la préfecture et les administrations concernées, comme la Direction Départementale de la Cohésion Sociale, sont chargées de mettre en œuvre dans le département.
Il n’en reste pas moins vrai que ce n’est pas en collaborant avec la politique xénophobe, du chiffre et de casse du social du gouvernement, en essayant d’expulser en silence des familles, en se déchargeant de ses responsabilités, que l’EAO pourra conserver sa crédibilité dans la lutte qu’elle est censée mener contre l’exclusion. Cette association a une mission de service public. Est-ce en jetant des gens à la rue qu’elle la remplit ? Parmi les personnes composant ces familles, certaines sont gravement malades. Que les responsables de l’EAO se rassurent, elles ne pourront pas porter plainte pour non assistance à personne en danger : elles n’ont aucun droit du fait qu’elles ont reçu des OQTF...

Mesdames et Messieurs les administrateurs de l’EAO, nous n’accepterons jamais que vous jetiez dans la gueule de la machine à expulser des être humains ! Nous n’accepterons jamais, Mesdames Messieurs, que votre lutte contre l’exclusion passe par la mise à la rue d’êtres humains. Nous n’accepterons jamais, Mesdames Messieurs, que les plus démunis soient l’enjeu de rapports de forces aggravant leur dénuement !
Nous serons toujours aux côtés de toutes les personnes victimes d’exclusion. Nous lutterons toujours contre, d’une part, ceux qui orchestrent cette politique inhumaine, et, d’autre part, ceux qui acceptent de s’en faire l’instrument.

L’INSEE a recensé 5000 logements vides à Tours. Le maire estime qu’il y en a 2000. La législation prévoit qu’ils peuvent être réquisitionnés lorsque des personnes ne trouvent pas à se loger. Tant d’un point de vue matériel que légal, il n’y a donc aucune raison pour que des gens n’aient pas de toit (logement ou hébergement). La ’’crise’’ du logement que nous connaissons ne relève que de choix politiques engendrant des choix de société fondés sur le développement des inégalités sociales et la xénophobie. Défendre l’égalité des droits pour tous, quel que soit le statut administratif des personnes, est une des conditions fondamentales pour faire reculer la misère et lutter concrètement contre l’exclusion.

Nous appelons tous ceux et toutes celles que cette situation révolte à faire part de leur indignation face aux décisions de l’Entr’Aide Ouvrière en écrivant au siège de cette association, 62 rue G. Sand 37000 Tours, ou en téléphonant au 02 47 31 87 00.
SOIF D’UTOPIES
soidutopies@yahoo.fr 06 31 56 17 56
DAL 37
dal37tours@gmail.com 06 83 00 88 76

CONFERENCE DE PRESSE VENDREDI 11 JUIN A 11 H EN PRESENCE
DES 4 FAMILLES EXPULSEES DE L’HOTEL COMTE
dans les locaux DU CENTRE SOCIAL SAMIRA place du Commandant Tulasme à Tours
Cette conférence est soutenue par SOIF D’UTOPIES et LE DAL 37